Lors de sa passation de service ce jeudi 2 mai avec son successeur, Serigne Bassirou Guèye, l’ex-Procureur de la République, Ousmane Diagne, s’est dit fier d’avoir fait ce que sa conscience lui dictait et ne regrette rien.
Devant ses collaborateurs, Ousmane Diagne, l’ancien procureur de la République, a tenu un discours engagé. Il a soldé ses comptes avec le ministre de la Justice, Aminata Touré et a mis la pression sur son successeur, Serigne Bassirou Guèye.
« Je n’ai jamais été autre chose qu’un procureur de la République et non un procureur du gouvernement. Je n’ai jamais été un procureur d’aucun gouvernement. J’ai travaillé avec plusieurs Gardes des sceaux et à l’exception notable du professeur Moustapha Sourang à qui je rends hommage, j’ai toujours eu de grandes difficultés à certains moments. Mais je rends grâce à Dieu d’avoir exaucé mon vœu le plus cher au moment d’entrer en fonction comme procureur de la République près le tribunal régional hors classe de Dakar qui était de pouvoir sortir la tête haute, sans devoir baisser les yeux devant qui que ce soit. A chaque fois qu’il m’a été possible de dire non, j’ai dit non de la façon la plus ferme, la plus irrévocable. Dieu m’est témoin que je n’ai aucun regret. L’indépendance, ça s’assume, ça se paie », dit-il.
Un magistrat français de surcroît un procureur parlait du devoir de déplaire, dit-il. « J’en ai usé et j’en ai même abusé et j’en suis fier », assume-t-il. Selon lui, le magistrat du parquet doit cesser d’être un fonctionnaire magistrat pour être véritablement un magistrat debout dont le statut consacre l’indépendance et la liberté d’action et de conscience en parfaite conformité avec la Loi.
« Ce n’est pas parce que nous sommes du parquet que nous ne devons pas être indépendants. Nous sommes d’abord et avant tout des magistrats. Nous devenons magistrats du parquet ou du siège en fonction tout simplement des affectations. Il n’y a pas de mérite particulier à être au parquet ou au siège. Il faut savoir que la Justice est rendu au nom du peuple Sénégalais et pas au nom de qui que ce soit d’autre. Il est temps que notre statut soit repensé et amélioré pour que les conditions d’exercice de notre profession soient garanties d’une façon claire et précise, sans toutefois nous conférer une fonction d’électron libre », dit-il.
Ousmane Diagne, très prolixe, note qu’il est temps que les procureurs et les substituts cessent d’être exposés à des risques de représailles à chaque fois qu’ils décident d’exercer une petite parcelle de leurs attributions en conformité avec leur serment, de se comporter en digne et loyaux magistrats.