Il n’y a pas l’ombre d’un doute. Rien ne va plus entre Oumar Sarr et les Wade. Pour preuve: il a été écarté du nouveau secrétariat général national (Sen) au profit de Karim Wade, promu secrétaire adjoint chargé de l’orientation, de la modernisation et de l’élaboration des stratégies politiques du parti. Seneweb a tenté de savoir un peu plus sur les véritables raisons de cette séparation si brusque entre l’ancien ministre de l’Habitat et son « mentor ».
Amnistie
En réalité, l’écart est encore beaucoup plus profond entre lui et Karim Wade. En effet, d’après certaines indiscrétions, tout est parti d’une mission de négociateurs -qui voulaient rapprocher Macky Sall et Abdoulaye Wade- laquelle avait commencé à travailler à faciliter une loi d’amnistie en faveur de Karim Wade et de l’ensemble des 25 dignitaires de l’ancien régime ciblés dans le cadre de la traque des biens mal acquis, lancée en 2012.
Mais, c’est sans compter avec la détermination du fils de l’ex-chef d’État, « l’agneau du sacrifice », qui a opposé un niet catégorique. D’après des informations obtenues de hauts responsables du parti, Karim Wade a dit préférer, « par principe », « subir » la sévérité de la loi que de demander à être amnistié. Tout le contraire d’autres responsables dont Oumar Sarr et Samuel Sarr également dans le collimateur de la Crei.
Le premier cité, nous dit-on, en plus d’être frappé par une mesure d’interdiction de sortie du territoire national, avait vu ses biens pistés puis « bloqués » en même temps que ceux d’Aida Ndiongue. La question a été soulevée, à quelques semaines du lancement du dialogue. Des députés, tous de l’opposition, avaient même été saisis pour porter le projet de loi en question, au niveau de l’hémicycle. Mais, ça n’avait pas encore abouti.
En dépit de cela, Sarr, qui était décidé à y prendre part, avait fini de « convaincre » Wade d’aller à la table des négociations sous la bannière du Front national de résistance (Fnr) dont le Pds est partie intégrante. Mais, ce dernier, contacté par d’autres cadres lui demandant la posture à adopter à propos du dialogue national, avait été surpris par les nombreuses sollicitations.
C’est ainsi qu’il a, à son tour, câblé son fils Karim Wade, qui l’a finalement dissuadé, lui signifiant que le parti ne devait nullement participer à ce dialogue jugé comme « une mascarade ». « Rappelez-vous, c’est ce qui expliquait le communiqué polémique signé tard dans la nuit. Les dialoguistes accusaient Karim d’avoir imité la signature de son papa. Les réfractaires au dialogue, pour leur part, accusaient les autres de vouloir négocier des postes dans le probable futur gouvernement élargi à l’opposition.
En plus des postes ministériels, l’on nous parlait également d’autres postes de PCA », nous siffle-t-on. Notre source ajoute: « C’est pourquoi, pour éviter une division, le Président (Abdoulaye Wade) avait vite pondu un communiqué pour dire que le parti n’y va pas ».
Audit des fonds du Pds
Quelques jours plus tôt, la presse rapportait que le pape du Sopi, qui avait tenté de joindre son adjoint pendant trois tours d’horloge, sans succès, pour avoir le compte-rendu de la rencontre du Front sur le dialogue, n’avait pas manqué de tirer sur Oumar Sarr. «J’ai la preuve de ce que tout le monde te reproche. Les militants ne cessent de se plaindre de ton injoignabilité.
Alors que je t’ai remis un téléphone portable pour pouvoir te joindre à tout moment. Nous ne pouvons pas être un grand parti et avoir des problèmes de communication », aurait-il débiné, menaçant de destituer l’homme fort de Dagana. Le 28 mai, Wade a piqué la colère de sa vie quand il a été informé de la présence, contre toute attente, du maire de Dagana au palais présidentiel. L’autre raison, rapportent toujours nos sources, c’est un audit interne qu’aurait exigé Karim Wade de l’équipe dirigée par le désormais ex-secrétaire général national adjoint du parti.
L’on nous informe que Karim Wade a, depuis des mois, demandé à son père, de commanditer un audit « sérieux » des fonds du Pds pour avoir une idée sur la traçabilité des centaines de millions qu’il aurait investis pour son fonctionnement, depuis quelques années. « Mais, cela n’a pas enchanté bon nombre de hauts cadres qui voyaient en cela une sorte de règlement de comptes ». D’ailleurs, on nous fait savoir que ce « projet » de Karim Wade est toujours en cours. « Il continue de réclamer des comptes », jure une autre source.