Foncier au Sénégal : Révélations sur des milliers d’hectares de terres volés : les noms des pontes et des sociétés concernés

Le Sénégal fait 196 712 km² sur une population de près de 16 millions d’habitants. Cependant le bradage des terres est à un rythme si ahurissant que des générations sont d’ores et déjà sacrifiées parce qu’elles n’accéderont pas au foncier. Des milliers d’hectares sont entre les mains d’une oligarchie Sénégalaise et des entreprises étrangères qui se sont servies entre les régimes de Abdoulaye Wade et de Macky Sall. Mais le dépeçage du patrimoine foncier national a été plus criant sous l’actuel pouvoir avec les multiples scandales révélés au grand jour des révoltes de populations excédées par la confiscation de leurs terres. Prenant au rebond certains quotidiens, PressAfrik revient largement sur le dossier pour édifier l’opinion sur les prédateurs du foncier national.

«Plus de 90% des alertes que je reçois au quotidien sur les risques de conflits viennent du foncier», avait déclaré le président de la République le 2 octobre 2019 au Centre International de Conférence Abdou Diouf à Diamnadio. Il est bien conscient que «le foncier est une question qui fâche et est un principal facteur d’instabilité au niveau national». Macky Sall a partagé ces inquiétudes lors de la Conférence des Affaires africaines (CAAF) de l’Union internationale du Notariat (UINL) qui coïncidait avec le 31econgrès des Notaires d’Afrique.

Toutefois le chef de l’Etat semble ne pas avoir pris bonne note de ces alertes. Si c’était le cas, il devrait sentir venir les révoltes et nombreuses grognes de population qui s’insurgent contre l’accaparement de leurs terres par des riches et des industriels. Et il aurait pris des mesures conservatoires pour arrêter le dépeçage en règle. Le litige foncier opposant l’homme d’affaire Babacar Ngom aux habitants de Ndengler, dans le département de Mbour (80 km sud-est de Dakar), n’est que l’arbre qui cache la foret. Cela a démarré par Abdou Diouf, Wade l’a perpétué mais Macky Sall a donné le coup de grâce avec des milliers d’hectares aliénés au profit d’une poignée d’hommes d’affaires.

L’axe Thiès-Mbour : 1294 hectares confisqués : des populations emprisonnées pour étouffer la révolte

Outre les nombreux cas de boulimie foncière, il y a eu une délibération de 556 hectares, dans le périmètre de la forêt classée de Bandia, le seul véritable poumon vert de la région de Thiès. Les Echos renseignent que la mairie a pris comme prétexte le projet de logements sociaux du gouvernement pour donner 556 ha, alors qu’il n’avait besoin que de 150 à 200 ha. Selon des informations au journal, l’Etat n’était pas demandeurs.

A Kiniabour1, une commune située à 4km de Popenguine, le frère de Babacar Ngom, Meïssa occupe 90 ha. Une attitude contre laquelle les populations luttent depuis au moins trois ans. A Kiniabour2, les litiges fonciers sont de plus en plus nombreux. Le plus connus est celui de 207 ha attribués à un certain Charles Haddad.

Dans le même village, avec la complicité des autorités locales, plusieurs hectares ont été arrachés aux populations. Certains qui résistaient ont été emprisonnés des mois à Mbour, le temps de boucler la mise en main sur leurs champs qui feraient partie de l’emprise de l’autoroute à péage, alors que tel n’est pas le cas.

Plus de 400 ha ont été attribués à deux promoteurs à Guéréo. Avant cette localité, à Thiafoura, 41 hectares ont été cédés gracieusement à un certain Djibril Mar Diop, à l’insu des populations. Selon des sources du quotidien «Les Echos» des hommes d’affaires dont Bara Tall, Yérim Sow ont acquis chacun 100 hectares entre Somone et Guéréo.

Le nord mis à sac avec 78.500 ha spoliés par La CSS, Senegindia, West African Farms, la société chinoise TDE 

Selon ‘Source A’, parmi les sociétés appartenant à des étrangers qui se gavent des terres au Sénégal, figure la Compagnie sucrière sénégalaise. L’entreprise dont les propriétaires (la famille Mimran) sont français a avalé plus de 12.000 ha dans la vallée du fleuve Sénégal, aux portes de la ville de Richart Toll (388 au nord).

Senegindia, une société indienne a  été bien servie. 1.000 hectares de terres lui ont été attribués. Ce qui a eu l’heur de courroucer, il y a quelques temps, les habitants qui avaient dénoncé l’octroi par le Conseil municipal de Diokoul de ce vaste domaine agricole. Ces populations accusaient le maire de spolier les terres au profit de la société indienne.

«Source A» a également dévoilé un autre scandale foncier à Dagana, toujours au nord du Sénégal. West African Farms est assis sur 600 hectares. La ferme Lion Agricole de Diobass, située entre Thiès et Sindia possède 100 ha et produit plusieurs variétés, avec un rendement de 80 tonnes par hectare. Le journal révèle d’autres cas à Ngolfagnick, à Saint-Louis et à Mbour.

Des morts et plusieurs blessés à Fanaye, Mbane, Oussouye…

Les problèmes fonciers ont été sources de conflits et de tensions en Afrique particulièrement au Sénégal. Les épisodes de Fanaye et de Mbane (ces deux localités sont au nord du Sénégal) sont encore fraiches dans nos têtes. En plus des nombreux blessés, des morts ont été même enregistrés lors de ces révoltes de populations.

En octobre 2011 à Fanaye, une ville situe au nord du Sénégal, dans le département de Podor, deux (2) personnes avaient trouvé la mort et 21 autres blessées avaient été notés. Ces personnes s’opposaient à la décision du Conseil rural, alors dirigé par Karasse Kane, d’attribuer 20.000 hectares de terres en septembre 2011 à la firme Italienne Tampieri Financial Group. Cette entreprise européenne s’était associée à des Sénégalais, au sein d’une société de droit sénégalais nommée Senethanol et d’une autre dite Senhuile S.A, pour la production de biocarburants.

En Casamance, durant la même année, des jeunes des villages d’Effisao et de Loudia Diola, dans la commune de Mlomp, dans le département d’Oussouye, en étaient venus aux mains, à la suite d’un litige foncier. Le bilan de l’affrontement avait fait 5 blessés, dont 1 grièvement qui avait été évacué à l’hôpital régional de Ziguinchor.

A l’époque, le Procureur de la République près du Tribunal de grande instance de Ziguinchor, Alioune Abdoulaye Sylla avait soutenu que « plus de 50% des contentieux judiciaires dans la région sont liés à des conflits fonciers très importants dans cette partie sud du pays ».

Un autre différent foncier avait opposé les communes de Téssékéré, dans le département de Linguère et Fanaye, dans le département de Podor. Elles se disputaient le village de Gandirel. Chacun des deux maires estimaient qu’il est situé dans sa circonscription communale.

Pressafrik

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