Les travaux forcés à perpétuité. C’est la sentence prononcée contre l’accusé Badara Thiam, reconnu coupable de l’assassinat de son beau-père, par la Chambre criminelle du tribunal de Kaolack, sur la première affaire inscrit au rôle de cette présente cession.
Badara Thiam a été aveuglé pour l’amour qu’il voue à sa femme au point de tuer son beau-père. Une faute qui le clouera en prison le restant de sa vie. Fou amoureux de Amy Ndao, fille de la victime Ibou Ndao, âgé de 70 ans et seul obstacle au bonheur du couple, Badara Thiam a commis l’irréparable. B. Thiam et Amy Ndao ont commencé à se fréquenter quand la fille était en classe de Terminale. Les deux tourtereaux se voient en cachette pour vivre leur idylle.
Au fil du temps, Badara Thiam veut officialiser leur relation. Alors, il se rend chez les parents de la fille pour demander sa main. Mais il s’est heurté au refus catégorique de Ibou Ndao. C’est le début d’une longue et pénible période. Mais Badara Thiam ne lâche pas pour autant l’affaire. Les jours et les semaines passent, il revient à la charge auprès du parrain de la fille. Une suite heureuse est trouvée, parce que le parrain de la fille finit par sceller leur union.
Ibou Ndao accepte mal cette situation, ce qui fait qu’il intime l’ordre à son beau-fils de ne jamais mettre les pieds chez lui. Badara Thiam s’exécute. Il oblige son épouse de rejoindre le domicile conjugal. Le couple se la coule douce. Amy Ndao décroche son Bac et fête la nouvelle avec son mari. Mais la vie commune a vite viré au vinaigre, obligeant Amy Ndao à retourner chez ses parents. Informé de la situation, le parrain Samba Fall entame les négociations pour convaincre Amy Ndao de rejoindre son époux. Cette dernière finit par accepter, mais pose la condition de finir son examen à l’Université virtuelle du Sénégal qui doit se terminer le 26 décembre.
Un compromis que l’accusé accepte malgré lui. Cette attente dure une éternité pour Badara Thiam qui n’en peut plus de rester un jour de plus sans sa dulcinée. Le 13 décembre, il se rend à Maka-Kahone pour reprendre son épouse. Une vive altercation s’ensuit, obligeant Ibou Ndao à faire sortir son beau-fils de sa maison. Fatigué d’être humilié par son beau-père, Badara Thiam décide de mettre un terme aux nombreuses humiliations qu’il a subies. Ivre de colère, Badara Thiam décide d’en découdre avec son beau-père, seul obstacle de son bonheur.
Le 14 décembre de l’année 2017, en pleine nuit, Badara Thiam quitte son domicile, sis au quartier Boustane de Kaolack, pour se rendre à Maka-Kahone, à quelque 10 kilomètres de Kaolack, pour solder ses comptes avec son beau-père. A bord d’une moto-Jakarta, Badara Thiam prend la direction de Maka-Kahone. Arrivée sur place, il se rend directement au lieu de travail de la victime qui était gardien de maison. Il escalade le mur, défonce la porte d’entrée de la chambre et ouvre le crâne de son beau-père à l’aide d’un gourdin qu’il a ramassé en cours de route. Son forfait accompli, il prend la poudre d’escampette, laissant le vieil Ibou Ndao, gisant dans son sang. Le lendemain, Amy Ndao, fille de la victime, entre dans la chambre de son père pour prendre son ordinateur et le trouve mort, baignant dans une mare de sang. Prise de panique, elle court chez elle pour appeler sa mère. Pendant ce temps, l’accusé est injoignable.
Les gendarmes ouvrent une enquête pour déterminer les circonstances du drame. 4 jours après les faits, Badara Thiam est interpellé et interrogé par les pandores. Devant les enquêteurs, il craque et avoue avoir porté les coups qui ont causé la mort de son beau-père Ibou Ndao. Il maintiendra ses déclarations jusque devant la barre de la Chambre criminelle de Kaolack où il affirme qu’il n’a porté qu’un seul coup. Le certificat de genre de mort produit par Docteur Ibou Thiam, Anatomo-Pathologiste à l’hôpital Aristide le Dantec de Dakar, atteste d’un décès survenu des suites d’un traumatisme cranio-encéphalique avec fractures multiples du crâne et hémorragie de grande abondance, à la suite de coups et blessures par objet contondant. Des constations qui ont conforté le procureur de la République qui, dans son réquisitoire, a indiqué que le crime d’assassinat est établi.
Selon lui, l’heure choisie pour commettre le crime, l’arme et la partie visée sont autant d’éléments qui permettent d’affirmer que l’intention de donner la mort est établie. Le maître des poursuites a requis les travaux forcés à perpétuité contre l’accusé Badara Thiam. Un réquisitoire qui sonne comme une bombe pour la défense assurée par Me Ababacar Camara. Pour lui, son client n’a jamais nié être l’auteur des faits qui ont conduit à la mort de Ibou Ndao. Mais aucune preuve n’a été apportée à la barre prouvant que l’accusé avait l’intention de donner la mort. Il a plaidé pour la requalification des faits en coup mortel. Dans son délibéré, la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Kaolack, après avoir reconnu Badara Thiam coupable d’assassinat, l’a condamné aux travaux forcés à perpétuité.