janvier 2019, jour de vérité pour le chauffeur Samba Sow accusé d’avoir assassiné la 5ème vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Fatoumata Mactar Ndiaye. Toutes les parties civiles ainsi que les personnes entendues dans ce dossier ont reçu leurs convocations depuis le 16 décembre dernier. Elles devront comparaître devant la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance (Tgi) hors classe de Dakar pour l’ouverture du procès.
Les faits remontent au 19 janvier 2016 à Pikine dans le domicile de la victime, précisément dans sa chambre. La responsable des femmes de l’Alliance pour la République (Apr) de ladite localité venait tout juste de finir la prière du matin. Vers 7h, 8h, elle revoit Samba qui avait pourtant reçu une permission de sa part pour aller au Magal de Touba. l’irréparable va se produire.
Le chauffeur aurait plaqué la victime avant de lui trancher la gorge
Cette affaire a suscité moult interrogations surtout sur le mobile du crime. Lesquelles ont été parfois soutenues par les allégations du présumé meurtrier. Samba Sow n’a cessé de faire des révélations et ce, malgré sa mise en détention préventive à la Maison d’arrêt de Rebeuss (Mar).
Tout commence à l’enquête préliminaire. Arrêté par les éléments du commissariat de la localité, le chauffeur a reconnu sans ambages les faits qui lui sont reprochés. Toutefois, il a tergiversé sur le motif. Tantôt, il a agi sous le coup de la colère, tantôt, il a été surpris par sa patronne en train de lui voler son sac contenant de l’argent destiné au financement de groupements de femmes de la banlieue. A l’en croire, le butin était destiné à payer la dot de son mariage qui était prévu le 26 novembre 2016.
Pis, il est allé jusqu’à raconter aux enquêteurs que le meurtre de la politicienne a été commandité. Des responsables de sa formation politique sont cités comme étant des commanditaires. Certains même ont avancé que si ce crime odieux a tardé à être jugé, c’est parce que ces personnes mentionnées ont fait des pieds et des mains pour que l’affaire ne soit jamais évoquée devant une juridiction.
Le présumé meurtrier dira : « Je me suis rendu à son domicile muni d’un poignard. Je suis allé directement dans sa chambre à coucher. Après un petit échange de mots avec Fatoumata Mactar Ndiaye, je l’ai poignardée. Sous le coup de la colère, je l’ai plaquée et je lui ai tranché la gorge. C’est en ce moment que son fils, Adama Ba est venu. A son tour, je lui ai asséné deux coups de couteau avant de prendre la fuite. J’ai été poursuivi par les voisins qui m’ont vu sortir de la demeure avec un couteau ensanglanté. Ils m’ont rattrapé au moment où je tentais de me suicider ».
Un assassinat commandité ?
Au parquet, le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye fera savoir : « L’enquête a connu des avancées très rapides. Les témoins ont été entendus. Des constations et prélèvements ont été effectués. L’arme du crime a été saisie. La personne soupçonnée qu’est le chauffeur de la victime a été entendue. Il a reconnu les faits et a indiqué le mobile de son crime ». Finalement, Samba Sow a été inculpé pour assassinat, tentative d’assassinat, vol avec effraction, escalade et usage d’arme et violence.
Depuis, la famille de la victime a plaidé pour que justice soit faite. « Nous ne réclamons que la tenue d’un procès pour savoir ce qui s’est passé réellement ce jour-là. Notre sœur a été assassinée par Samba Sow d’une manière atroce. L’enquête a été bouclée et aucun procès n’a été ouvert, comme si les autorités judiciaires ne savent pas quoi faire avec ce dossier », avait déploré Amadou Mactar Ndiaye.
Ce dernier avait également fustigé les messages vocaux du présumé meurtrier depuis la prison. Ceci, pour dévoiler sa condition de détention et révéler (encore) les commanditaires de l’assassinat.
Adama Ba, témoin oculaire et victime de Samba Sow à la barre
Le fils de feue Fatoumata Mactar Ndiaye, lui, croit dur comme fer que l’assassinat a été commandité. « Cela ne saurait être d’ordre financier ou mystique, encore moins l’œuvre d’un déficient mental. Dans un enregistrement audio, Samba Sow dit avoir agi pour le compte d’un membre actif du parti du président de la République, Macky Sall. La personne citée par le présumé meurtrier a longtemps combattu la victime avant de changer de stratégie en simulant une amitié », avait déclaré Adama Ba qui a été poignardé par le présumé meurtrier au moment des faits. Ces coups de couteau lui ont valu un mois d’hospitalisation.
Trois ans et près de deux mois après la commission de ce crime crapuleux, le véritable mobile sera peut-être, connue, ce mardi. Si toutefois, le chauffeur Samba Sow accepte «de dire la vérité, rien que la vérité ».