En une fraction de seconde, le monde s’est effondré sur la famille du bébé Mouhamadou Rassoul Koné, mais aussi de Khadidia Diaw et Fatoumata Diary Diallo. Sans permis de conduire, Khadidia Diaw a percuté Mouhamadou Rassoul Koné, un bébé de 23 mois, qui est mort sur le coup. La scène était des plus horribles. Ainsi, pour remise de clés à une personne non-détentrice de permis de conduire et homicide involontaire, Khadidia Diaw et la propriétaire de la voiture Fatoumata Diary Diallo ont comparu devant le juge des flagrants délits. La famille de Mouhamadou Rassoul Koné réclame la rondelette somme de 100 millions de nos francs. Délibéré lundi prochain.
Pauvre gamin de 23 mois, Mouhamed Rassoul Koné. Celui-ci, le jour où son père Idrissa Koné le conduisait au domicile de ses grands-parents aux Maristes, ignorait qu’il avait rendez-vous avec la grande faucheuse. Ce bébé en compagnie d’autres enfants se trouvait devant la porte de ladite demeure en train de jouer. C’est là qu’il a été mortellement heurté par un véhicule à bord duquel se trouvaient les deux étudiantes de Bem, Khadidia Diaw et Fatoumata Diary Diallo. Sur genèse de cette affaire dramatique, Khadidia Diaw devait rendre le jour des faits une visite à une amie, Fatoumata Diary lui a suggéré de prendre son véhicule pour s’y rendre. Et comme elle faisait des cours de conduite, elle a demandé à Diary de la laisser manœuvrer. Celle-ci ayant accepté, Khadidia s’y est mise et, malheureusement, c’est au cours de cette séance qu’elle a perdu le contrôle du véhicule alors que Diary était debout à ses côtés en lui expliquant les manœuvres à faire. Et le drame est survenu.
Fatoumata Diary Diallo ne savait pas qu’il était interdit de laisser la conduite d’un véhicule à une personne non titulaire d’un permis
Ces prévenues inculpées pour remise de clés à une personne non-détentrice de permis de conduire, homicide involontaire et défaut de maîtrise, ont comparu hier devant le juge des flagrants délits de Dakar. Khadidia Diaw, 20 ans, est revenue sur les faits et reconnu qu’elle n’a pas de permis de conduire. Quant à son acolyte de 23 ans, Fatoumata Diary Diallo, elle a expliqué à l’audience que lorsque son amie Khadidia démarrait le véhicule, le gamin était devant la porte de sa maison. Elle a révélé au juge qu’elle ne savait pas qu’il était interdit de laisser la conduite d’un véhicule à une personne non titulaire d’un permis.
Un témoin : «l’enfant qui était coincé entre le véhicule et le poteau électrique»
Présent à l’audience, le père du bébé de 23 mois Mouhamadou Rassoul Koné est revenu sur les faits en indiquant que les enfants étaient au niveau du portail de la maison où le drame a eu lieu, même s’il a précisé n’avoir pas été témoin oculaire des faits. Par ailleurs, un des voisins de la victime, qui a été entendu en qualité de témoin à la barre, a fait des révélations qui ne sont pas en faveur des inculpées. «Je n’ai pas été témoin du choc. Mais je suis venu sur les lieux après avoir entendu un bruit assourdissant. Sur place, je n’ai pas vu les prévenues. Plus tard, quand je les ai vues, elles étaient en train de pleurer. Pire, elles s’accusaient mutuellement concernant l’accident qui a été perpétré. Après avoir poussé la voiture, on a sorti l’enfant qui était coincé entre le véhicule et le poteau électrique. C’est là qu’on l’a recouvert avec un morceau de tissu avant que les sapeurs-pompiers n’arrivent», a laissé entendre l’individu.
Me Adama Ndiaye , avocat de la famille Koné : «le choc a été tellement violent que le sang a giflé et les habits de ses sœurs étaient tachetés»
Avocat de la partie civile, Me Adama Ndiaye qui a plaidé dans l’émotion a enfoncé ces prévenues qui, de visu, étaient sous le choc. «M. Koné avait conduit ses enfants dans la maison de ses parents aux Maristes. Les prévenues n’ont trouvé rien de mieux que de jouer avec leur voiture et elles ont fini par causer cet accident. Après le drame, elles s’accusaient mutuellement. Khadidia n’avait pas le droit de conduire cette voiture puisqu’elle ne peut pas vous dire à la barre que la voiture était oui ou non automatique. La voiture a été garée à une distance de 100 mètres, elle ne pouvait pas manœuvrer. Et c’est parce qu’elle n’avait pas l’aptitude à le faire», a plaidé la robe noire qui poursuit sur la violence de l’accident : «l’enfant a été coincé au mur et le choc a été tellement violent que le sang a giflé et les habits de ses sœurs étaient tachetés. Sa sœur et les autres enfants sont en suivi psychologique, à cause de cette scène violente à laquelle ils ont assisté. Les parents des prévenues ont dit qu’ils ne s’agissait que d’un enfant. C’est un traumatisme qu’on ne peut pas réparer», s’est indigné le conseil qui a réclamé la somme de 100 millions F Cfa pour la partie civile.
La partie civile réclame 100 millions
La parquetière Adji Fatou Diouf n’a requis que l’application de la loi pénale contre les jeunes étudiantes. Avocats des prévenues, Me Amadou Sall et Cie ont sollicité la clémence du tribunal à leur endroit. Me Amadou Sall, qui a plaidé coupable pour tous les délits, a aussi indiqué que ses clientes ont subi un traumatisme émotionnel. Et sur le dédommagement demandé par la partie civile, il ajoute : «le choc est grave. En lisant le certificat de genre de mort, j’ai été ému. Et concernant les intérêts civils, nous allons voir le barème d’indemnisation et si on l’applique, elle ne peut pas dépasser 200.000 F Cfa», a fait observer Me Sall dont les clientes seront fixées sur leur sort le 30 novembre prochain.
Fatou D. DIONELES ECHOS