Convoqué vendredi à la section de recherches de la gendarmerie de Colobane, le Colonel Abdourahmane Kébé a fait face à la presse, ce jeudi, pour réaffirmer son engagement citoyen. « J’ai droit comme tout citoyen non assujetti à m’engager en politique et dans les actions citoyennes. Et cet engagement est irréversible », a d’emblée déclaré le colonel Kébé. Qui renouvelle son soutien au mouvement « Aar Li Nu Bokk ». Lequel, croit-t-il, lutte pour l’intérêt général en demandant la transparence dans la gouvernance de nos ressources naturelles et financières. Ce mouvement, poursuit-il, « est en train de contribuer, de façon décisive, au développement du niveau de conscience de nos concitoyens. »
« Mon engament citoyen n’est certainement pas pour plaire. Ce qui m’a valu une convocation qui m’a été remise le mercredi 3 juillet 2019. Il m’est demandé de me présenter à la section de recherches de la gendarmerie nationale à Colobane tout en me suggérant de me faire assister par un avocat », informe Kébé qui a récemment gêlé ses activités au sein du parti Rewmi.
Se considérant comme un bon citoyen, il annonce qu’il va déférer à la convocation au jour et à l’heure indiquée. Toutefois, il demande qu’on ne lui serve pas l’argument du devoir de réserve. Selon lui, ce devoir ou obligation de réserve a pour unique objectif de garantir la neutralité et l’impartialité de l’administration et de ne pas nuire à sa renommée. « A ce titre, on peut certes comprendre les restrictions des libertés d’expression appliquées aux militaires en activité et aux autres agents de la fonction publique. Cependant, il n’est pas pertinent de chercher à bâillonner un militaire à la retraite dont l’action n’engage plus l’administration », dénonce-t-il.
Pour lui, cela est un manque de respect à l’égard de ceux qui ont sacrifié l’essentiel de leur vie à respecter les fondamentaux identitaires des armées contribuant ainsi, grâce à leur professionnalisme et leur loyauté sans faille aux institutions de la République, à la stabilité du pays. « Cette inélégance républicaine renforce le sentiment que le militaire sénégalais en activité ou à la retraite est encore considéré comme un citoyen à part et non comme un citoyen à part entière. Et il est temps que cela cesse et définitivement », souligne-t-il.
Le colonel Kébé interpelle ainsi les juristes et les organisations des droits de l’homme pour mettre fin à qu’il considère comme injustice qui veut que le militaire, quel que soit son rang, reste un sous citoyen à sa retraite. Toutefois, prévient l’ex Colonel : « cet acharnement, cet harcèlement qui frise l’intimidation n’entachera en rien ma détermination à servir mon pays au côté du peuple ignoré, souffrant et victime de toutes les peurs ».