À 18 ans, cet étudiant en physique-chimie originaire de Thiès, à une heure de route de Dakar, est le fondateur de la branche sénégalaise de « Fridays for the Future », le mouvement mondial lancé par Greta Thunberg qui a rassemblé vendredi plusieurs millions de jeunes de Sydney à San Francisco, en passant par Berlin, Paris et Londres.
Au Sénégal, pays d’Afrique de l’Ouest touché par l’avancée du désert, la déforestation et l’érosion côtière, la mobilisation est restée modeste: quelques dizaines de personnes dans la capitale Dakar et une vingtaine à peine à Thiès, essentiellement des amis de Yero.
« C’est ça le problème en Afrique », dit le jeune homme, interrogé par l’AFP sur cette faible affluence.
Yero Sarr raconte qu’il y a un mois et demi, il faisait du porte-à-porte pour secouer les inerties. « Une grande personne m’a répondu: +C’est la volonté de Dieu. Pourquoi voulez-vous aller à l’encontre de la volonté divine?+ ».
« J’ai eu beau essayer de lui faire comprendre que ce n’était pas la volonté divine, vu que Dieu, quand il nous a donné la Terre, il nous a pratiquement tout donné, et que c’est nous qui avons tout dégradé, cette grande personne-là a refusé mes propos », explique Yero Sarr, citoyen d’un pays où plus de 90% de la population est musulmane et où les conversations de la vie quotidienne sont émaillées de la formule « Inch Allah » (si Dieu le veut).
Son interlocuteur a brusquement mis fin à la discussion d’un coup de genou au visage, occasionnant une double fracture de la mâchoire, relate-t-il. Depuis, un appareil orthopédique lui maintient la mâchoire et il dit s’alimenter en « sirotant ».
Il s’est gardé de porter plainte et ses propos n’ont pu être vérifiés de source indépendante.
Contre l’avis des médecins et malgré l’absence de soutien financier, l’étudiant en sciences, pour qui il faut déclarer « l’urgence climatique au Sénégal », a continué ses efforts, bien que la plupart des jeunes soient toujours en vacances à plus d’un mois de la rentrée universitaire.
« Je ne pouvais pas laisser passer l’occasion de la grève climatique. Du moment que je peux faire passer mon message, ça va. Le reste, ça importe peu », affirme cet émule de Greta Thunberg.
Mais il est « très dangereux de parler du problème climatique au Sénégal » , ajoute-t-il en évoquant les « menaces de mort » ayant visé les opposants à la construction d’une centrale à charbon à Bargny, ville industrielle au sud de Dakar où le développement de carrières et d’un port minéralier rencontre également l’opposition des habitants.