Philippe Bohn rompt enfin le silence sur son départ de « Air Sénégal »

Ancien directeur Afrique d’Airbus, Philippe Bohn vient de quitter la présidence de la compagnie Air Sénégal qu’il assurait depuis son lancement en 2017.

Après presque deux ans à la tête d’Air Sénégal, que retirez-vous de cette expérience ?
On a vécu une aventure industrielle assez hors norme. Il y a moins d’un an, nous n’avions aucun avion en opération. Aujourd’hui, la flotte comprend cinq appareils dont 2 ATR, 2 Airbus A319 et un Airbus A330 Neo avec lequel nous avons ouvert la route Dakar-Paris le 1er février comme c’était prévu sur la feuille de route. On a rarement vu la mise en place d’une entreprise aérienne en si peu de temps. Cela nous a d’ailleurs valu une récompense en 2018 (NDLR, le « Most Promising Regional Airlines Award » délivré à Air Senegal par le magazine Capital Finance International). Cela a été une aventure épuisante sur le plan physique car nous avions une toute petite équipe, mais un pays d’Afrique peut démontrer sa capacité à construire une compagnie aérienne, certes modeste, mais qui à la façon d’une Sart-up sera amenée à se développer. Nous avons vécu un moment intense avant le premier tour de l’élection présidentielle, le 24 février, qui était inscrit sur ma feuille de route.

Quels sont les motifs de votre départ ?
Pour mon équipe et moi, la mission est accomplie. La mise en vol en opération a été réalisée dans les délais voulus par le président Macky Sall. C’était l’un de projets majeurs de son Plan Sénégal Emergent. On a préparé équipe qui va reprendre le flambeau. Il y avait une forte demande pour « sénégaliser » la compagnie ce que l’on peut comprendre. Je vogue maintenant vers d’autres horizons professionnels, mais je reste au Conseil d’administration avec la mission d’accompagner le nouveau Directeur général, un garçon très brillant que je connais bien. Je vais intervenir sur quelques questions financières et sur l’ouverture de route sur les Etats-Unis.

On a raconté que votre départ était lié à la panne de l’Airbus A330 Neo, qui se serait révélé couteuse pour la compagnie. Est-ce que cela n’a pas joué aussi ?
Toutes les compagnies aériennes ont des « Aircraft on the Ground » (appareils au sol, NDLR). Il y avait des retours d’odeur d’huile dans le cockpit de l’A330 Neo, c’est bénin, mais un signal à surveiller. Nous avons procédé à des analyses moteurs, très précises, sérieuses. Cela fait partie des alarmes courantes en période de rodage sur les avions neufs. Notre priorité c’est la sécurité, donc on a laissé cet avion au sol. Rien que de très normal. Comme la plupart des entreprises aériennes, nous avons utilisé une réserve chaude avec Hi Fly auprès de qui nous avons loué un avion de remplacement. Sur la partie qui concerne l’Airbus A330 Neo, l’essentiel des frais est pris en charge par Airbus, et par RollsRoyce pour le moteur. L’avion est sous garantie. Donc sur le plan financier, l’incidence est minime. Après, pour nous c’est toujours difficile d’expliquer aux passagers les retards quand on a un incident, mais la priorité absolue c’est la sécurité des vols.

Où en est votre relation avec le président Macky Sall, récemment réélu ?
Le Président est un ami de longue date, plus que d’autres, il connait la fidélité en amitié et la solidité dans mes engagements. Par définition, je ne suis venu que parce c’était lui, un grand chef d’Etat avec une vraie vision. Je ne doute pas que je pourrai faire d’autres choses pour lui et avec lui.

D’autres projets dans l’aéronautique ?
Je forme maintenant un binôme avec Jérôme Maillet. Nous avons des sollicitations dans les milieux industriels, liés au développement des compagnies aériennes sur plusieurs continents.

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