Famille belge coincée au Sénégal : « Malgré le couvre-feu, la vie suit son cours »

Selon les estimations des Affaires étrangères, 4500 Belges sont encore coincés aux quatre coins du monde et espèrent trouver un moyen de revenir au pays. Parmi eux, Géraldine Debandt. Cette Anversoise raconte comment sa famille et elle tentent de trouver un avion depuis le Sénégal pour rentrer en Belgique.

Arrivée au Sénégal en mai 2019, Géraldine est venue à Dakar pour exercer une mission pour le Haut commissariat des réfugiés des Nations Unies. Début mars, alors que la crise du coronavirus pointait le bout de son nez en Belgique, l’ambassade de Belgique au Sénégal contacte la famille pour savoir si elle souhaite être rapatriée et combien ils sont. « On n’avait pas encore pris de décision. Il n’y avait pas encore beaucoup de cas en Belgique à ce moment-là, on s’est dit qu’on allait voir comment la situation évoluerait », témoigne Géraldine, mère de deux enfants de 5 mois et 2 ans.
Le 18 mars à minuit, le Sénégal interdit les vols vers la Belgique. « Ça a créé beaucoup de panique au sein de la population belge en tourisme ou en mission ici. Notre priorité était alors de contacter au plus vite l’ensemble des Belges et de trouver des solutions pour eux. Il fallait aussi trier les centaines de courriels et de coups de téléphone qu’on recevait de jour comme de nuit », explique Hubert Roisin, ambassadeur belge au Sénégal.
L’ambassade belge a pu organiser différents vols notamment les 23 et 25 mars pour rapatrier les concitoyens belges : « On a raccompagné entre 600 et 700 Belges, non seulement sur les trois vols belges, mais aussi sur les vols européens. Il reste néanmoins encore pas mal de Belges bloqués », confie l’ambassadeur belge.
Communication approximative
Certains sont restés sur le carreau, à l’instar de Géraldine et sa famille. Le 26 mars, elle envoie alors un e-mail à l’ambassade pour demander de réserver des places sur le prochain vol de rapatriement : « J’ai reçu l’adresse mail de touristes qui étaient sur un groupe WhatsApp et qui ont réussi à prendre le vol du 25 mars. Je n’avais pas reçu d’informations à propos de ce vol, alors que je m’étais inscrite sur Travellers Online et que nous avions déjà pris la décision de rentrer le 23 ou 24 mars. »
Réponse de l’ambassade à l’e-mail : « Il n’est plus envisagé d’organiser des vols depuis Dakar vers la Belgique. L’Ambassade de Belgique tient, par conséquent, à faire part à ceux qui souhaitent retourner en Belgique que Air Sénégal et Air France organisent encore régulièrement des vols « commerciaux » (avec autorisation spéciale) vers Paris. »
Géraldine regrette de ne pas avoir été mise au courant du vol belge du 25 mars et se demande pourquoi il était indiqué sur le site des Affaires étrangères le 25 mars que deux vols pour le Sénégal et la Gambie étaient « en préparation » alors que ce n’était pas le cas.
« Beaucoup de gens se sont manifestés après les vols des 23 et 25 mars. On leur propose d’autres solutions, mais elles ne leur agréent pas toujours, c’est parfois complexe à organiser », commente le diplomate Hubert Roisin.
Vie sur place
En attendant, la famille belge continue de vivre dans sa maison du quartier des expatriés, les Almadies, à 20 minutes du centre de Dakar. « Depuis 2-3 semaines, un couvre-feu a été installé entre 20 heures et 6 heures du matin. Les lieux publics comme les plages sont interdits. On ne peut pas sortir de la ville », raconte Géraldine.
Ce n’est pour autant que la vie s’est complètement arrêtée. « Les gens continuent à vivre, on voit de plus en plus de masques. Les chantiers sont encore en cours, les marchés continuent à vendre. Les règles de distanciation sociale ne sont pas vraiment appliquées : dans les petits bus locaux, même si on limite le nombre de places, il y a trop de personnes pour un espace aussi restreint. »
Alors que la vie suit relativement son cours, le Sénégal reste bien épargné par le coronavirus par rapport aux pays européens. D’après des chiffres des Nations Unies datant du 10 avril, le nombre de cas confirmés s’élèvent à 265 et seulement 2 personnes ont perdu la vie à cause du coronavirus.
L’incertitude du retour
Personne ne sait pour l’instant quand les vols de Brussels Airlines entre le Sénégal et la Belgique vont reprendre. « C’est pour ça qu’on analyse les différentes possibilités. On n’a pas envie de rester bloqués après juin. C’est l’incertitude qui nous pousse à réserver un vol ».
La famille belge envisage de réserver un avion à destination de Paris organisés par Air France : « Mais, une fois en France, comment va-t-on faire pour revenir en Belgique ? Si on opte pour un TGV, on devra d’office passer la nuit à Paris, ce qui n’est pas idéal. Un taxi coûte entre 400 et 500 euros pour faire Paris-Anvers. Notre mère se proposait de venir nous chercher à l’aéroport, mais pourra-t-elle le faire avec les mesures de confinement ? »

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