Loin des terrains de football, le joueur professionnel de Fc-Edmonton, Mamadou Joseph Anne, et ses co-accusés ont comparu, hier, devant la chambre criminelle pour y répondre des crimes d’association de malfaiteurs, de trafic intérieur de drogue et de blanchiment de capitaux. Les faits pour lesquels ils sont poursuivis remontent à 2016. Selon Le Témoin, un jour de cette année-là, les éléments de l’Ocrtis, informés de l’existence d’un trafic de chanvre indien à Nord Foire, y effectuent une descente. L’exploitation et la fouille du véhicule 4×4 du joueur professionnel avaient permis de découvrir deux blocs de chanvre indien d’une quantité de 1,900 kg.
Appréhendé après l’arrestation de Baba Lissa Ndiaye et Mamadou Joseph Anne, Mamadou Yade a été coffré après un rendez-vous avec Baba Lissa Ndiaye à la Sde de Yoff. Interrogé, le milieu de terrain du Fc Edmonton, au Canada, avait reconnu les faits et avait permis l’arrestation des autres mis en cause suite à la consultation de la messagerie de ses deux téléphones portables. une communication à travers laquelle Mamadou Yade commandait 20 kg de chanvre indien a été retrouvée par les policiers. « C’était ma deuxième opération de vente de drogue », avait-il déclaré aux enquêteurs.
À la barre de la chambre criminelle, les présumés « dealers » ont adopté le système de la dénégation comme moyen de défense. « J’étais venu au rendez-vous pour l’achat de 25 poulets à 2.250 l’un et je détenais 125.000 francs », s’est défendu le tailleur à la barre. Selon le footballeur, la police n’a trouvé aucun gramme de drogue dans sa chambre. « Je ne suis qu’un maillon dans le réseau qui appartient à Papis qui est le fournisseur accrédité et qui garde parfois du chanvre dans ma chambre », avait soutenu à l’enquête préliminaire le footballeur en contrat de 3 ans avec son club canadien.
Entendu, le boulanger Malan Mandiang, appréhendé avec un sac contenant 10 kg 500 de chanvre indien avait déclaré ceci : « J’étais sorti pour boire du café ; une personne a posé un sac à mes côtés et a sorti un billet de 10.000 francs pour acheter un café et 6 cigarettes avant de prendre la fuite. C’est ainsi que la police m’a arrêté comme étant propriétaire de la drogue », a prétendu le pâtissier. Une manière de tenter de rouler les juges dans la farine ? Après l’arrestation du présumé dealer, le fournisseur Demba Keïta, en cavale, a appelé sur le téléphone de Malan Mandiang pour négocier sa libération et sauver son importante quantité de drogue saisie par les policiers. « Le relevé téléphonique de la réquisition de la Sonatel a montré 54 appels de l’accusé avec Demba Keïta. Même s’il gagnait de l’argent dans son club, ce n’est pas suffisant pour loger 14 millions dans son compte bancaire », selon le maître des poursuites.
D’après le témoin et maman du joueur, Nancy Guèye, son fils gérait le compte bancaire de son père retraité et actionnaire de la Sonatel pour le paiement des études de ses frères et son père lui a envoyé des millions pour justifier le montant de 14 millions trouvé dans le compte du joueur de Fc Edmonton. À en croire l’avocat de la société, c’est une association de malfaiteurs qui a été prise en filature à la date du 13 juillet 2016. « Les éléments de l’Ocrtis ont interpelé les occupants du véhicule qui contenait 1,900 kilogramme de chanvre indien. « La collaboration des mis en cause a permis d’appréhender les autres prévenus à l’exception du fournisseur Demba Keita en cavale ».
Pour le maître des poursuites, Malan Mandiang a été interpelé avec une forte quantité de drogue et 30 Kg de chanvre indien reçus d’un fournisseur à Mbour. C’est un vaste réseau de dealers, l’association de malfaiteurs est clairement établie par cette entente des accusés pour commercialiser l’herbe prohibé », a soutenu le parquet. Aussi, le procureur a requis 15 ans de travaux forcés contre Mandiang et Keïta, jugés par contumace, pour les crimes d’association de malfaiteurs et trafic de chanvre indien. Toutefois, il a requis 4 ans contre les autres accusés et une amende au triple de la valeur de la drogue saisie. « En matière de drogue, le produit de cette vente illicite, dont l’origine est déguisée et manipulée, c’est le blanchiment de capitaux » a conclu le parquet.
Quant à la défense, elle a plaidé à titre principal l’acquittement des accusés après trois ans de détention. Plaidant pour Mamadou Lamine Joseph Anne, Me Bamba Cissé a sollicité des circonstances atténuantes pour l’offre et cession en vue de consommation personnelle et a demandé la réduction de la peine à moitié requis par le parquet. Pour lui, il n’y a pas d’association de malfaiteurs sur le délit de cession et l’offre de chanvre indien. Les conseils de Malan Mandiang ont demandé la disqualification des faits reprochés à leur client en offre et cession de chanvre indien. L’affaire est mise en délibéré pour le 3 septembre prochain.