« Le Plan Sénégal émergent (PSE) est complètement dépassé ! » Le verdict est sans appel. Boubacar Camara, invité du Jury du dimanche de ce 16 août 2020 dit s’appuyer sur deux raisons principales pour fonder sa conviction. « La première raison, indique-t-il, c’est avec les découvertes pétrolières. Le Sénégal est un pays gazier et, avec ce gaz, il fallait aller vers le « gaz to power« . Il faut transformer le gaz en énergie pour avoir une industrie importante. Donc, de ce point de vue-là, la PSE est dépassé. Le deuxième volet, c’est le développement de l’industrie pour avoir une autosuffisance alimentaire. Quand vous orientez l’économie vers ces chaines de valeurs, vous avez des investissements qui permettent d’avoir un développement durable », a-t-il argumenté, face à Mamoudou Ibra Kane.
De l’avis de M. Camara, il faut changer la façon de financer notre économie. Ce, d’autant plus que le Sénégal a des ressources nécessaires pour cela. Il faut, martèle-t-il, chercher des partenaires publics-privés pour faire les infrastructures nécessaires au développement. « Il faut, sur l’existant que nous avons, économiser nos ressources en évitant les gaspillages. Il supprimer l’ensemble de ces institutions inutiles. Il faut arrêter ces exonérations qu’on fait à coup de centaines de milliardaires pour les orienter vers des zones qui n’ont aucun impact sur la vie des entreprises et des ménages », plaide-t-il.
L’ancien candidat à la présidentielle de 2019, recalé aux parrainages avant de soutenir le candidat Ousmane Sonko, relève, pour le regretter, qu’on n’a pas les résultats de la croissance parce que les investissements sont réalisés dans des secteurs où il n’y a pas beaucoup d’emplois, où il n’y a pas beaucoup d’utilisation de la main d’œuvre. « Il faut réorienter l’économie en amenant l’argent dans l’agriculture », dit-il.
Par ailleurs, Boubacar Camara a émis des réserves sur les dernières statistiques de l’ANSD selon lesquelles le Sénégal est passé, en termes de taux de pauvreté, de 46 % autour de 37%. « Ce sont des statistiques qui partent de quoi », s’interroge-t-il. Poursuivant, il rappelle que les statistiques de l’ANSD obéissent à des règles qui ne permettent pas de rendre compte de la réalité de la pauvreté au Sénégal.
« Aujourd’hui quel est le taux de résilience lié à la solidarité dans les familles ? Le système économique qu’on a, on nous fait croire à des constantes, à des macro-économiques qui ne reflètent pas la réalité. Je ne conteste pas les statistiques de l’ANSD. Je conteste formellement la façon dont veut nous faire comprendre la pauvreté », précise-t-il.
Avant d’ajouter : « La pauvreté de quelqu’un c’est quand il a un loyer à payer et qu’il ne peut pas le payer. La pauvreté de quelqu’un c’est quand, du matin au soir, il cherche de quoi manger tous les jours. La pauvreté, c’est quand tu travailles et qu’il y a 200 000 jeunes qui, tous les jours, tous les ans viennent demander de l’emploi et qu’ils ne l’ont pas ».