C’est devant le Tribunal des flagrants délits que la journaliste Aminata Angélique Manga a comparu. Non pas en tant que prévenue, mais plutôt partie civile dans une affaire d’escroquerie foncière, dont elle a subi un préjudice. A ses côtés, le prévenu Babacar Guèye, surveillant général, par ailleurs Président de la Commission d’attribution des terrains à Ouakam, poursuivi pour escroquerie, a vite fait de nier les faits qui lui étaient reprochés.
A la journaliste de s’expliquer sur les raisons de sa plainte après moult hésitations, a-t-elle, d’abord, précisé. Les faits remontent, il y a trois ans, fait-elle savoir au juge. «J’étais désireuse d’acheter un terrain. Alfred, un ami à moi, que je connais depuis 20 ans, nous a mis en rapport, afin qu’il me vende un terrain, car il lui a fait savoir qu’il en disposait», a commencé par expliquer l’ancienne présentatrice de la Radiotélévision sénégalaise (Rts).
Après un accord, il était convenu avec le Sieur Guèye, l’achat d’un terrain sis à Ouakam, moyennant la somme de 11,5 millions. N’étant pas en possession de ladite somme, c’est ainsi que notre consœur a fait un prêt à la banque, au but de pouvoir s’acquitter du terrain. «Comme c’est un ami que je connais bien qui nous a mis en rapport, je me suis sentie en confiance et en respect de mon engagement, je lui ai donné un million francs, en attendant de recevoir mon prêt bancaire», s’est-elle souvenue, la voix remplie de tristesse.
Mais, poursuit-elle, c’est avec beaucoup de surprise qu’elle a su que le même terrain appartenait à un autre ; et pourtant, le surveillant lui avait, en personne, montré le site. «C’est un de mes frères qui, un jour, de retour de sport, est venu me féliciter, parce que j’avais commencé les constructions de mon terrain, ce qui fut une grande surprise, car tel n’était pas le cas», a continué Angélique Manga au juge.
Ainsi, lasse de courir derrière son argent, la journaliste s’est finalement résignée à porter plainte. «Je ne voulais même pas qu’on n’en arrive là, j’ai même eu à discuter avec sa femme pour trouver un terrain d’entente, mais cela n’a pas abouti et moi, j’ai fait un prêt à la Banque que chaque fin du mois, on défalque la moitié de mon salaire», s’est-elle plainte.
Le Jaraaf Youssou Ndoye, cité au procès
Un discours à la suite duquel le prévenu n’a presque pas adhéré. Se défendant comme il pouvait, Babacar Guèye a expliqué que le terrain avait rencontré quelques difficultés, mais était presque résolu. «Ce terrain m’appartient en tant Président de la Commission d’attribution, mais je l’avais acheté au nom de mon fils. Le terrain c’est un permis d’occuper signé par le Jaraaf Youssou Ndoye», a servi le surveillant général comme réponse au juge.
La journaliste de répliquer : «le Jaraaf m’a appelée en personne et donnée un rendez-vous pour régler le problème, mais il n’a jamais respecté son engagement, car finalement, chaque fois que je l’appelais, il ne répondait pas». Des propos qui ont fait sortir les avocats d’Angélique Manga de leurs gonds. «Le Jaraaf, dont il parle, a été déféré ici, pour des mêmes faits ; la vérité est que le sieur Guèye se prévaut d’une qualité qu’il n’a pas», a crié Me Baba Diop.
Son confrère Me Ndéné Ndiaye de renchérir : «il a escroqué une brave dame, qui avait la hantise de trouver un toit où vivre». Ils ont demandé au nom de leur cliente, la somme de 16,5 millions francs pour le préjudice subi. La défense a, quant à elle, plaidé une application bienveillante de la loi. Me Moustapha Dieng a confié au juge que son client n’avait, en aucune façon, l’intention d’escroquer son «amie».
«Angélique Manga est mon amie, je suis sûr qu’elle est peinée par cette situation et croyez-moi, mon client va le rembourser dans un court délai ; et si elle le souhaite, je peux vous garantir si elle le veut, aussi, nous pouvons lui donner un autre terrain ; et cette fois-ci, avec toutes les garanties nécessaires», a détaillé Me Dieng. Qui a demandé au juge de ne pas suivre le Parquet dans ses réquisitions et qui a requis un an de prison dont 6 mois ferme.
Babacar Guèye condamné à rois mois ferme et 15 millions F Cfa
Babacar Guèye a, finalement, été condamné à trois mois de prison ferme, coupable du délit d’escroquerie. A la militante de l’Alliance Pour la République, il devra verser la somme de 15 millions F Cfa en guise de dommages et intérêts.
Ndèye Awa BEYE (Actusen.com)