Histoire de primes après Sénégal vs Brésil : Tout ce qui s’est passé dans la tanière

Le Sénégal du football renouerait-il avec ses vieux démons de polémiques sur les primes de performance des « Lions » ? On croyait cette question définitivement réglée en novembre 2017, après que la fédération et les joueurs de la sélection nationale, alors fraichement qualifiés pour la Coupe du monde, s’étaient mis d’accord sur un barème en fonction des résultats. Jusqu’à ce que le match amical contre le Brésil, disputé à Singapour ne vienne rappeler que les équilibres pouvaient être précaires.
La livraison du week-end, de nos confrères de Record, faisait ainsi état d’un problème de primes qui polluerait la Tanière, avec une proposition de 1000 euros (environ 655 000 F CFA) rejetée par les joueurs parce que constituant une baisse par rapport à ce qui était retenu après le match contre l’Afrique du Sud en 2017. Pourquoi vouloir revoir à la baisse des primes fixées, bien avant ce match, d’un commun accord ? Dans quelle situation financière alarmante la fédération, qui en un an sort pourtant d’une qualification au Mondial et d’une place de finaliste de la CAN, pourrait-elle se trouver pour chercher à économiser 95 000 F CFA par joueur, soit moins de la modique somme de 2 millions F CFA pour l’ensemble des 21 joueurs présents à Singapour ? eMedia a essayé d’y voir plus clair.

Les conditions de voyage

De notre petite enquête, il ressort qu’il y aurait effectivement eu une discussion au sujet des primes des joueurs à la fin du match amical qui s’est soldé par le partage des points entre le Sénégal et le Brésil (1-1), mais qu’il ne s’agissait nullement de voir le montant à la baisse par rapport au montant de 750 000 F CFA par joueur fixé en 2017 mais plutôt d’une exigence des joueurs de recevoir un montant supérieur, une sorte de prime spéciale en raison de la particularité de la rencontre.

« On a voulu leur donner ces 700.000 de prime (NDLR : 750.000, soit en effet le montant fixé en 2017 d’un commun accord), après les conditions de voyage qui étaient très difficile, avec la distance et le manque de commodités des places. Les gars ont dit non, ils ne prennent pas ça ! », nous confie un proche de la Tanière. Un autre, agent de joueurs, confirme et explique le refus par les conditions de préparation mais aussi par la nature spéciale de ce match. »Les gamins ne sont pas fous, ils ont lu que Brésil donnait quand même 300 millions, pour ce match et pourtant, on les a fait voyager des joueurs en Eco pour ce long trajet, en sachant qu’ils doivent jouer le surlendemain contre le Brésil qui est quand même une redoutable équipe… Imagine s’ils se faisaient battre, ce qu’ils prendraient comme critiques dans la gueule ! »

La particularité du match

Un joueur, qui a requis l’anonymat, détaille ainsi la situation : « C’était une discussion normale, comme dans les clubs quand une équipe réalise une performance et que le président vient dans le vestiaire féliciter les joueurs, ces derniers en profitent pour demander une double prime… Du coup, quand le président (Augustin) Senghor est arrivé, les gars l’ont interpellé sur les conditions du voyage (NDLR : 12 h de trajet, à bord d’un vol commercial, en classe éco pour certains joueurs) et ont ainsi demandé que les primes soient revues à la hausse pour ce match particulier. »

Ainsi, il ne serait, non pas question de réduire la prime fixée à 750 000 FCFA pour un match nul, mais de se faire octroyer un montant supérieur en raison des conditions du match, aspiration d’autant plus légitime que la fédération a empoché une rondelette somme (on parle de près de 300 millions F CFA) de la part de l’organisateur de ce match spécial.

Interpellé sur la question, le président de la fédération sénégalaise de football, confirme ces différents propos recueillis plus haut. « En réalité, explique-t-il, la prime en vigueur pour les matches amicaux est de 750 mille FCFA, soit 1150 euros en contrevaleur et c’est qui a été convoyé sur Singapour par les services financiers de la FSF. Après le match, les joueurs ont souhaité que cela soit revu à la hausse du fait aussi bien des conditions de distance que de la particularité de ce match contre le Brésil. »

1000 euros supplémentaires de prime spéciale, versée en novembre, soit 1,4 million par joueur présent à Singapour

Puis, Augustin Senghor de préciser qu’il n’y avait pas de tensions : « C’était une discussion bon enfant et ils n’avaient pas poser le problème avant le match parce que je n’avais pu rallier l’hôtel à Singapour que la veille vers 22h. Voilà le fin mot de l’histoire », assure-t-il avant de révéler que les 1000 euros (environ 655 000 FCFA) évoqués ne constituaient pas un montant proposé aux joueurs en guise de prime, inférieure de 95 000 F CFA au barème fixé, mais plutôt une somme forfaitaire supplémentaire qui leur est promise pour ce match. « Il serait totalement insensé de vouloir réduire un montant dont le total ne fait même pas 2 millions FCFA. Ce qui s’est passé, c’est qu’après discussions avec certains cadres dans les vestiaires, j’ai accepté leur demande que je comprenais parfaitement et nous avons convenu de leur verser un montant supplémentaire de 1000 euros qu’ils percevront lors du prochain rassemblement de novembre à Dakar. » Ce qui portera le montant pour ce match à 1,4 million F CFA par joueur pour ce match contre le Brésil, soit une somme globale de 29,4 millions F CFA (hors staff technique) et environ 10% de l’enveloppe qui serait perçue pour la participation à cette rencontre.

Du coup, lors de ce regroupement pour les besoins des deux premières journées des éliminatoires de la CAN 2021, respectivement face au Congo, le 13 novembre à Dakar ou Thiès et face à l’Eswatini, quatre jours plus tard, à Mbabane, chaque joueur qui était présent à Singapour aura sa prime habituelle en plus des 1000 euros de prime spéciale pour le match contre le Brésil. Et si un joueur présent à Singapour n’est pas convoqué ? Le président de la FSF promet que « pour ceux qui ne sont pas là, soit l’argent sera déposé dans leur compte soit ils enverront un mandataire (membre de leur famille), » avant de révéler qu’il y a « des joueurs qui souvent à Dakar, laissent l’argent à la famille ou l’utilisent totalement en achat de billets d’entrée au stade pour leurs parents et supporters. »

Emedia

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