16 femmes, (14 en 2019 et deux en janvier 2020) ont été tuées dans notre pays ces 13 derniers mois. Ce, sous différents motifs. Qu’il s’agisse de violences conjugales, d’agressions ou de banales disputes, ces femmes succombent sans défense. Le témoin a fait le dé- compte de ces « féminicides ».
Un, deux, trois, quatre, cinq, six etc. Le compte n’y est pas ! Il faut aller jusqu’au chiffre 16 pour y poser le petit doigt car c’est le bon. Eh oui ! Depuis janvier 2019, 16 femmes ont été tuées au Sénégal dont deux au cours de l’année qui vient de commencer, c’est-à-dire 2020. Aujourd’hui, comme des feuilles mortes, les cadavres de femmes se ramassent à la pelle. Ces pauvres personnes du sexe dit faible sont retrouvées mortes soit dans des bâtiments en construction soit dans la cour de leur propre maison, à l’hôpital où elles succombent suite à des blessures infligées par des agresseurs, ou encore en pleine brousse comme la malheureuse dame de Kolda tuée il y a quelques jours.
S’il arrivait aux âmes sensibles de pleurnicher juste en regardant des films où des femmes étaient violentées ou sexuellement agressées, aujourd’hui, dans notre pays, la fiction dépasse parfois la réalité. Les victimes de ces féminicides sont souvent très jeunes. Parmi ces femmes victimes de meurtres, il n’y a que quelque deux à trois femmes qui dépassent la trentaine. Leur tranche d’âge tourne entre 20 et 30 ans !
Mis à part, bien sûr, les deux à trois mineures âgées entre 10 et 15 ans dont fait état la synergie des organisations de la Société civile pour l’élimination des violences basées sur le genre. A part donc ces cas, une cohorte d’organisations a recensé environ 14 cas de crimes commis sur des femmes entre janvier et novembre 2019.
Deux odieux meurtres pour démarrer 2020
Des chiffres qui n’intègrent pas les deux meurtres enregistrés en ce début d’année. Il s’agit d’abord de celui de la jeune Ndioba Seck, 25 ans, et dont le corps sans vie a été retrouvé à Guinaw Rails, en face de la mosquée Sips dans la commune de Thiaroye-sur-Mer. La malheureuse laisse derrière elle une fillette de 2 ans.
Le deuxième, survenu exactement le 16 janvier 2020, est celui de Yoba Baldé, qui a été égorgée à Saré Yoro Diao dans le département de Kolda, et sa tête emportée. Un crime barbare qui laissait penser à un sacrifice à quelques mois des locales avant que l’enquête ne se dirige vers l’époux de la défunte. C’est lui qui aurait massacré son épouse dans un accès de colère quand celle-ci lui a exigé le divorce.
14 meurtres enregistrés en 2019
A côté de ces deux cas fraîchement enregistrés, 14 autres cas ont été recensés par les organisations féminines et/ou féministes dont certaines, à l’image du collectif « Dafa Doy » — « ça suffit » — sont montées au créneau, début juin 2019, à la Place de la nation, sise à Colobane, pour dénoncer cette vague d’agressions mortelles dirigées contre le sexe dit faible. Les manifestantes de l’ex-Place de l’Obélisque étaient venues pleurer la mort de deux femmes.
D’abord, l’assassinat à Tambacounda de la fille du Directeur de l’Agence du développement local (adl), Bineta camara, tout juste âgée de 23 ans. En plein mois béni du Ramadan, la pauvre fille a été étranglée à mort, le 18 mai 2019, par un habitué de la maison. Autre meurtre, celui de la nommée Khady Sèye, qui, elle, a été poignardée à mort le 02 novembre 2019 à Touba par son colocataire. Ce, alors qu’elle n’avait que 30 ans et était enceinte de trois à quatre mois. Dans la même semaine où Bineta Camara et Khady Sèye avaient perdu la vie, une autre femme était tuée à Thiès. Presque au même moment, le corps d’une femme dénudée, et qui habite à Pout, précisément au lieudit Khodaba, était retrouvé le 21 mai à Ouakam, Dakar.
Des faits ignobles qui avaient, au cours du mois de mai 2019, fait réagir le ministère en charge de la Femme et du Genre qui, dans un communiqué, dénonçait la « recrudescence des violences faites aux femmes et aux filles ». Mais comme si les tueurs ne peuvent plus contrôler ce que le sociologue Djiby Diakhaté appelle cette « partie animalière » qui dort en eux, 12 jours plus tard, exactement le 14 novembre, Aminata Kâ, âgée d’une vingtaine d’années et enceinte de quatre mois, était arrachée à l’affection de ses parents à Malika, dans la banlieue dakaroise, par son mari. Toutes ces femmes ont été assassinées dans des conditions atroces et inhumaines.
L’un des meurtres les plus ignobles de cette série reste celui de Aminata Ka, 22 ans et enceinte de trois mois, qui a succombé à ses blessures suite à une banale dispute avec son mari. Les deux conjoints s’étaient mariés au mois d’août 2019. C’est dire que le ménage n’a duré que quelques mois avant de se terminer par un drame…
Trois femmes assassinées en 2019, trois autres en octobre
Rien qu’au mois de mai 2019, les vies de trois femmes ont été écourtées en l’espace d’une semaine. Et deux autres femmes ont été tuées en octobre 2019. Alors qu’on n’avait pas fini d’épiloguer sur le cas de cette femme âgée d’une quarantaine d’années retrouvée morte le 1er octobre 2019 dans un bassin, sur le site du technopole, survenait le meurtre de Yacine Sané, le 23 octobre 2019, dans la banlieue dakaroise. Plus précisément à Diamaguène. Yacine Sané était une brave jeune dame de 30 ans qui se rendait à son lieu travail aux environs de 6 heures. Elle avait été agressée à mort d’un car rapide et avait chuté mortellement.
Cette série noire concernant des femmes tuées n’est sans doute pas exhaustive. Elle explique en tout cas le plaidoyer lancé par la présidente du réseau « Siggil Jigeen », Mme safiatou Diop, qui demande de corser les peines sanctionnant les « féminicides »…