La nouvelle stratégie du ministère de la Santé et de l’Action sociale en ce qui concerne la prise en charge des cas positifs à la Covid-19 n’est pas respectée sur le terrain. En atteste le désarroi de ce père de famille testé positifs depuis le vendredi 15 mai 2020 avec son beau-fils âgé de 14 ans et laissé à lui-même dans sa maison sise dans un quartier de la capitale que nous tiendrons secret pour des mesures de sécurité. Isolés par leurs proches dans une chambre de la demeure, les deux malades du nouveau Coronavirus supportent mal toute la psychose qui entoure cette maladie qui fait des ravages dans le monde (plus de 300 mille morts dont 25 au Sénégal).
Tout a commencé le 8 mai 2020 quand le mari de la soeur de notre cas positif approché a été déclaré positif. Leur soeur a été logiquement identifiée comme cas contact et testée le 10 mai avec son bébé de 14 mois. Les tests sont revenus positifs. Ne présentant aucun symptôme, elle a été évacuée avec son enfant au Hangar de l’Aéroport Léopold Sédar Senghor, réservé aux cas asymptômatiques.
« Dans l’identifiant de mon frère, ils ont mis Divorcé alors que tel n’est pas le cas »
C’est un certain Alioune Gueye, inquiet de la situation de son frère et de sa soeur testés positifs, qui a pris l’initiative de joindre PressAfrik pour révéler le désarroi de sa famille. Il a raconté ce qui s’est passé après l’évacuation de sa soeur. « Toutes les personnes de la maison familiale ont été testées y compris mes parents ( mon père a 81 ans). Les tests sont revenus négatifs sauf pour deux personnes: mon frère qui a 39 ans et son beau-fils qui a 14 ans« , dit-il avant de relever quelques bizarreries sur le cas de son frère : « Dans un premier seul l’enfant était déclaré positif, c’est ensuite vers 14 heures qu’ils ont rappelé pour dire que mon frère est positif. (Et le plus étonnant), dans l’identification, il est déclaré divorcé alors que tel n’est pas le cas« .
Des erreurs qui viennent encore renforcer la thèse selon laquelle, l’Institut Pasteur se trompe souvent dans les échantillons des personnes testées.
« Le bébé de ma soeur qui allaite ne reçoit aucun traitement »
Alioune a également déploré les conditions dans lesquelles leur soeur se trouve au Hangar LSS. « Ma sœur est admise au Hangar de l’Aéroport de Yoff. Elle est restée une journée entière sans traitement, prétextant qu’ils allaient lui faire un nouveau prélèvement. Ceci étant fait, ils ne lui ont pas communiqué les résultats. Le lendemain, ils lui donnent un comprimé matin, midi et soir. Son fils qui a 15 mois, qui allaite, ne reçoit quand à lui aucun traitement« , raconte Alioune Gueye, très inquiet de la situation de ses proches contaminés.
Les confidences du frère testé positif et laissé à lui-même avec son beau-fils
Ce qui me préoccupe Alioune, c’est est que les services du ministère de la Santé ne sont pas venus chercher son frère et son beau-fils de 14 depuis vendredi. Prétextant qu’ils n’ont plus de place. « Mon frère et l’enfant sont chez mes parents depuis maintenant 3 jours soit près de 72 heures, isolés dans une chambre. Voila ce qui me ronge alors qu’ils déclarent que les hôpitaux ne sont pas saturés« , déplore-t-il.
PressAfrik a essayé de joindre le frère contaminé en personne qui a accepté de parler de son problème. Dans les échanges, il a fait une étonnante révélation. L’autorité sanitaire avec qui il a parlé au téléphone après avoir été déclaré positif au nouveau Coronavirus lui a dit: « Comme vous êtes jeune, ce n’est pas grave. Confinez-vous chez vous et respectez les mesures barrières«
« On comprend l’Etat, si les hôtels et autres centres sont saturés. Mais qu’ils nous donnent au moins le traitement à prendre à domicile »
Cette recommandation faite par ladite autorité sanitaire à cette personne déclarée positive à la Covid-19 va à l’encontre de la nouvelle stratégie annoncée par le Docteur Abdoulaye Bousso cette semaine. « Aujour’hui, on a vu que par rapport à la capacité de nos réceptifs hôteliers qui sont occupés par la plupart des contacts, il est difficile de prendre en charge certains patients positifs qui sont actuellement à domicile et que nous sommes en train de manager. C’est pourquoi (…) aujourd’hui, concernant les contacts, la prise en charge va se faire à domicile. Les contacts vont être confinés à domicile et les réceptifs hôteliers vont être dédiés aux personnes positives. C’est la stratégie actuelle qui va démarrer et qui nous permettra d’avoir plus de capacité », déclarait le Directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS) le vendredi 15 mai.
Donc, toutes les personnes déclarées positives doivent être prises en charge dans les, hôpitaux , centres de traitement (personnes âgées ou présentant des symptômes) hôtels, centres aménagés (pour les personnes asymptômatiques ou présentant peu de symptômes). Notre source et son beau-fils font partie de ce lot. Et pourtant, ils sont confinés chez eux et ne reçoivent aucun traitement.
Le Directeur de cabinet du ministre de la Santé n’a ni décroché à nos appels ni répondu à nos SMS pour expliquer pourquoi ces deux personnes déclarées positives ne sont pas prises en charge dans les réceptifs hôteliers ou centres dédiés aux patients asymptômatiques. Avec tout les risques que comporte le confinement de cas positifs chez lui sans surveillance et sans prise en charge.
La Directrice de la Santé publique marie Khémess Ngom Ndiaye a pris le soin de nous contacter. Après avoir lui avoir exposé le problème, elle demandé à ce qu’on lui donne les contacts dudit cas. Ce qui a été fait. Certainement pour organiser sa prise en charge extra-hospitalière.
pressafrik