Au cour de sa cérémonie d’installation comme nouveau president du ( Conseil économique social et environnemental) CESE,ldrissa Seck a tenu faire taire le débat et répondre aux nombreuses critiques engendrée par sa nouvelle alliance avec le president Macky Sall. C’est donc un Idrissa Seck d’attaque qui a fait face à la presse dans nouveaux habits de president du CESE. Voici son discours in extenso :
Allocution de
Monsieur Idrissa SECK,
(Président du Conseil économique, social et environnemental (CESE))
Madame la Présidente honoraire du Conseil économique, social et environnemental,
Monsieur le Ministre Chargé des Relations avec les Institutions,
Messieurs les Ministres,
Monsieur le Premier vice-président de l’Assemblée nationale, représentant de Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Monsieur le Représentant de Madame la Présidente du Haut Conseil des Collectivités territoriales,
Monsieur le Représentant de Madame la Présidente de la Commission nationale du Dialogue des Territoires,
Monsieur le Premier vice-président du Conseil économique, social et environnemental,
Honorables Députés,
Mesdames, Messieurs les Membres du Conseil économique, social et environnemental,
Honorables élus nationaux et territoriaux,
Chers invités,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout d’abord rendre grâce à Dieu.
Ensuite, exprimer mes remerciements à Monsieur le Président de la République, Son Excellence, Monsieur Macky Sall, pour la confiance qu’il a placée en moi à cette station de proximité et de loyauté.
Je voudrais vous remercier, vous les membres du Bureau du CESE, vice-présidents, secrétaires élus, présidents de commission, ainsi que vous, très chers conseillers, mandatés ici, par vos organisations socio-professionnelles d’origine ou par la confiance de Monsieur le Président de la République.
Je voudrais associer à ces remerciements l’ensemble du personnel du CESE, sans le dévouement et la vertu desquels nous ne pourrions atteindre les objectifs, à nous fixés par Monsieur le Président de la République, ni les résultats de nous attendus par le Peuple sénégalais.
Je voudrais également rendre un hommage appuyé à toutes les femmes et à tous les hommes valeureux qui m’ont précédé dans cette mission, à la tête de cette Institution, de feu Maître Léon Boissier Palun à Madame Aminata Touré, en passant par feu Maitre Doudou THIAM, feu Magatte Lô, feu Docteur Amadou Karim Gaye, feu Mamba Guirassy, Monsieur Famara Ibrahima Sagna à qui on doit cet édifice remarquable qui est notre siège, feu Maître Mbaye-Jacques Diop, feu Ousmane Masseck Ndiaye et Madame Aminata Tall.
Nous avons une pensée pieuse pour ceux d’entre eux qui ont été rappelés à Dieu.
Je voudrais leur dire que c’est sur les fondations de leurs legs que j’entends continuer à mener, avec l’ensemble des conseillers et membres du personnel, ma mission.
Je voudrais, enfin, remercier l’ensemble de nos compatriotes qui ont émis des avis sur le choix que j’ai fait d’accepter de diriger le CESE.
Je suis attentif à toutes les opinions exprimées, de manière bienveillante ou pas, car j’y vois une source précieuse d’enseignements destinés à faire de moi une meilleure personne et un meilleur leader.
A nos compatriotes qui s’interrogent légitimement sur le fondement de ma décision, je leur réponds ceci : face à certaines circonstances historiques, il faut dépasser « l’attitude stérile du spectateur », celle de la résignation et de l’exigence sans cause.
Il faut AGIR, au bénéfice exclusif des populations. Peu importe le coût pour sa propre image ou même sa vie qui, « au regard du destin d’une Nation, demeure une insignifiance».
Il s’y ajoute, que la compétition électorale de 2019 est derrière nous. Le contentieux qui en est issu a été éteint par l’ouverture du Dialogue national et les résultats remarquables qu’il a produits.
S’agissant de mon intention antérieurement exprimée de ne plus accepter une nomination par décret, j’ai appris d’un Grand Soufi que «la nécessité crée l’exception, même en religion ». L’homme peut se prétendre maître de ses intentions et de ses actes, mais son destin relève de ce que les croyants appellent Volonté divine et que les non-croyants pourraient nommer contexte, circonstance ou situation.
Aujourd’hui comme hier, ma réflexion et mon action portent plus sur les solutions à apporter aux difficultés des citoyens que sur la polémique.
Ceux qui attendent encore à la gare 2019 doivent réaliser que le train est déjà au loin. Il s’élance déjà du quai 2020, en route pour 2050 et au-delà, s’il plaît à Dieu.
Au cours de la longue et enrichissante audience qu’il a bien voulu m’accorder, pour recueillir ses directives, orientations et attentes, j’ai pu retenir que le sort de la jeunesse, particulièrement celle qui se tourne désespérément vers l’émigration clandestine, est au cœur des préoccupations de Monsieur le Président de la République.
La lecture attentive du communiqué du Conseil des Ministres tenu hier en atteste à suffisance.
Je prie pour que l’aspiration légitime au bonheur, à la prospérité et à la réussite qui animent les espoirs et les rêves de notre vaillante jeunesse, nourrie de Jom, de Ngor et de Fit, puisse un jour très prochain, se réaliser pleinement en terres sénégalaise et africaine.
Je m’incline, à nouveau, devant la mémoire de nos enfants disparus à jamais en mer.
Chers Collègues,
Le Président de la République et l’ensemble de nos compatriotes attendent de nous que nous fassions du CESE une institution UTILE aux yeux de TOUS.
L’ordre du jour de tous les travaux du Conseil économique, social et environnemental, deuxième assemblée constitutionnelle et assemblée consultative auprès des pouvoirs publics, tire son origine des trois sources que sont la saisine par le Président de la République, le Gouvernement ou l’Assemblée nationale, l’Auto-saisine et la Saisine citoyenne, au moyen d’une pétition portant 5000 signatures.
Au service de notre mission d’examen, de réforme, de dialogue et de coopération en faveur de la politique économique, sociale et environnementale de la Nation, avec la participation de l’ensemble des forces vives de la Nation représentées dans notre Assemblée, il nous faudra faire davantage preuve d’humilité, d’ouverture et de disponibilité pour une écoute appropriée des préoccupations, demandes d’avis ou d’études de Son Excellence, Monsieur le Président de la République, de son Gouvernement, de l’Assemblée nationale et de TOUS les citoyens sans exclusive.
Écouter les Sénégalais – Entendre leur voix – Identifier leurs attentes – Les relayer, enfin à qui de droit en vue de leur satisfaction effective, car l’écoute est la porte d’accès à la connaissance qui révolutionne et éclaire les actions.
Rien de ce qui préoccupe nos compatriotes ne doit échapper à notre attention.
Une mère anéantie par le tragique naufrage de son enfant, son affliction sera entendue.
Un jeune au désespoir face à l’échec ou à la déperdition scolaire ou accablé par le chômage, son découragement sera entendu.
Un pêcheur inquiet, anxieux et perplexe au sujet d’accords internationaux de pêches qu’il considère comme une menace pour son travail et pour la pérennité de nos ressources halieutiques, son inquiétude sera entendue.
Une femme victime de violences impunies basées sur le genre, ses plaintes seront entendues.
Un enfant victime de maltraitance ou d’abandon, ses pleurs seront entendus.
Un citoyen, depuis Kédougou, exprime des complaintes, nous les entendrons.
Ce sera pour notre Assemblée consultative, la meilleure façon d’accompagner les choix du Président de la République, de son Gouvernement et de l’Assemblée nationale, dans la définition et la mise en œuvre de politiques publiques les meilleures possibles.
Chaque avis émis sera porteur d’une solution efficiente qui puisse valoir à l’Autorité la satisfaction des citoyens.
Mesdames, Messieurs, Chers invités,
A la suite d’une relecture approfondie des textes législatifs et réglementaires nous régissant, et après échanges avec des citoyens de toutes obédiences politiques, de toutes confessions et de toutes catégories socio-professionnelles, j’ai pu davantage appréhender l’étendue des attributions et missions du CESE, ainsi que les préoccupations et attentes légitimes des Sénégalais.
J’ai également eu à connaître les parcours académiques et professionnels des femmes et des hommes qui animent le CESE.
J’ai pu en tirer la certitude de trouver au sein de cette Institution les talents, l’expérience, l’expertise, les vertus ainsi que les qualités humaines propices à une bonne conduite de la mission assignée. Ils nous permettront de nous prononcer sur les problématiques les plus saillantes et les plus ardues, aux fins d’émettre des avis pertinents permettant d’y faire face efficacement.
Ainsi, pour montrer la richesse, la diversité, et la représentativité dans notre institution de toutes les forces vives de notre pays, je voudrais, a titre d’exemple dire ;
- quand Monsieur Baidy Agne parle, la voix des patrons d’entreprises est entendue.
- quand Messieurs Mody Guiro, Mademba Sock et Sidya Ndiaye parlent, celle des travailleurs l’est.
- quand Maître Moustapha Ndiaye parle, les notaires sont entendus.
- quand Monsieur Oumar Ba parle, les collectivités territoriales sont entendues.
A l’instar des autres membres du CESE, ils sont tous dépositaires de la confiance de leurs pairs et de celle de Monsieur le Président de la République.
Soyez assurés, mes chers Collègues, que j’entends en tirer pleinement avantage et vous remercier, par avance, de la disponibilité, du dévouement et de l’engagement que l’examen de vos parcours académiques et professionnels respectifs, m’autorise, à bien des égards, à en espérer.
De même, j’ai eu le grand plaisir de découvrir, parmi le personnel, l’existence de ressources humaines de qualité, capables d’apporter au Citoyen plus que ce qu’ils ne coûtent au contribuable.
Je veillerai, pour ma part et avec le soutien de tous, à ce que les conditions de travail du personnel comme celles des conseillers soient telles que vous finirez par préférer les lundis aux samedis.
En outre, l’ouverture du CESE aux meilleurs talents du secteur privé national, comme international, lui permettra d’affronter, avec plus de sérénité et d’efficacité, les sujets les plus complexes de notre temps.
Chers Conseillers,
Les premiers thèmes dont le Président de la République m’a entretenu sont : l’emploi des jeunes, l’émigration clandestine, les inondations récurrentes et l’érosion côtière induites par les changements climatiques, et la gestion de nos ressources naturelles, notamment celles pétrolières et gazières.
Nous devrons aussi nous intéresser aux formidables potentialités qu’offre la révolution numérique, compte tenu de la nécessité de bien préparer nos enfants et petits-enfants, au monde de demain qui sera dominé fortement par l’intelligence artificielle.
Il en est de même du désir de souveraineté que la Covid-19 a réinstallé au cœur de toute réflexion en matière de politique publique, partout dans le monde.
On débat plus fréquemment de souveraineté alimentaire, sanitaire et monétaire. Mais la première souveraineté dont il faut se préoccuper est la souveraineté intellectuelle. Tous les acheteurs n’en ont peut-être pas conscience, mais celui qui vous vend du savoir en conserve toujours la propriété, ce qui n’est pas le cas avec les biens tangibles.
Dans cette quête de souveraineté, nous devons, comme nous y invitait l’éminent égyptologue, notre compatriote le professeur Cheikh Anta Diop, accéder à la connaissance directe, par nos propres efforts de recherche, au lieu de nous contenter de consommer ce que d’autres nous disent de notre passé, de notre présent et plus grave encore, de notre avenir.
Nous avons parfois tendance à oublier, nous Africains, que l’Afrique est le berceau de l’humanité mais surtout, son avenir. C’est bien de se glorifier de son passé. C’est mieux de construire son Avenir.
Au demeurant, il nous revient de tout mettre en œuvre pour que florissants et nombreux soient les « merci » formulés par nos concitoyens à l’endroit de l’État et de sa plus Haute Autorité.
Mesdames, Messieurs les Conseillers,
Je suis d’emblée rassuré qu’ensemble, nous veillerons à assurer la tenue régulière des sessions ordinaires du CESE, conformément aux dispositions qui les régissent.
Toutes les urgences feront l’objet d’un traitement diligent, au travers des sessions extraordinaires du CESE.
Ensemble, nous nous attèlerons à travailler avec tous les autres segments de l’Etat et les institutions sœurs dont je voudrais saluer et remercier les représentants ici présents.
Dans la recherche de l’efficacité dans notre action, une attention particulière sera accordée au renforcement des partenariats et aux synergies qu’il convient de développer avec les institutions de recherche, les universités, le réseau des évaluateurs des politiques publiques, les entités du Système des Nations unies et avec toute autre organisation engagée, comme la nôtre, à accompagner la formulation et la mise en œuvre des politiques économiques, sociales et environnementales.
Parmi nos chantiers prioritaires, il nous faudra aussi œuvrer pour le rayonnement du CESE, aux plans ouest africain, continental et mondial. Cet objectif sera atteint par le renforcement et la revalorisation de ses contributions scientifiques, au niveau des cadres fédérateurs des institutions internationales sœurs, comme l’Union des Conseils économiques et sociaux d’Afrique (UCESA), l’Union des Conseils économiques sociaux et institutions similaires francophones (UCESIF) et l’Association internationale des Conseillers économiques sociaux et institutions similaires d’Afrique (AICESIS).
Mesdames, Messieurs,
Qu’il me soit permis d’adresser pleinement et entièrement toute ma gratitude à nos Khalifes généraux, à l’Archevêque de Dakar, aux Chefs religieux, traditionnels et coutumiers, pour leurs prières qui nous ont toujours accompagné.
Je me réjouis particulièrement de la présence parmi nous de Serigne Chouaibou Mbacké, fils du vénéré Khalife Général des Mourides, accompagné de Serigne Modou Rokhaya Mbacké et de Serigne Saliou Mbacké.
Je voudrais exprimer une gratitude empreinte d’émotion à l’endroit de mes cousins Mame Malick Sy et Abdourahmane Sy, fils de feu, le Vénéré Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Maktoum qui me vaut le surnom de « Mara », du fait de la volonté inébranlable de ma défunte maman à me prénommer « Marabout Cheikh », suite au choix de mon père de me déclarer, à l’état civil, Idrissa.
Je ne saurais terminer, sans exprimer mes sincères remerciements aux Ministres d’État, Ministres, Directeurs généraux, Directeurs, Chefs de service, aux parents, amis, alliés, à toutes celles et tous ceux qui ont bien voulu rehausser cette cérémonie de leur présence.
Pour conclure, je voudrais vous réaffirmer que, dans l’exécution de cette mission à moi confiée par le Chef de l’Etat, mes oreilles et mon cœur seront toujours ouverts à la vérité et aux idées novatrices et constructives pour le développement socio-économique de notre très Cher Sénégal.
Je vous remercie de votre très aimable attention.