Le procureur près la Chambre criminelle du TGI de Mbour a mis fin lundi à quatre jours d’interrogatoire rude des thiantacounes sans rien leur faire avouer : les accusés ont endossé la responsabilité pour «ce qui s’est passé» refusant d’admettre la «complicité de Béthio Thioune» et «toute intention de tuer». Malheureusement, le guide religieux n’est pas là pour répondre aux questions des juges. Étonnamment, il a été jugé par contumace. Le parquet et la défense s’étaient renvoyés la responsabilité de cette absence, l’un arguant que c’était au juge d’en décider.
Mais, l’inflexible procureur ne s’est pas laissé attendrir. Au terme d’un long réquisitoire, il a réclamé l’application rigoureuse de la loi. En demandant que les travaux forcés à perpétuité soient prononcés pour 16 accusés, dans les liens de détention, y compris Cheikh Béthio Thioune. Le représentant du ministère public a demandé au juge d’ordonner la confiscation de tous les biens de Béthio Thioune et la publicité des décisions rendues par la Chambre d’accusation. La prison à perpétuité est la peine prévue par la loi pour un meurtre avec préméditation, selon le parquet, qui a, enfin, requis 10 ans de travaux forcés contre Saliou Barro, Samba Ngom, Aziz Mbacké Ndour et Mamadou Ann dit « Pape ».
Bien avant cela, la défense a tenté de démontrer que l’accusé Khadim Seck, terrorisé, avait tiré dans la panique en se croyant attaqué à Médinatoul Salam par des agresseurs, le 22 avril 2012. Le procureur a tenté de contrer cette «vision pitoyable», en rappelant que «la complicité de Béthio Thioune s’est manifestée par la provocation, la menace, et par l’abus de pouvoir». «Il a donné des instructions et il l’a reconnu. Béthio Thioune était au courant, parce qu’il était sur les lieux au moment des faits», estime le procureur. Il n’a pas le sentiment que la vérité a éclaté. Si cela ne dépendait que du parquet, le guide des thiantacounes serait cueilli dès son retour au Sénégal…