Après avoir insisté sur les mesures « barrière », les autorités semblent évoluer vers l’idée que les chaînes de télévision devraient montrer l’exemple aux téléspectateurs. En appliquant tout bonnement les consignes de sécurité préconisées par le ministère de la Santé. D’autant qu’elles voient défiler chaque jour plusieurs journalistes, animateurs et invités. Dakaractu a fait intervenir des responsables de médias…
À la télévision nationale, on sait ce qu’est la prévention-santé. Même une fois précisé qu’il s’agit de « l’ensemble des actions préventives menées dans le but d’éviter ou de réduire les risques de contamination ».
C’est pourquoi, toutes les émissions qui accueillent un public sont annulées. Une mesure plutôt encourageante adoptée sur les conseils de leur médecin, le Dr Mbaye Diop, Michel Diatta, le chef de service plateaux RTS1 et le Drh, Michel Diouf.
À la RTS, il est strictement interdit de prendre les transports en commun
La RTS a été l’un des premières chaînes à préconiser les mesures « barrière », un invité ayant été en contact avec une personne contaminée. « Ici, il y a un Comité d’hygiène, sécurité et cadre de vie, dont je suis membre. Dès le 31 janvier dernier, nous avons pris des mesures nécessaires en vue de protéger nos salariés », a fait savoir le médecin d’entreprise à la télévision nationale.
Au Triangle sud, des gels hydroalcooliques ont été déposés dans les toilettes, en salle de réunion, dans les bureaux, studios de montage et dans les régies. À l’entrée, tout le monde est soumis au contrôle au thermoflash. « Les gestes barrière et la distanciation sociale sont respectés. Beaucoup de nos salariés se sont mis au télétravail », informe le Dr Diop.
« Une réorganisation du travail a été décidée en concertation avec les chefs de service et départements. Le recours au chômage partiel a été demandé par la direction pour plusieurs dizaines de travailleurs», renseigne-t-il.
Avant d’ajouter : « Pour ceux qui continuent de fréquenter nos locaux, il est strictement interdit de prendre les transports en commun. Le système de nettoiement a été revu. Il y a aussi de la sensibilisation à travers des affichages »
« À Walf, on ne badine pas avec le respect de la distanciation sociale et le lavage des mains »
Du côté de Walf’TV, où les invités se succèdent en plateau, les consignes sont strictes. « Toute personne entrant dans nos locaux est soumise au contrôle au thermoflash. Bien des invités en viennent eux-mêmes à la conclusion qu’ils doivent se protéger. Ils viennent avec des gels hydroalcooliques et leurs masques », a indiqué Moustapha Diop, directeur de l’information à Walfadjri.
« Le Préfet a fait irruption dans nos locaux, dimanche dernier, pour imposer le port de masque. Je n’ai pas encore vu sur une chaîne de télévision française, des présentateurs ou invités porter des masques », a remarqué le journaliste-présentateur.
Pourtant, la France, dit-il, a plus de cas que le Sénégal. « À Walf, on ne badine pas avec le respect de la distanciation sociale et le lavage des mains. Les mesures-barrière sont en vigueur et respectées par tout le monde », rassure, par ailleurs, Moustapha Diop.
À e-media Invest, le télétravail est préconisé à certains salariés. « Les agents dont la présence n’est pas indispensable sont priés de rester chez eux », selon le directeur de la télévision.
À e-media Invest, les maquilleuses sont priées de rester chez elles
« Nous avons réduit le nombre de nos invités à deux ou trois au lieu de quatre ou cinq pour respecter la distanciation sociale. Nous avons de grands studios, espacés », a assuré Alassane Samba Diop. Généralement, une distance d’un mètre cinquante est laissée entre deux sièges autour des tables, a-t-on appris du Dg de i-TV.
Selon lui, avant d’entrer dans leurs locaux situés au Point E, les salariés et visiteurs doivent se laver les mains avec du gel hydroalcoolique ou de l’eau et du savon. Le personnel est doté de gels et de masques, nous apprend-on.
À la dernière-née des chaînes de télévision, les maquilleuses ne viennent plus et le maquillage est suspendu jusqu’à nouvel ordre. « Les préposés à cette tâche sont priés de rester à la maison », lit-on dans une note adressée au personnel.
Même écho à la 2sTv, où le directeur de la rédaction Ben Mokhtar Diop a adressé une note à tous les journalistes et cameramen pour officialiser une réduction de la présence des équipes dans les locaux du 1, Avenue Abdoulaye Fadiga.
À la 2sTv, un système de rotation entre 5 journalistes seulement a été mis en place
La salle de rédaction n’accueille désormais que cinq sur les vingt-neuf reporters de la chaîne de télé. « Le télétravail est presque généralisé. Un système de rotation entre cinq journalistes seulement a été mis en place. En plateau, les distances de sécurité sont respectées », informe le directeur de la rédaction de 2sTv.
Il nous apprend que les journalistes doivent pouvoir intervenir de chez eux et limiter au maximum leurs déplacements. « Nous avons systématiquement suspendu les reportages de terrain. Le recours au chômage partiel a été demandé pour les cameramen. Pour ceux qui sont là, le port du masque est obligatoire », assure Ben Mokhtar.
Chez El Hadj Ndiaye, le journaliste Lassana Cissé est présent pour assurer la coordination avec le reste des équipes sous la responsabilité du directeur. Des reporters ont été invités à faire le nécessaire depuis chez eux avec leur téléphone portable ou ordinateurs.
« À la Rdv, nous avons réduit l’effectif et la durée de fréquentation »
Le même procédé est constaté au niveau de la Radio dunya visions (Rdv), où plusieurs émissions, à l’instar de « Dossier À l’Écran », passeraient à une date ultérieure. « Pour l’émission 12/14, un réaménagement a été décidé. L’équipe de H24 a été réduite », selon le rédacteur en chef de Rdv.
« Au lieu de quatre, deux animateurs sont sur le plateau en interaction avec des correspondants qui interviennent via les appels téléphoniques », renseigne Bamba Faye. « Nous avons réduit l’effectif et la durée de fréquentation », a-t-il indiqué.
Le ramadan a toujours été un moment de partage, à la télévision futurs médias. Avant ou après l’émission « Quartier Général », on préparait en effet des plats plus élaborés, le « kheud » et la rupture du jeûne était l’occasion de recevoir des invités.
À la Tfm, les restrictions chamboulent toutes les habitudes
Alors que l’émission se poursuit, les restrictions chamboulent toutes les habitudes. « La direction a acheté des produits pour le lavage de mains, des masques, mais également des thermoflash pour le contrôle à l’entrée. Des gels hydroalcooliques ont été distribués au personnel», renseigne Daouda Mine.
À l’émission QG, la bande de chroniqueurs et de techniciens autour de Pape Cheikh Diallo a été répartie dans différents studios. La réduction de l’équipe a été décidée à la suite de la rencontre de lundi dernier entre le Cnra, le Cdeps et les autorités du ministère de l’Intérieur.
« En plateau, le présentateur maintient des distances de sécurité, d’un peu plus d’un mètre, avec les chroniqueurs qui ne sont plus que quatre », a-t-on appris d’un confrère de la Tfm. Qu’a-t-on appris d’autres ?
Les journalistes et présentateurs se maquillent eux-mêmes ou, pour certains, restent au naturel. Chez Youssou Ndour, certaines rubriques n’existent plus. Tout le monde ou presque travaille sur le coronavirus.
« Au niveau du Groupe futurs médias, que ce soit aux Almadies ou à la Médina, des mesures d’hygiène ont été prises juste après le premier cas confirmé de nouveau coronavirus au Sénégal. À l’annonce du premier cas de Covid-19 au sein du groupe (le journaliste Bakary Cissé), nous avons accentué les mesures », indique encore le journaliste Daouda Mine.
À SenTV, le lavage des mains est le geste obligatoire après le contrôle au thermoflash
Le directeur des supports numériques du Groupe futurs médias (Gfm) informe qu’à Igfm « tout le monde fait du télétravail ». « À la Tfm et l’Obs, c’est plus de la moitié », a-t-il ajouté.
Afin d’anticiper sur des mesures plus strictes, la direction de SenTv n’a pas attendu pour réorganiser le travail. Selon nos informations, « un système de rotation entre journalistes a été initié ».
« Peu de journalistes partent sur le terrain. Au retour de chaque déplacement, les reporters doivent désinfecter le matériel. Les présentateurs viennent au bureau. Les journalistes envoient leurs papiers depuis leur domicile et on se débrouille pour le montage », a-t-on encore appris.
Chez Bougane Guèye Dani, des règles d’hygiène sont édictées. À l’extérieur des locaux, le lavage des mains est le geste obligatoire après le contrôle au thermoflash. « À l’intérieur, on demande à nos agents de porter des masques et d’éviter tout contact », a fait savoir un responsable de la boite.