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Une centrale de 300 MW au cœur du business
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L’autorisation du CA obtenue le 13 novembre 2019, West African Energy (WAE) créée le lendemain 14 novembre avec 4 milliards de capital
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Les réticences du ministère des Finances et du Budget
Pluie de…
Un autre scandale en vue à la SENELEC ? Une grosse affaire à milliards est en train de secouer les murs de la Société nationale d’Electricité (SENELEC), sans que cela n’attire curieusement l’attention. Il s’agit d’une affaire dans laquelle est mêlée jusqu’au cou la société West African Energy (WAE) créée par l’ancien Directeur général puis ministre de l’Energie de Me Abdoulaye Wade, Samuel Sarr. Et si tout ce brouhaha autour de Senelec de ces derniers mois n’est qu’un feu de paille destiné à détourner l’attention ? Nous avons appris que Samuel Sarr a signé, en catimini, avec Papa Mademba Bitèye, le plus grand contrat d’achat d’énergie pour réaliser la plus grande centrale électrique de l’histoire du Sénégal d’une capacité de 300 MW. Ce par le biais de la West African Energy.
…Milliards en vue…
Une société à laquelle on veut donner un marché de 25 ans pour une centrale de 300 MW ; alors même qu’elle n’a aucune référence, ni par elle-même (c’est impossible elle vient de naître), ni par ses promoteurs qui ne sont là que des intermédiaires pour des sociétés étrangères (turques nous dit-on, Calik Enerji Sanayi). 300 MW à 56,94 FCFA le kWh pendant 25 ans, c’est 3516 milliards de FCFA garantis, soit 140 milliards par an, dans l’hypothèse d’un fonctionnement continu en base ou semi-base, selon l’expression consacrée des techniciens. Un vrai pactole ! Voilà comment on veut signer, en quelques mois, le plus grand contrat de l’histoire du secteur de l’énergie du Sénégal, 3516 milliards FCFA, sans appel d’offres, en entente directe, en foulant au pied toutes les procédures malgré le rappel du ministre des Finances et du Budget.
…Samuel Sarr verrouille…
Ce, sans aucune étude sérieuse, ni d’analyses de risques projets. Selon nos sources, l’autorisation du CA a été obtenue aux forceps le 13 novembre 2019, suivie de la création de la société le… 14 novembre 2019. Mais avertissent nos interlocuteurs, ce procédé utilisé, « est dangereux ».
En engageant SENELEC, en mode accéléré, dans la signature de ce contrat, cette dernière sera liée quelle que soit l’issue de la mise en œuvre. « Soit le contrat est exécuté, il devient le plus grand rentier du Sénégal. Soit le contrat n’est pas exécuté et il trouvera un moyen d’attaquer SENELEC pour la traîner devant des tribunaux internationaux avec ses partenaires turcs. Senelec sera alors condamnée à payer des pénalités pour rupture abusive du contrat », avertit une gorge profonde au sein même de SENELEC. Rappelons que déjà sous Pape DIENG SENELEC s’était engagée dans un contrat d’achat d’énergie avec Liberty pour une centrale au gaz naturel liquéfié (GNL).
…Un contrat de 25 ans…
Aujourd’hui ce dossier est en arbitrage à Paris et les promoteurs demanderaient à SENELEC 270 millions USD (soit 163 milliards FCFA) de pénalités. Que sait-on de WAE ? Des informations à notre disposition, WAE est sortie de nulle part et a été créée le 14 novembre 2019 avec Samuel SARR comme Administrateur Général avec un capital de 4 milliards FCFA.
Avant cela, Papa Mademba Bitèye est allé présenter le projet au Conseil d’administration pour le convaincre de valider la prise de participation de SENELEC dans WAE à hauteur de 15%. Aux forceps, malgré les réticences fondées du Ministre des Finances et du Budget (courrier du 29 octobre 2019) ainsi que les réserves et incompréhensions de plusieurs administrateurs, Samuel a obtenu l’autorisation du CA de Senelec le 13 novembre 2019. Autorisation le 13, création le 14. Fast-track on vous dit. Mieux Senelec vient de libérer il y a deux semaines 600 millions de FCFA, ils ont 3 ans pour libérer la totalité de leur participation mais en fast-track ils ont tout payé.
…Avec SENELEC
Combien Samuel a mis ? Nous en avons une petite idée… Comme si cela ne suffisait pas, SENELEC a payé les différentes études requises dans le cadre de la préparation de la signature du contrat d’achat d’énergie. Or, le MOU signé en 2019 validé par l’APIX est formel sur ce point, toutes ces études devaient être prises en charge par Samuel Sarr. Que nenni ! Un autre grief soulevé par un cadre de SENELEC est relatif au montage même d’un tel projet qui doit certes être porté par des Sénégalais mais « mériterait un consortium, avec des gens qui ont un minimum d’expériences technique, opérationnelle et financière dans le domaine. On ne peut accepter qu’un homme qui a commis autant de torts au Sénégal, en particulier dans le secteur de l’Energie, puisse revenir et vouloir s’accaparer de nos maigres ressources », dénonce-t-on à la SENELEC. Et pour sûr, cette affaire ne manquera pas de s’inviter dans le bilan du nouveau Dg de SENELEC.