Times24.info: Habib Faye, âgé de 50 ans, est un artiste musicien sénégalais qui joue presque de tous les instruments, traditionnels comme modernes. En 1984, alors âgé de 16 ans, il fait sa toute première tournée internationale sous l’autorisation parentale avec le leader du groupe Super Etoile de Dakar. Il a cheminé pendant plus de 35 ans avec le chanteur Youssou Ndour, celui que les Sénégalais surnomment le roi du Mbalax. Le directeur artistique né et grandit à Dakar à la Sicap rue 10X5 (appelé Djourom en wolof), dans sa maison mythique familiale, a coécrit presque 70 % du répertoire de Youssou Ndour. Il a aussi travaillé avec plusieurs musiciens de renommé internationale dont Angélique Kidjo. Le bassiste-chanteur a même écrit un opéra londonien et a été à plusieurs reprises directeur artistique de festivals internationaux. Le Béninois Lionel Loueke s’est même inspiré de l’artiste pour pratiquer la guitare. Depuis 2000, le célèbre bassiste sénégalais joue souvent en solo et a déjà sorti sur le marché musical «Tribut To Jacob Pastorius» et«H2O». Habib Faye travaille actuellement sur son projet de plateau d’échanges culturels nommé «Cola Nut Café». Entretien.
Times24 : Parlez-nous de vous ?
Habib Faye : Je suis musicien bassiste, compositeur et maintenant chanteur. Voilà, j’essaye depuis un certain temps de mener mon bonhomme de petit chemin. J’ai commencé une carrière internationale comme musicien, bassiste et chanteur.
Pourquoi vous dites que vous êtes en train de mener une petite carrière internationale ?
Non, pas une petite… mais je suis en train de vivre mon art, de montrer une autre facette d’Habib.
Pourquoi une telle précision ? Comme si vous êtes passé à côté de votre parcours ?
Oui, je suis passé par d’autres chemins, parce que je pense qu’avant qu’on essaye de faire une carrière personnelle, il faut aussi quand même passer par d’autres….
Avez-vous été déçu avec des gens avec qui vous avez eu à travailler ?
Non pas du tout. On a eu de très bonne collaboration. Je n’ai pas fait une carrière justement parce que j’ai eu des frustrations ou pas. Non, c’est juste que, je crois que j’ai une pierre à poser à l’édifice. Et selon moi, en tant que musicien, je dois contribuer à la musique, parce que j’ai pas mal d’idées là-dessus. En plus, j’ai toujours rêvé de faire mon truc personnel.
Quand vous parlez de «on», vous parlez de qui ?
Bon, les gens avec qui j’ai collaboré comme Youssou Ndour, Angélique Kidjo et d’autres.
Parlez-nous de votre collaboration avec Angélique Kidjo ?
J’ai été d’abord musicien de studio, après cela, elle m’a appelé pour une tournée au pied levé, enremplacement de son bassiste. Une semaine plus tard, je suis devenu le directeur musical de son groupe. Ainsi, on a été ensemble pendant deux ans et demi partout dans le monde.
Et votre «expérience» avec Youssou Ndour?
J’ai eu beaucoup d’expérience avec Youssou Ndour. J’ai eu à faire beaucoup de choses avec le (groupe) Super Etoile de Dakar. J’ai eu à proposer beaucoup de morceaux, que j’ai joués plus d’un quart de siècle. On eu une très bonne collaboration.
Pourquoi maintenant, pour faire une carrière en solo, alors qu’on remarque déjà vos cheveux gris ?
En fait, les gens se trompent un peu, parce que, je pense que j’ai eu à commencer cette carrière, il y a très longtemps. Je me suis toujours démarqué vers les années 2000. Alors, il y a plus de 10 ans que j’ai entamé une autre carrière. J’ai fait un album qui est sorti en 2003 (hommage à Pastorius). Après H2O s’en est suivi. Et là, on est en train de préparer d’autres albums.
Pouvez-vous nous parler de cette «nouvelle carrière» ?
Pour moi, dans une carrière d’artiste, il y a toujours des projets. Ceux qu’on amène et ceux qu’on essaye de mener à bon port. Parce que là, c’est vrai qu’il y a eu le projet H2O qui, est sorti il y a trois ans. Un disque où on retrouve beaucoup d’invités tels que Youssou Ndour, Angélique Kidjo, etc. C’était un autre concept. Là actuellement, on est sur un projet qui s’appelle «Cola Nut Café». En fait, c’est un plateau d’échanges culturels.
Est-ce un projet pour la jeune génération de musiciens ou c’est aussi ouvert aux grosses pointures ?
Non, parce que pour moi, une grosse pointure (musicale) n’existe pas. Donc, c’est des musiciens vraiment talentueux avec qui je travaille et qui ont aussi beaucoup d’expérience. D’autre part, je veux noter que cetteplate-forme d’échange culturel m’amène à valoriser encore, plus les instruments traditionnels tel que la kora, le xalam, etc. Alors, essayer de se faire une identité culturelle, c’est très important en tant que musicien.
Quel est votre constat sur la musique sénégalaise d’aujourd’hui ou de manière générale en Afrique ?
Je pense que la musique sénégalaise a perdue du terrain. Parce qu’il y a quelques années, elle était en retard par rapport à d’autres musiques. Maintenant, il y a de très grands problèmes, parce qu’il y a très peu de musiciens qui parviennent à se faire une place au soleil. Je parle absolument sur la scène internationale. On voit que les autres nationalités sont plus en vue que les Sénégalais. En fait, ça voudrait dire que les Sénégalais devront essayer de voir comment faire pour exporter cette musique. Je pense qu’il manque ce travail qui se faisait avant et se faisait vraiment bien. Maintenant, j’ai l’impression que les gens sortent des morceaux qu’ils n’ont pas travaillés. Là, c’est un peu difficile. Parce que, ça peut donner un succès éphémère. Donc, je pense que les gens gagneraient à travailler encore plus leurs répertoires.
N’avez-vous pas une part de responsabilités dans cette chute de la musique sénégalaise ?
Je ne peux pas situer les responsabilités, puisque c’est tout une chaîne en fait. Même si j’avais décidé de défendre cette musique, je ne peux que faire ce dont j’ai les moyens. Ce n’est pas seulement les musiciens, ni les animateurs, mais c’est toute une chaîne. Et, il y a beaucoup de maillons sur cette chaîne. Donc cette faiblesse, je ne peux pas la combler, parce que je ne suis pas animateur pour choisir le genre de musique qui va passer à la radio. Il faut qu’on essaye de revoir toute la chaîne pour pouvoir situer les problèmes.
Une création d’école de musique pour Habib Faye ?
Bien sûr. J’envisage un centre de formation de mise à niveau. Même si ça ne sera pas seulement à moi. J’ai beaucoup d’amis musiciens qui viennent souvent travailler avec moi, ce serait bien d’avoir un centre qui donnerait peut-être la possibilité aux jeunes musiciens de faire des modules de formation pendant deux semaines. D’ailleurs, je le fais des fois dans des universités européennes ou américaines. Ce serait bien que les Sénégalais reçoivent des cours, comme dans le domaine du jazz.
Depuis que vous avez quitté le Super Etoile, comment voyez-vous la musique du groupe ?
Ecoutez c’est bien hein, c’est vrai que je n’écoute pas beaucoup, mais il me semble que ça marche. C’est un répertoire qu’on connait bien, et qui est en train d’être interprété par d’autres. Mais, je trouve ça bien. Parce qu’ils sont en train de pérenniser ce que l’on a déjà fait, et cela fait plaisir.
Quelles sont vos relations avec le soliste Jimmy Mbaye ?
Jimmy, c’est mon ami. On s’appelle souvent. D’ailleurs, il y a pas longtemps on a partagé la scène ensemble au festival de Saint-Louis.
Peut-on s’attendre à voir encore Youssou Ndour et Habib Faye sur une même scène ?
Why not ? (Pourquoi pas ? Rires). Tout est possible dans la vie. Ne faut jamais dire jamais, «Yalla mo xam !»(Dieu seul sait). En tant que croyant, je ne décide de rien, seul le Bon Dieu est capable de dire ce qui se passera demain. Donc, «nous» en tant que musulman, je n’ose pas dire non.
En vous entendre parler, on a l’impression que vous avez actuellement des problèmes.
Non, non pas du tout. Je veux dire en fait que pour le moment, je ne pense pas retourner au groupe Super Etoile. Mais je n’ai aucun problème avec Youssou. L’un comme l’autre, on est pris par ce qu’on fait. Alors, ce n’est pas le moment des retrouvailles. Mais, il n’y a pas de problèmes du tout.
Coréalisée par Times24.info & Voicidakar.com
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