Le consul Général du Sénégal à Milan, Madame Rokhya Ba Touré, a engagé l’Etat du Sénégal dans une opération immobilière dont elle n’a pas la prérogative. Pourtant, le Ministère des Affaires Etrangères lui avait, suivant le Diplomail N°01022, du 23 Octobre 2018, intimé l’ordre de se rapprocher de l’ambassadeur du Sénégal à Rome. Ce qu’elle a ignoré, opérant un coup de force qui lui est revenu en pleine figure.*
Il faut remonter loin, très loin pour situer l’affaire concernant l’achat du consulat du Sénégal à Milan. La volonté de doter le Sénégal d’édifices lui appartenant en terre italienne est un long « film diplomatique » autour duquel gravitent des astuces et des intérêts. A Rome comme à Milan, le Sénégal a toujours souhaité acheter des locaux pour y installer définitivement son Ambassade et son Consulat Général.
Cette volonté qui entre dans le processus de rationalisation des dépenses publiques a été rigoureusement manifesté par l’ancien ambassadeur, Papa Cheikh Sadibou Fall, par ailleurs ancien ministre de l’Intérieur dans le gouvernement du Premier ministre, Macky Sall. Emporté par le naufrage du bateau le Jola, ce juriste de formation est ensuite nommé ambassadeur du Sénégal à Rome en 2005.
Il adressa une lettre le 10 juin 2008, à son ministre de tutelle qui était Cheikh Tidiane Gadio pour l’acquisition d’un immeuble de trois étages, qu’une commission venant du Sénégal avait déjà visité du 28 avril au 3 mai 2008. La lettre de l’ambassadeur est accompagnée de l’offre du propriétaire qui s’élevait à 8 millions cinq cent mille (8.500.000) euros. Les différentes missions menées à Rome par l’Etat du Sénégal à travers la Direction du patrimoine bâti, l’Inspection générale (IGE) et le ministère du budget n’ont pas donné une suite favorable à la demande de Rôme.
En 2013, l’ambassadeur Fall est remplacé par Madame Seynabou BADIANE, contrôleur d’Etat qui ne semble pas faire de ses priorités l’acquisition d’un siège à Rome. Mais l’affaire est ensuite soulevée par le diplomate de carrière, Mamadou Saliou Diouf, nommé ambassadeur du Sénégal à Rome en 2015 en provenance de la Russie.
Diouf sollicite ainsi le ministre Birama Mangara en charge du Budget et Sidiki Kaba des affaires estrangères, afin d’accélérer la cadence pour « la crédibilité du Sénégal auprès de ses partenaires financiers ». Il s’avère aussi que la banque Unicredit était de loin la banque choisie pour l’achat des édifices de Rome et Milan.
Elle ignore les injonctions du Ministère
Le 23 octobre 2018, le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, par l’entremise de l’Ambassadeur, Secrétaire général, Mame Baba Cissé, adresse un « diplomail » au consul général du Sénégal à Milan pour lui demander, « pour plus d’efficacité dans la conduite de cette procédure d’acquisition », de se rapprocher de « notre ambassadeur à Rome Quirinal (…) chargé d’en assurer la coordination en étroite collaboration avec vous-même ».
Et le diplomate de préciser à Madame Touré que « Cette option, conforme à l’idée de départ, de mener des négociations conjointes avec les banques en vue de réaliser des économies, au terme de la procédure ».
Sauf que la note diplomatique de Dakar semble tomber dans l’oreille d’un sourd. Constatant l’affaire lui filer, Rome relance Dakar qui s’adresse de nouveau à Milan, qui a déjà entamé et conclu l’achat du Consulat sur un montage financier d’un million trois cent mille (1.300.000) euros. Le payeur à Rome, Isaac Mingou, informé par lettre en date du 15 octobre 2019 par la consule générale, oppose son refus diplomatique de payer la banque. Ce refus sera l’élément déclencheur de l’affaire.
Aliou NDIAYE-ReseauNews