La décision rendue par le groupe de travail des Nations unies sur les détentions arbitraires a comme qui dirait revigoré les avocats de Karim Wade. Qui viennent de déposer une plainte devant le tribunal de grande instance de PARIS pour détention arbitraire sous le motif que Karim Wade est citoyen français. Mais n’est-ce pas une erreur de communication dont les conséquences peuvent être dévastatrices pour la carrière politique de leur client ?
L’affaire Karim Wade s’internationalise jour après jour. Après la saisine du groupe de travail qui a rendu un avis favorable au fils de l’ancien président de la République du Sénégal, c’est au tour de la justice française de dire son mot sur ce dossier.
Les avocats de Karim Wade ont déposé une plainte contre l’Etat du Sénégal pour détention arbitraire auprès du tribunal de grande instance de Paris. Une démarche loin d’être fortuite.
Selon un des conseils de l’ancien ministre des Infrastructures sous le magistère de son père, Karim Wade peut ester devant la justice française dans la mesure où il est citoyen français. “C’est un secret de polichinelle, il est aussi français. À partir de ce moment, le citoyen français peut s’adresser à la juridiction française. C’est l’un des critères qui peuvent permettre que la France soit compétente, comme l’est le Sénégal”, s’est expliqué Me Ciré Clédor Ly. Dont la sortie peut paraître comme une erreur de communication qui pourrait bien porter préjudice à son client qui a été désigné candidat du Pds pour la prochaine présidentielle sénégalaise, surtout que son emprisonnement avait fini de redorer son blason auprès de nombre de ses compatriotes qui ne voulaient même pas le voir en photo.
En effet, savoir, à quelques mois des échéances électorales, que celui en qui ils ont placé leur espoir pour une nouvelle alternance après celles de 2000 et de 2012, détient une double nationalité, serait pour beaucoup de néo-karimistes une pilule dure à avaler.
Ces souteneurs de la première heure, pour leur part, ne semblent pas gênés le moins du monde. Pour eux, la double nationalité de leur mentor est dû à sa filiation. En effet, son père est de nationalité sénégalaise, sa mère quant à elle est française de souche. De leur avis, Karim Wade a suffisamment démontré sa préférence pour le Sénégal pour avoir été aux affaires mais aussi pour avoir répondu à la justice sénégalaise dans le cadre de la traque des biens présumés mal acquis alors qu’il pouvait rester tranquillement en France. Pour ses thuriféraires, Karim Wade a beau être citoyen français, rien ne l’empêche cependant de prendre part aux joutes électorales. Il lui suffit juste de renoncer à la nationalité de trop pour être présidentiable au Sénégal, arguent-ils.
Rappelons que dans les 15 reformes constitutionnelles que proposera l’actuel locataire du palais au peuple sénégalais, fait partie la question de la double nationalité. L’article 28 dudit projet de révision constitutionnelle dispose que “Tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civils et politiques, être âgé de 35 ans au moins et de 75 ans au plus le jour du scrutin. Il doit savoir écrire, lire et parler couramment la langue officielle”.