Cela fait une année que cette « Affaire des 94 milliards » (exactement 94 177 325 305 FCFA) a éclaté et depuis lors, l’opinion attend toujours d’être édifiée. Ce scandale, reconnu par tous comme tel, n’est plus une affaire opposant Ousmane Sonko à Mamour Diallo ou le premier nommé au pouvoir en place mais plutôt deux doctrines qui se font face : d’une part, celle des partisans de la politique politicienne version sénégalaise et celle incarnée par « Monsieur Propre » de la politique sénégalaise. Il faut rappeler qu’à partir de cette « Affaire des 94 milliards », deux doctrines se sont constituées et des gens sont même devenus des spécialistes en la matière.
Le Patriote en chef qui a ébruité ce scandale réaffirme ses accusations et en a rajouté qu’une partie de l’argent (46 milliards de francs CFA) a déjà été décaissée.
En plus d’avoir déposé une première plainte devant le procureur de la République sans suite favorable, il a fini par déposer une nouvelle autre devant le juge d’instruction en citant nommément cette fois-ci des personnes.
Malgré toutes les démarches entreprises, l’affaire est toujours en l’état et le camp d’en face, qui menace et dément, n’a toujours pas entamé la moindre action à son encontre.
L’accusé principal, à savoir Mamour Diallo, n’a toujours pas eu le courage de porter cette affaire devant la justice, ne serait-ce que pour laver son honneur de père de famille, de citoyen sénégalais, de responsable politique du parti au pouvoir, d’autorité étatique. Surtout qu’il a joué un rôle éminemment crucial dans cette affaire selon ses propres termes dans l’interview qu’il a accordée pour se laver à grande eau : « À ce titre, mon rôle consiste à préparer les actes d’acquiescement … À ce jour, l’État a payé très exactement 3 445 475 000 francs. Car, par la suite, j’avais été informé de l’existence d’un litige entre certains héritiers lébous et SOFICO, au sujet du rachat de leurs créances. Comme mesure conservatoire, j’avais immédiatement suspendu la procédure …».
Malgré tout, il cherche encore une bouée de sauvetage, à savoir les conclusions de la commission d’enquête parlementaire sur cette affaire, pour fonder son argumentaire de défense devant la justice. Ce qui est une lâcheté ! Dès lors qu’il se sente diffamé, il n’avait pas besoin d’attendre encore car il nous avait donné rendez-vous après la présidentielle.
Le pouvoir en place, prompt à trouver la moindre faille pour envoyer ses adversaires derrière les barreaux, n’a toujours pas mis en marche la machine judiciaire aux trousses de M. Sonko. C’est important de dire aux Sénégalais que l’accusé pouvait être utilisé (et peut toujours l’être) par le pouvoir comme « procurataire » avec la lourde tâche de mettre M. Sonko en veilleuse si les charges étaient suffisantes.
L’opinion qui devrait exiger que la lumière soit faite sur ce scandale reste divisée en fonction des deux doctrines qui se font face et qui se mènent une guerre sans merci.
Or, l’important serait de pousser à ce que la vérité éclate car il y’a trop de contradictions notées de part et d’autre : sur un total de 94 milliards, Sonko avance son chiffre de 46 milliards décaissés, Mamour Diallo parle de 3 445 475 000 FCFA là où d’autres nous disent que rien n’est encore décaissé.
Pendant ce temps, les partisans de ces différentes doctrines tiennent en haleine l’opinion nationale sans véritablement chercher à faire éclater la vérité dans cette affaire dans laquelle chacun a quelque chose à se reprocher. C’est comme si personne n’a intérêt à ce que la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, éclate au grand jour.
Ousmane Sonko que nous remercions doublement pour avoir fait éclater ce scandale au grand jour et bataillé ferme pour que les héritiers du titre foncier 1451/R (2.567.707 m2, soit 256 ha) recouvrent leurs avoirs, a commis l’erreur de n’avoir pas dit le rôle que ses cabinets jouaient dans cette affaire. C’est son droit le plus absolu, à nos yeux, que ses cabinets travaillent en ce sens mais il aurait mieux fait de nous dire la vérité depuis le départ.
Maintenant, est-ce que le débat doit tourner autour de cet impair de sa part ? Non ! Le débat est ailleurs. Il s’agit de nos deniers publics et les responsabilités de chacun dans ce voyoutisme au sommet de l’État.
A ce jour, tout le monde reconnait que les véritables ayants droit sont les familles Ndiaga Ndoye et consorts (23 familles au total) qui ont une propriété exclusive sur le TF 1451/R, Tahirou Sarr a fait un rachat de créances auprès d’une partie des héritiers (2,5 milliards de francs CFA) alors que l’autre partie conteste ce rachat, la justice s’est opposée à la procédure d’homologation entamée par Tahirou Sarr et malgré tout ça, ce denier se voit octroyer les 94 milliards à travers deux actes d’acquiescement au détriment des vrais héritiers.
Malheureusement, les politiciens professionnels font de noyer le poisson en traînant Ousmane Sonko dans la boue parce que simplement ce gosse est pressé de prendre leur place au sommet de l’État, il aime de l’argent comme tout le monde d’ailleurs, il a osé vilipender leur système de prédation de ressources publiques en devenant le chouchou de cette jeunesse qui ne demande qu’une autre façon de faire les choses.
Dès lors, il faut le ramer à la place des gosses c’est-à-dire d’éternels suiveurs, il faut qu’il reste sur la longue liste d’attente, il faut qu’il soit vu comme un monstre, un « Monsieur Pas Propre » comme eux, il faut qu’il les laisse encore le temps de continuer à étendre leurs tentacules de prédation.
Voilà en quelque sorte les péchés capitaux du Patriote en chef qui est aujourd’hui l’homme à abattre. Parmi tous les scandales qu’il a soulevés, je ne m’en rappelle plus leur nombre exact, celui-là est l’objet d’un débat sans fin car ses sociétés privées, il faut le signaler au passage, ont des intérêts privés dans ce juteux marché (12%, soit 11,28 milliards de francs CFA).
Ce pouvoir en place n’est pas logique avec lui-même. N’est-ce pas lui qui nous chantait toujours que les transactions qui se font sur notre pétrole et gaz entre les privés relèvent typiquement du domaine privé.
Pourquoi vouloir aujourd’hui ramener une affaire privée dans le champ public ? Surtout par des mêmes personnes qui ont défendu le contraire depuis toujours. D’ailleurs, ces politiciens professionnels n’ont rien à reprocher aux cabinets de Sonko dès lors qu’ils prennent la défense de Tahirou Sarr et ses sociétés (SOFICO et CFU).
Cette polémique entretenue par les politiciens professionnels n’est qu’un lynchage médiatique pour écarter Ousmane Sonko de la tête du peloton de « la course 2024 ». Ils n’hésiteront pas à se fonder sur les conclusions de la commission d’enquête parlementaire afin de mettre en veilleuse sa carrière politique (article 34 du Code pénal).
C’est dans ce seul but qu’il faut inscrire ce lynchage médiatique pour discréditer « Monsieur Propre », chouchou de la jeunesse et l’artisan d’une nouvelle ère de la politique sénégalaise. Une fois le discrédit jeté sur lui et que le clair des Sénégalais commence à douter de sa probité morale, il sera naturellement aisé de légitimer leur manipulation de l’appareil judiciaire avant les échéances de 2024.
Ce sont là les soubassements de cette affaire qui a eu le mérite de regrouper tous les politiciens professionnels, du pouvoir comme de l’opposition, dans le même camp, défendant la même doctrine pour salir le Patriote en chef. Mais, demain il fera jour !
Soumaila MANGA, président Debout Pour La Patrie-DLP, Candidat à la mairie de Ziguinchor