«Les pièges de Macky Sall pour affaiblir Aar li nu bok…»

 «Aarr li nu bokk» a décidé de changer de fusil d’épaule pour engager un nouveau combat de rue contre le «Macky», sur une vision new look. Guy Marius Sagna, désigné samedi dernier lors d’une assemblée générale, co-coordonnateur de la plateforme, avec Ndèye Fatou Diop Blondin, décline dans «L’Obs» la nouvelle feuille de route de «Aar li nu bokk». Qui entend désormais élargir son champ de compétence, qui était jusqu’ici limité aux questions du pétrole et du gaz. Le patron de «Frapp France dégage» revient sur entre autres questions, sur la léthargie  de «Aar li nu bokk», les pièges de Macky Sall, les nouvelles missions de la plateforme et ses plans d’actions en perspective, l’affaire Aliou Sall-Petro-Tim…

Guy Marius Sagna, vous avez été désigné, avec Ndèye Fatou Diop Blondin, co-coordonnateur de la plateforme « Arr li nu bokk ». Comment avez-vous accueilli cette nouvelle mission?

Personnellement, je considère  cette désignation, co-coordonnateur de la plateforme «Arr li nu bokk», avec Ndèye Fatou Diop Blondin, comme un sacerdoce, un sacrifice de plus. C’est une invitation à servir le peuple sénégalais à cette station de coordonnateur de la plateforme. Pour moi, le coordonnateur n’est qu’un délégué. Il ne s’agit pas d’une promotion. Il s’agit d’un processus par lequel les membres de «Aar li nu bokk» ont désigné des serviteurs. Donc, je ne suis qu’un serviteur, avec Ndèye Fatou Diop Blondin, envoyé par ceux qui ont la souveraineté, notamment l’Assemblée générale de «Aar li nu bokk». Nous sommes envoyés, dans la perspective d’atteindre les objectifs de la plateforme, qui sont d’être un rempart au service du peuple sénégalais. Rempart contre la mal gouvernance, la gestion anti-démocratique, la cannibalisation de nos ressources naturelles, au détriment de notre peuple.

Qu’est-ce qu’il y a de nouveau dans le combat de la plateforme «Aar li nu bokk» ?

«Aar li nu bokk» a décidé d’élargir son concept à des domaines autres que les ressources naturelles. Depuis notre assemblée générale de samedi dernier, il y a un «Aar li nu bokk» avec un nouveau format. Un «Aar li nu bokk» new look, qui continuera à se battre sur la question des ressources naturelles, pour la gestion démocratique, mais également pour que la lumière soit faite sur l’affaire des 6000 milliards FCfa (contrats pétro-gaziers entre l’Etat du Sénégal et Petro-Tim). En plus de cela, «Aar li nu bokk» s’élargit à d’autres domaines. A partir de notre assemblée général du samedi passé, la Constitution, le foncier, la santé, l’éducation, la sécurité, les violences faites aux enfants et aux femmes, etc., font désormais partie de «Aar Li nu bokk». Aujourd’hui, «Aar li nu bookk» a la possibilité de s’autosaisir. La plateforme n’a plus le droit de rester inerte sans rien faire quand les citoyens sénégalais sont agressés dans tous les secteurs de la vie sociale. «Aar li nu bokk» sera aux côtés de tous les citoyennes et citoyens du pays qui sont opprimés quel que soit le domaine.

Etes-vous conscient que vous avez donc désormais une lourde tâche à mener ?

Dans un contexte où ceux qui sont à la tête du Sénégal sont prêts à tout pour pérenniser leur pouvoir parasitaire, il est clair que la tâche ne sera pas facile. Nous savons que cela va être très dur. Mais je suis pour ma part optimiste. Quelles que soient les contraintes qui seront mises sur le chemin de «Aar li nu bokk», le peuple sénégalais a suffisamment de ressources pour y faire face. Notre mission consiste à mobiliser ce peuple, à expliquer davantage pour qu’à travers cet éveil des consciences, il y ait un rapport de forces qui nous permettra de pouvoir faire reculer le Président Macky Sall dans sa gestion non transparente et non démocratique des affaires de l’Etat.

Vous parlez de mobilisation des Sénégalais, mais «Aar li nu bokk» semble avoir perdu des forces. La plateforme ne mobilise plus comme à ses débuts. Ne pensez-vous pas que les Sénégalais ont commencé à vous tourner le dos ?

Nous pensons que comme toute organisation, «Aar li nu bokk» connaît des périodes de flux et de reflux. Aujourd’hui quand vous allez en France, la  mobilisation des «Gilets jaunes» n’est pas au même niveau qu’au début. Au Liban, il y avait de grandes mobilisations, mais il y a un an, cette mobilisation n’existait pas. Au Chili, c’est la même chose. Donc, ce n’est pas un phénomène propre à «Aar li nu bokk» au Sénégal et à l’Afrique. Tous les mouvements sociaux connaissent des moments de flux et de reflux, des moments de marrée basse et des moments de marrée haute. Nous ne sommes pas inquiets, parce qu’en réalité, ce sont les peuples qui font l’histoire. «Aar li nu bokk» n’est qu’un catalyseur. La plateforme essaie d’être une sage-femme de l’histoire. Elle essaie de voir comment accélérer le processus de l’accouchement d’un autre Sénégal où la gestion sera démocratique, transparente. Nous voulons un Sénégal où c’est le peuple qui est souverain et non ceux qui sont élus.

Qu’est-ce qui a réellement freiné l’élan de «Aar li nu bokk» ?

Le premier élément est qu’il n’y a aucun mouvement social qui peut rester au même niveau tous les jours, toutes les semaines, tous les mois. Deuxième élément, de la même manière que nous travaillons à un autre Sénégal, dans une autre Afrique, ceux qui trouvent leurs intérêts parasitaires dans ce Sénégal-ci ou dans cette Afrique-ci ne nous observent pas sans rien faire. Ils vont mobiliser tout leur trésor d’ingéniosité pour empêcher que naisse ce Sénégal libre dans une Afrique libre et unie au service du peuple. Macky Sall et ceux qui ont accaparé nos ressources naturelles, nos terres, ont utilisé un certain nombre de contre-feux. Parmi ces contre-feux, il y a eu l’ouverture du dialogue national, la Coupe d’Afrique des Nations (de juin-juillet 2019), le décès de Ousmane Tanor Dieng, l’arrestation de certains leaders de la plateforme, dont moi-même pendant 30 jours, la réconciliation politique entre Me Wade et Macky Sall. Il y a également la perspective amorcée par le Président Macky Sall, bien avant la naissance de «Aar li nu bokk», consistant à dire qu’il va réduire l’opposition à sa plus simple expression. Donc, tout ce qui permettra d’affaiblir «Aar li nu bokk» sera utilisé contre le peuple sénégalais. Ce sont tous ces éléments qu’il faut prendre en compte (dans la perte de la vitesse de la plateforme, Ndlr). Ce sont des pièges de Macky Sall pour tenter d’affaiblir «Aar li nu bokk».

Mais c’est comme si les Sénégalais ne se reconnaissent plus dans le discours de «Aar li nu bokk», n’est-ce pas ?

Je pense que le peuple sénégalais est en train d’observer, de se préparer. Peut-être que le fait que «Aar li nu bokk» s’est concentré pendant tous ces mois sur la question des ressources naturelles a pu produire une certaine lassitude. D’où la pertinence de la décision actuelle de «Aar li nu bokk» de dire que tout ce que nous avons en commun ne se résume pas à la question des ressources naturelles. Il y a d’autres questions, aussi importantes, que nous avons en commun.

Quand est-ce que «Aar li nu bokk» compte passer à l’acte pour commencer à dérouler son nouveau plan d’actions ?

Le nouveau comité de coordination va se mettre, dans les meilleurs délais, à la tâche pour élaborer un plan d’actions conforme aux résolutions de l’Assemblée générale du samedi 23 novembre 2019.  Dans peu de temps, «Aar li nu bokk» communiquera sur son plan d’actions. Dans les jours à venir, la plateforme s’adressera à l’opinion publique, nationale et internationale, sur un certain nombre de questions pour remobiliser ses membres et le peuple sénégalais.

«Aar li nu bokk se prépare à faire face à d’éventuelles forfaitures, nous ne lésinerons sur aucun moyen pour dire non à Macky Sall…»

Donc, vous envisagez de reprendre des combats de rue contre le pouvoir en place ?

En tout cas, «Aar li nu bokk» ne lésinera sur aucun moyen, avec le peuple sénégalais, pour dire non à la situation actuelle où les Sénégalais traversent les moments les plus durs de leur histoire depuis l’indépendance.

Aliou Sall sera le dernier à être auditionné (aujourd’hui) par le Doyen des Juges dans l’affaire dite du «scandale pétrolier à 6000 milliards FCfa» entre Petro-Tim et l’Etat du Sénégal. Avez-vous espoir que la lumière puisse jaillir dans cette affaire ?

Nous observons avec intérêt les différentes auditions depuis le départ. Nous pensons que la Justice au Sénégal pose énormément de problèmes, particulièrement depuis 2012. On a une justice qui n’est pas indépendante. Mais malgré cette Justice qui est mise au pas par l’exécutif, notamment le Président Macky Sall, il y a des juges indépendants. Nous avons foi à un certain nombre de femmes et d’hommes qui sont dans la Justice, qui sont des patriotes et qui peuvent conduire des dossiers de la manière la plus conforme au droit. Nous allons continuer à observer le processus, à le surveiller.

Selon vous, l’audition d’Aliou Sall n’a-t-elle pas tardé à se faire ?

Cette audition d’Aliou Sall aurait pu se faire depuis longtemps. Elle se fait aujourd’hui. «Aar li nu bokk» s’en félicite car ce processus d’auditions n’aurait pas eu lieu si la plateforme ne s’était pas mobilisée.  Un instrument comme «Aar li nu bokk» est encore nécessaire entre les mains du peuple sénégalais pour exiger plus de transparence, plus de gestion démocratique. Quelle que soit l’issue de ce processus des auditions, «Aar li nu bokk» décidera en son sein quelle est la conduite à tenir par rapport aux décisions qui seront rendues.

Vous vous préparez en conséquence ?

Notre tâche aujourd’hui est de redynamiser «Aar li nu bokk», de remobiliser les troupes de la plateforme et d’éveiller les consciences de nos compatriotes sur la nécessité de ne pas baisser la garde dans cette affaire du scandale du pétrole où sont mouillés Aliou Sall et Cie. Nous allons nous dresser comme un seul homme pour faire face à d’éventuelles forfaitures.

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