Il est évidemment inconcevable que sous prétexte d’un enseignement quelconque que des pratiques inhumaines, d’une autre époque, soient exercées sur d’innocents enfants. Rien n’explique de telles sévices quand on sait qu’énormément d’enfants de ce pays et dans le monde ont réussi à maîtriser le coran et la sunnah sans avoir été torturés ou traités d’une manière inhumaine.
En guise d’exemple, quand Serigne Saliou Mbacké demandait lui-même qu’on lui fasse venir les enfants pour qu’il leur transmette ce que Serigne Touba avait transmis aux adultes, il n’avait jamais fait recours à ces pratiques extrêmes. Ceux qui l’ont connu savent qu’il a plusieurs fois renvoyé des «serigne dara» qui s’y adonnaient. Il a entouré ces enfants de beaucoup d’amour et d’empathie tout en leur inculquant les valeurs cardinales de l’islam et de l’apprentissage du Coran.
Ce fut le cas pour la plupart des érudits qui se sont fortement consacrés à l’enseignement du Coran durant leur vie.
Cependant les règles selon lesquelles «Dura lex, sed lex» (dure est la loi, mais c’est la loi) ou encore «Nul n’est sensé ignorer la loi» peuvent prospérer dans des pays où la loi est l’émanation de la volonté populaire, le résultat d’un processus totalement inclusif. Dans nos pays, où une bonne partie de la loi est le fruit du mimétisme juridique, une importation parfois aveugle sans tenir compte de nos réalités, il faut une approche différente. La sensibilisation et la prévention constituent une étape incontournable en ce qui concerne certaines questions sensibles traitées d’une manière traditionnelle dans certaines communautés.
Il faut plus de flexibilité dans l’approche. Il ne s’agit pas d’être faible ou verser dans de la compromission mais bien de jeter les bases d’une mise à niveau. Une sorte de moratoire devant permettre une application complète et comprise des dispositions de la loi.
Gérer ce n’est pas seulement appliquer. Gérer c’est également anticiper, prévenir. Gérer c’est faire adhérer au projet commun. C’est tenir compte des sensibilités et travailler autour de règles communes et consensuelles.
Nous sommes dans un pays composé d’une écrasante majorité de croyants. Nous sommes une majorité de musulmans et de chrétiens. Nous devons assumer totalement cette identité propre et la protéger. Nous devons veiller à garantir aux populations la protection de leur croyance religieuse et leur enseignement.
Il ne s’agit pas de se limiter à condamner certaines pratiques mais bien à encadrer et soutenir ce domaine qui fait partie des socles de notre identité.
L’Etat ne peut avoir les mêmes réflexes du colonisateur qui consistait à imposer des règles sans développer une pédagogie spécifique à la nature de notre nation.
Il faut plus d’inclusivité dans la démarche de l’Etat pour mieux renforcer et solidifier une nation fortement fragilisée par le communautarisme et le repli identitaire, qui font que les lois et règlements sont souvent, par ignorance ou par révolte, relégués au second plan pour faire perdurer des pratiques propres à une communauté ou à un groupe.