Autorisations de voyager pour la Korité : Risque d’une nouvelle vague de contaminations

L’exemple de la Mauritanie doit nous pousser à être particulièrement prudents sur la mise en œuvre des mesures d’assouplissement.

En effet, après avoir annoncé l’éradication de la maladie dans le pays, Nouakchott fait face actuellement à une vague de contaminations et à des cas de décès.

Chez nous, la pandémie est encore circonscrite notamment dans des localités comme Dakar et Touba, les épicentres. Certes, beaucoup d’autres localité sont frappées, mais ces deux villes polarisent l’essentiel des contaminations notamment les cas dits communautaires.

C’est pourquoi, la mesure consistant à permettre aux Sénégalais d’aller passer la fête de korité dans leurs familles est certes pleine d’humanité, mais elle est dangereuse à l’état actuel de la contamination.

Dakar, la capitale, comptant l’essentiel des cas est aussi la plus grande concentration de personnes qui ont quitté leurs terroirs à la recherche d’un meilleur-vivre. Ici, ceux qui officient dans l’informel et dans le commerce notamment mais aussi dans la débrouillardise, sont des régions et aspirent naturellement à retourner chez eux durant la fête d’Aïd El fitr.

On devine alors aisément le risque énorme qu’il y a à les laisser transporter le virus dans leurs familles si aucune précaution n’est prise à ce propos et que l’octroi des autorisations est généralisé.

Le risque, c’est une nouvelle vague de contaminations, celle-là qui pourrait encore être plus problématique. Idem lorsque l’opération de retour des travailleurs agricoles sera organisée.

La fête prévue probablement le week-end prochain sera ainsi le plus grand mouvement de populations durant l’état d’urgence. Ce sera une opération à haut risque.

Au demeurant, avec 30 décès déjà et 9 patients en réanimation et près de 1500 sous traitement, nos structures hospitalières ne sont pas loin d’atteindre le seuil de saturation à partir duquel la prise en charge sera encore plus difficile.

Si nous devons faire face à une nouvelle vague de contaminations, ce sera la catastrophe car le personnel sera dépassé et les structures submergées.

Pourtant, tout indique que c’est la direction que nous avons empruntée depuis quelques temps.

D’autres localités que Dakar, Touba vont bientôt se signaler par la récurrence des contaminations car les autorisations n’englobent n’aucune obligation d’auto-confinement à domicile une fois de retour.

Il serait dommage que notre pays, alors que le reste du monde est dans une tendance baissière significative, amorce une forme de recrudescence des cas de contaminations comme cela a pu être observé dans d’autres pays du continent.

Nous avons tous l’obligation de serrer la ceinture afin que les prédictions pessimistes de nombre de personnalités du monde entier à propos de l’Afrique ne se réalisent pas.

Nous avons l’obligation de protéger nos populations vulnérables de la Covid-19 notamment les anciens. Et si tous les jeunes qui étaient partis, retournent dans leurs foyers, il n’est pas sûr que nombre de leurs parents en âge avancé et en proie à certaines maladies chroniquent ne soient pas en danger.

Nous devons nous demander alors si nous préférons revoir nos proches et les contaminer ou patienter davantage, le temps de maîtriser la progression de la maladie ?

Bien sûr, comme l’affirme le Professeur Raoult, la pandémie pourrait disparaitre par lui-même, exactement comme il est était arrivé, mais n’oublions pas aussi que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pense que le virus pourrait encore vivre longtemps avec nous.

‘’Apprendre à vivre avec le virus’’ ne signifie nullement prendre des risques et les faire prendre aux autres. Et en levant certaines mesures d’une façon prématurée dans les transports, les mosquées et ailleurs, nous avons pris des risques alors qu’il était possible de maintenir le cap jusqu’au 02 juin avant d’évaluer et de réajuster la stratégie.

Assane Samb

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