Ameth Amar: parcours d’un sénégalais ayant cru en son potentiel en 1999 pour devenir incontournable dans la minoterie

Ameth Amar disait : « j’ai construit l’usine en 1999, c’était très difficile au début mais j’y suis arrivé. » Une visite guidée des lieux s’impose, histoire d’être sûr que nous ne raterions rien du spectacle. Il faut dire qu’Ameth Amar aime l’idée de croiser son portrait avec celui de l’usine. Le camion entame sa manœuvre. Demi-tour. Marche arrière jusqu’à la rue principale. Scène banale. Personne n’a cillé, l’ensemble ne manque pas d’allure.

Qui est Amet Amar ?

Ses employés de travail, sa famille, le décrivent comme un intrépide. Une « carapace », aussi, qui résiste à des journées de douze heures. Né à Mbacké, dans la région de Diourbel, il grandit à Dakar. A 22 ans, il fait des cours du soir en compabilité à l’ Ecole Nationale Universitaire de Technologie (Ensut) de 18 h à 22 h, employé à L’Oncad pendant la matinée pour pouvoir payer ses études. Venait-il d’une famille démunie ? Il dit sans sourciller : « non ! Mais ma famille n’avait pas cette culture. Pour eux, l’école ne sert pas à grand-chose. Ils gagnaient bien leur vie dans le commerce. » Elevé par son oncle, Ameth ne connaît pas son père. Sa mère s’est remariée avec un homme qui « le considérait comme son fils. » A 7 ans, un enfant à l’ambition « chimiquement » pure et aux stratégies évidentes derrière une banalité sympa voue un culte à l’argent. À l’heure où les vieux fainéants divaguent en chiens errants et finissent en chiens couchants, Ameth loue son vélo à ses petits camarades, et reverse les bénéfices dans l’achat de pigeons qu’il revendra par la suite.

Vient l’adolescence. Le Baol-baol emploie son temps libre en tenant la boutique de son oncle. Le soir, il écume les boîtes de nuit de la capitale, roule en R5, fréquente Thione Seck…la belle vie quoi ! Il dit : « à l’époque où le groupe Baobab était à la rue Jules Ferry, je sortais tout le temps. Cela m’empêchait de faire des économies. » Armé de son bagout et d’un culot d’enfer, le jeune homme se fait repérer par une société de pêche qui en fait son chef comptable en 1979. Capitaine dans l’âme, il démissionne de son poste, achète une vedette qui fait la navette entre le quai et les bateaux. Il se remémore : « on ramenait les marins en terre ferme, certaines marchandises qui se trouvent dans les bateaux aussi. J’avais 15 mille francs Cfa par traversée. » La voix est sûre, parfois s’éraille un peu, puis repart à l’assaut. « C’est comme cela que j’ai commencé à faire des affaires. » En 1985, il achète deux camions qui transportent des containers, puis une grue pour faire des prestations de services.
1983. Ameth rencontre une fille au feu rouge de liberté 1, la dépose chez elle, et finit par l’épouser en 1986. Depuis, le feu vert a pris la place du feu rouge avec 24 ans d’union et 3 garçons au milieu. L’homme d’affaires tombe sous le charme d’une agent immobilière. Il l’épousera en 2003 et aura 3 garçons avec elle. Et le voilà polygame. Ce baol-baol, père de six garçons, reconnaît que son éducation lui a légué un réflexe naturel pour la discipline. « Il est d’une loyauté à toute épreuve », confirme madame Mbaye. Quelques années plus tard, un ami lui vend son usine à 13 millions f Cfa. Il précise que c’était de la ferraille, Ameth part en France pour acheter des machines, et avoue avoir fait le tour du monde pour chercher des financements. Il dit : « j’avais besoin de 5OO millions, mais les banques n’avaient plus confiance aux hommes d’affaires sénégalais car ils disaient qu’au lieu de construire une usine, ils achètent des belles voitures, une belle maison et le projet tombe à l’eau. » Ce parcours de combattant à la recherche de financement n’aura pas été vain, Ameth inaugure son usine en 2001. Aujourd’hui, il emploie 350 personnes, dit avoir payé l’impôt sur le revenu dès la première année d’activité, et avoue être un patron exemplaire. Il explique : « j’investis beaucoup dans la formation de mes cadres, en plus je leur ai donné 40 millions pour l’achat d’une maison afin de les fidéliser, et je compte construire une cité pour mes ouvriers. » Bravo ! Si tous les boss faisaient comme lui, y aurait moins d’employés misérables.

 

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