Mamadou Diop, Directeur général de l’Iseg, est dans de sales draps. Cette affaire de moeurs suit toujours son cours.
Certains retiendront de lui, l’homme qui a réussi à implanter plusieurs campus au Sénégal et dans la sous-région. L’opiniâtre directeur d’école soucieux de la réussite de ses étudiants. D’autres se souviendront du monsieur, enveloppé d’un drap jusqu’à la taille, qui tentait de repousser, torse-nu, la caméra des petits jeunots qui le filmaient dans une position indélicate. De celui qui a été accusé par une «minette» de l’avoir engrossée et de refuser de l’admettre. Les Sénégalais, pour la plupart, découvrent, d’une manière déroutante, Mamadou Diop, le Président directeur général de l’Iseg (Institut supérieur d’Entrepreneurship et de gestion). Il est aujourd’hui sur la sellette, visé par une enquête à caractère sexuel. Les dessous de cette affaire, qui a fait l’effet d’une grenade dégoupillée sur les réseaux sociaux, découlent d’une liaison qui aurait mal tourné entre lui et une artiste en herbe, Diénabou Baldé. Au bout du compte, une grossesse, un refus de paternité, un complot orchestré de toutes pièces pour le faire tomber et l’obliger à assumer des responsabilités qu’il réfute toujours. Paternité ou pas, le piège s’est malheureusement refermé sur lui, avant de le laisser paraître à la face du monde comme un «sérial tombeur». Un visage assez sombre de lui qui, jusque-là, n’avait jamais été révélé au grand public. Même si une «petite réputation» circulait dans les couloirs du «Sénégal averti» …
Né à Gamboul, parti de loin
Mamadou Diop tient ses origines du village de Gamboul, près de la région de Kaolack, où il a vu le jour en 1964. Il n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Il est donc parti de loin pour devenir un «mastodonte» dans le milieu des affaires, notamment de l’Enseignement supérieur. Lorsqu’il débarque à Dakar, il a la tête farcie d’ambitions et va se donner les moyens d’y arriver. La détermination comme moteur et l’entrepreneuriat pour s’accomplir, il trouve très vite sa voie. Dépeint comme un homme à l’esprit alerte, il a un génie pour flairer les bons coups. Après avoir mis en place quelques petits business, il a l’idée de créer une école qui, aujourd’hui, fait partie du fleuron de l’enseignement supérieur.
Nous sommes dans les années 1995, l’Iseg est sorti de terre, mais n’a pas encore une assise lui permettant de s’envoler. N’empêche l’entrepreneur qui croit en lui, va se laisser convaincre que le meilleur restait à venir. A l’époque, il vivait dans une chambrette en compagnie de sa première épouse dans le quartier de Sacré-Cœur. Celle-ci, selon certaines indiscrétions, aurait quitté son village natal comme lui, pour lier son destin à celui de Diop. Elle faisait même office de cuisinière pour le personnel de l’établissement. Ensemble, ils auraient galéré avant que la roue ne tourne en faveur de l’époux déterminé. Sauf que leur mariage va finir par s’échouer sur les vagues boueuses d’un douloureux divorce sur fond de déceptions. Diop en sortira indemne.
L’ascension de l’Iseg grâce à l’Etat
Entre-temps, son «bébé» l’Iseg a grandi et a commencé à prendre une autre envergure. Celle d’un conquérant à l’image de son «pater». Mais, ce n’est que plusieurs années plus tard qu’il va connaître sa véritable ascension. Entre 2005 et 2006, son institut est coopté par l’Etat sénégalais pour accueillir les nouveaux bacheliers, qui, faute de places dans les Universités publiques, ne pouvaient pas y être admis. Le projet était alors financé par l’Etat à hauteur de 80% et à charge pour le potache de payer le reste. Un marché bien juteux qui, non seulement a permis à Mamadou Diop d’assoir sa notoriété, mais aussi de renflouer ses caisses. Son chiffre d’affaires avoisinait les milliards de fCfa, nous a-t-on soufflé dans son proche entourage.
Mamadou Diop était aussi derrière un autre projet sponsorisé par l’Etat, «Un étudiant, un permis». Ce qui donnait aux étudiants l’opportunité de pouvoir passer le permis à moindre coût et avec des paiements différés. Une fois de plus, le directeur de l’Iseg s’en met plein les poches et réinvestit dans d’autres secteurs mais surtout, il agrandit son école et y ajoute d’autres filières. «A un moment donné, il avait même mis en place un «plan» à travers lequel il devait faire partir des étudiants en Espagne, moyennant une contrepartie financière. L’Espagnol avait même été ajouté parmi les matières de l’école», témoigne un ancien élève de l’Iseg. Sauf que tout ne s’est pas passé comme prévu. «Des élèves n’ont jamais pu franchir les frontières de l’Espagne et n’ont pas pu revoir la couleur de leur argent», se rappelle l’étudiant. Pendant ce temps, Mamadou Diop a réussi à ouvrir des succursales dans les régions et la sous-région. «Diop Iseg» passe pour être un visionnaire, un homme aux multiples talents, mais également un éducateur plein de ressources.
Une réputation de «cavaleur»
Dans le privé, il a entre-temps refait sa vie avec une autre épouse, qui est d’ailleurs la mère de sa fille, Abiba, qui a aussi poussé l’antichambre de la célébrité à l’âge de 14 ans. Il sera son principal souteneur et va même créer un label de musique «Gamboul INC» pour propulser sa fille au-devant de la scène. C’est par ailleurs, par le biais de cette maison de production qu’il va «attirer dans ses filets», Dieyna Baldé, ancienne candidate de l’émission «Sen Petit Gallé». Il l’a fait venir de Kolda, en lui faisant miroiter une belle carrière. A l’arrivée, c’est un ventre bien arrondi qu’elle y a gagné.
En attendant de connaître l’épilogue sur cette rocambolesque affaire dont le patron de l’Iseg se défend, les langues ont commencé à se délier. Diop serait-il un habitué des faits ? À l’image de Djeyna, il y aurait d’autres «victimes», d’autres jeunes filles à qui il aurait offert gîte et couvert en échange de faveurs. Un ancien étudiant à l’Iseg, comme pour donner du crédit à ces accusations, embouche la même trompette. «Sa réputation de cavaleur était connue de tous», affirme-t-il. Mais comme dans «l’affaire Djeyna», aucune preuve formelle ne vient étayer ces accusations.
Il épouse son assistante
C’est en tout cas, dans les coursives de l’Iseg, que Diop aurait rencontré celle qui deviendra sa seconde épouse, Aïssatou S., avec qui il aurait récemment divorcé. Elle a d’abord été son assistante et il savait, dit-on, se montrer très entreprenant à son égard. L’annonce de leur mariage n’avait donc pas surpris grand monde. Elle a alors gravi les échelons et est devenue la directrice de l’Iseg, son porte-étendard. Elle avait les coudées franches et initiait énormément de projets dans l’école. Malgré leur union, Mamadou Diop ne se serait pas rangé des voitures. Au sein de l’Institut, on le surnommait d’ailleurs «Diop le beau». «Il disait à qui voulait l’entendre qu’il était beau et fanfaronnait au sein de l’école. Je me souviens que, lors d’une sortie de promo, quand il montait sur l’estrade, on scandait «Diop le beau» et il était dans son élément. Il ne restait jamais dans son bureau, toujours dans les salles de classe, au milieu des jeunes filles qui l’écoutaient religieusement. Il leur offrait généreusement des petites friandises», raconte un ancien étudiant.
«Il logeait les équipes de basket et leur donnait 90 000 F CFA de dépense quotidienne»
Son côté âme charitable est un secret de polichinelle au sein de l’école. Il n’hésitait pas à offrir des bourses d’études aux élèves qui n’avaient pas les moyens de se les payer et faisait beaucoup de social. Ceux qui se présentaient à lui avec des ordonnances médicales, étaient certains de pouvoir s’acheter leurs médicaments grâce à sa générosité. Il avait même investi le volet sportif, en créant des équipes de basket. Les pensionnaires de l’équipe féminine comme masculine étaient logés et nourris à ses frais. «Il payait leurs logements à Dakar et leur donnait 90 000 FCFA de dépense quotidienne», nous dira un responsable de l’Iseg qui a requis l’anonymat. Moussa Sarr, un de ses anciens élèves et collaborateur, lui se souvient de Mamadou Diop, le «papa» protecteur pour ses étudiants, qui intervenait à chaque fois qu’il avait du mal à régler leurs scolarités. De l’homme d’une grande amabilité qui faisait venir des bols de riz de chez lui pour l’école.
Pour l’avoir aidé à monter «Iseg Mbacké», M. Sarr en connaît un rayon sur Mamadou Diop : «Il vient de loin et a bataillé ferme pour en arriver là. Il n’a pas peur de prendre des initiatives. Nous avons eu à travailler pendant plusieurs années et j’ai découvert sa fibre d’entrepreneur. C’est lors de ma seconde année d’études que nous avons sympathisé et par la suite, je l’ai aidé à mettre en place Iseg à Mbacké, dont j’étais le directeur, jusqu’à mon recrutement dans la fonction publique», fait-il savoir.
Faux diplômes, exil à l’étranger
Une autre facette de Mamadou Diop, c’est sa capacité à booster ses étudiants, à les pousser à donner le meilleur d’eux-mêmes. Pour cela, il ne rechignait pas à leur demander de ne pas seulement privilégier les études et de se tourner vers l’entreprenariat. C’est lui qui se chargeait de leur dispenser des cours, cela avec une parfaite maîtrise. Il allait même jusqu’à leur demander d’initier des projets dans le domaine de la boulangerie ou des fermes agricoles. Il en choisissait parmi les meilleurs et les finançait. A d’autres, il a proposé de travailler pour lui. Par ailleurs, il serait à l’origine de la réussite de plusieurs célébrités locales. Mais ce côté «bon samaritain» a aussi son revers, bien malgré lui, puisque certains de ses proches murmurent qu’il aurait «fabriqué» des diplômes pour certaines figures publiques et «gonflé» pour d’autres ministres le curriculum vitae. Des faveurs qui en auraient fait un «intouchable». Mais ça, c’était avant…Avant la poisseuse «affaire Djeyna»…