Penda Touré raconte comment Marème Tandian l’a escroquée: « Elle m’a commandé de la marchandise d’une valeur de 455.000 F »

S’il y a quelqu’un qui a du cran, c’est bien Marème Tandian. Cette bonne dame, sans domicile fixe, se faisait passer tantôt comme l’épouse du procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, tantôt comme avocate qui travaille au barreau de Dakar ou à la Cour suprême, pour escroquer les vendeuses en ligne. Démasquée, cette célibataire et mère de 3 enfants a été attraite devant Dame justice. A la barre pour escroquerie et usurpation d’identité numérique, elle risque 6 mois de prison ferme. 

36 ans, sans domicile fixe et célibataire avec 3 bouts de bois de Dieu qu’elle doit nourrir alors qu’elle est sans travail, Marième Tandian est aujourd’hui confrontée aux affres de la détention. Elle croupit en ce moment en prison pour escroquerie et usurpation d’identité numérique. De taille moyenne, teint noir foncé, c’est avec des formes généreuses que cache mal une Djellaba qu’elle s’est présentée devant la barre des flagrants délits de Dakar, où elle a comparu hier. Pour ses victimes qu’elle a roulées dans la farine, la prévenue avait ciblé les dames qui font le commerce en ligne. Ainsi, elle avait bien mûri son plan. Et pour mieux ferrer ses commerçantes, elle les contactait avec un numéro de téléphone sur lequel elle avait apposé comme profil WhatsApp la photo du procureur de la République Serigne Bassirou Guèye en compagnie d’une autre dame vêtue d’une robe d’avocat. Ainsi, lorsqu’elle les appelait, elle se présentait à certaines comme épouse du procureur, à d’autres comme avocate officiant au barreau de Dakar, ou bien la femme d’un Marabout Mbacké-Mbacké, ou encore une employée à la Cour suprême. Après avoir mis les commerçantes en confiance, elle leur commandait des marchandises. Et s’agissant des livraisons, Marème Tandian ne donnait jamais son adresse exacte. Soit elle se faisait livrer au Sea Plaza, soit au Magic Land, soit dans les locaux du palais de justice de Dakar, ou encore de la Cour suprême etc. Concernant le paiement, la mise en cause les faisait via Orange Money avec des codes erronés ou incomplets. Ce, après avoir récupéré la marchandise et disparu avec.
Dans son entreprise délictuelle, Marème Tandian a fait beaucoup de victimes dont Aïta Guèye, Oumy Niang, Odile, Oulimata Cissé, Codou Diaw, Woury Dieng, Oumy Ndiaye etc. Ces dernières ont porté plainte et ont toutes décrit le mode opératoire de leur «escroc» lors de leur audition à la police.

Marème Tandian nie sans convaincre

A la barre hier, Marème Tandian a, sur insistance du procureur, soutenu qu’elle n’a pas encore d’endroit où habiter et qu’on ne fait que l’héberger. Interrogée sur l’usurpation d’identité, elle conteste: «je n’ai jamais dit que j’étais avocate, ni la femme du procureur de la République Serigne Bassirou Guèye. Je n’ai pas non plus dit que je travaillais au tribunal et encore moins que j’étais la femme d’un Mbacké-Mbacké, ni que je m’appelais madame Mbacké. J’ai apposé ma propre photo sur mon profil WhatsApp». Ne croyant pas un traître mot de ce que disait l’inculpée, la parquetière tonne : «ton intention était frauduleuse et c’est pour cela que tu n’as pas voulu donner ta véritable identité lors de la livraison des marchandises».

Penda Touré raconte comment Marème Tandian l’a escroquée

Parmi toutes ses victimes, seule Penda Touré est venue au tribunal. «Elle m’a appelée au téléphone, m’a dit qu’elle s’appelle Ciré Diop, qu’elle travaillait au tribunal et qu’elle était l’épouse d’un Mbacké-Mbacké. Elle m’a  commandé de la marchandise d’une valeur de 455.000 F. Elle m’a demandé de venir au tribunal de Dakar et de demander Madame Mbacké. Une fois là-bas, le livreur lui a donné la marchandise sans recevoir de paiement. Après cela, je n’arrivais plus à la joindre au téléphone. Elle ne m’a pas dit qu’elle était avocate mais en voyant sa photo de profil WhatsApp on le croit», a-t-elle fait savoir.
Avocat des parties civiles Penda Touré et Woury Dieng, Me Mamadou Guèye Mbow a réclamé respectivement les montants de 600.000 et 350.000 F pour elles à titre de dommages et intérêts. Le procureur a sollicité qu’elle soit condamnée à 6 mois de prison ferme. Avocate de la défense, Me Fatoumata Ly qui s’est appesantie sur les dégradantes conditions de vie de sa cliente, a souhaité une application bienveillante de la loi pour elle. «Elle est aujourd’hui sans domicile fixe et avec 3 enfants. Elle n’a pas de mari, ni de profession, ses parents sont décédés, elle n’a pas eu de chance. Peut-être elle a eu le rêve de vouloir devenir avocate et c’est pour cela qu’elle a fait tout cela. Même si ce n’est pas une excuse», plaide la robe noire qui a été suivie par Me Charasade Ilal qui a souligné que la pauvreté est la mère de tous les vices. Délibéré le 19 décembre 2019.

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