Les fidèles fréquentant le lieu de culte musulman d’Elne, situé au marché de gros, ont eu une bien mauvaise surprise ce jeudi matin. Lorsqu’ils se sont rendus à la salle pour effectuer la première prière de la journée, peu avant sept heures, ils ont découvert sur la façade de l’édifice un tag à caractère islamophobe (« Dehort islam »). Avec, en prime, une grossière faute d’orthographe.
Les vandales, qui ont vraisemblablement agi durant la nuit de mercredi à jeudi, ont également tenté de mettre le feu au lieu de culte. Des traces noires en bas de la porte attestent d’un début d’incendie. Les fidèles ont aussi retrouvé des traces d’essence et des restes de cocktails Molotov près de l’entrée.
Des inscriptions à caractère raciste (« France Blanche », « WP » pour White Power, croix celtiques), réalisées avec une bombe de peinture noire comme le tag de la salle de prière, ont par ailleurs été retrouvées ce matin sur un panneau, un local électrique et des véhicules stationnés dans les environs.
La gendarmerie a ouvert une enquête pour tenter d’identifier les auteurs de ces actes.
Le reportage de TV SUD
Au plan national : 34 menaces et actions antimusulmans depuis les attentats
Trente-quatre menaces et actions antimusulmans ont été enregistrées depuis les attentats jihadistes de Paris et Saint-Denis, a-t-on appris mardi auprès l’Observatoire national contre l’ islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM).
Depuis la soirée du 13 novembre, 34 menaces et actions antimusulmans ont été enregistrées sur la base des plaintes et mains courantes déposées auprès des services de police et de gendarmerie, a indiqué à l’AFP Abdallah Zekri, le président de l’Observatoire, qui faisait état jeudi dernier de 24 actes recensés. Selon lui, ces actes se ventilent en 14 actions (dégradations de mosquées, violences physiques…) et 20 menaces (lettres haineuses, insultes…).
Il y a parmi eux des actes « d’une gravité parfois extrême » avec « des passages à tabac, des femmes voilées qui ont été attaquées au cutter, une profanation de mosquée », a de son côté indiqué Anouar Kbibech, le président du CFCM, à l’issue d’une rencontre avec le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. M. Cazeneuve a en réponse dit son « absolue détermination à lutter contre tous les actes antimusulmans », car « la défense des valeurs de la République est de lutter contre toutes les formes de haine, d’où qu’elles viennent ». « Nous sommes heureusement loin de l’explosion des actes antimusulmans consécutive à l’attentat contre Charlie Hebdo », a affirmé M. Zekri. 147 actes avaient alors été comptabilisés en moins de quatre semaines. Par ailleurs, le responsable de l’Observatoire a souligné que huit lieux de culte avaient fait l’objet de perquisitions administratives dans le cadre de l’état d’urgence (notamment à Aubervilliers ou Brest). « Il y a eu quelques perquisitions musclées », a-t-il déploré. Interrogé sur les conditions de ces interventions, Bernard Cazeneuve a assuré qu’il ne tolèrerait « aucune perquisition qui ne se déroulerait pas dans le strict respect des règles du droit » qui doit « prévaloir en toutes circonstances ». « Si des manquements sont intervenus, des instructions seront données et des rappels à l’ordre auront lieu », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.