Stoïques, le Premier ministre Mahammad Dionne et son ministre des Forces Armées Augustin Tine affichent le masque de la solennité. Principaux protagonistes du défilé, ils accueillent avec déférence les hôtes de marque du Sénégal (les présidents de la Gambie, de Madagascar et du Libéria) pour le salut au drapeau.
Aucune émotion ne transparaît de leurs visages. L’angoisse de passer peut-être la dernière revue des troupes de leur carrière ne les transfigure. Le défilé de la célébration de la fête de l’indépendance ce jeudi 04 avril ne ressemblera guère à celui vécu les années passées par le Premier ministre Mahammad Dionne et ses ministres. Certes, la rigueur républicaine explique certainement cette obligation de présence sur les lieux du Boulevard du Centenaire.
Parce que sauf changement de dernière minute, au moment de lire ce papier, ou dans les heures qui suivent, en fonction de la volonté épidermique du président de la République, le Gouvernement de Mahammad Dionne devrait cesser d’exister. La séquence politique des événements provoquée par la réélection du président de la République, la prestation de serment ce 02 avril à Diamniadio, le discours à la Nation, puis le défilé du 04 avril… tous ces événements ne pouvaient guère s’accommoder de la démission du gouvernement et la formation d’une nouvelle équipe qui va lancer Macky 2.
D’ailleurs, lors du dernier Conseil des ministres du gouvernement sortant, le mercredi 27 mars, Macky Sall avait prolongé la survie de son Gouvernement jusqu’à ce vendredi 05 avril. Eh bien, ce vendredi, la folle semaine du président de la République va se terminer au grand bonheur des populations et des acteurs économiques qui étaient plongés dans des vacances économiques prolongées. Des opérations de parrainage à partir d’octobre aux dépôts de candidatures, l’élection présidentielle proprement dite, l’attente des résultats, la proclamation de ceux-ci, la prestation de serment et le défilé du 04, près de cinq mois voire six, le pays était au ralenti.
La démission du Gouvernement, la nomination d’un Premier ministre et la formation d’un nouveau gouvernement vont clôturer alors cette séquence qui montre les limites de notre système démocratique trop assujetti au calendrier électoral et au système politique partisan. Puisqu’en réalité, toute la technostructure de l’administration (ministres, directeurs généraux, conseillers techniques…) voulait relever le défi de la réélection du président Macky Sall au 1er tour. Alors au diable, les dossiers de la République, et en particulier les décisions économiques, puisque toute cette technostructure avait délaissé ministères et bureaux pour, par monts et par vaux, se disperser dans les quatre coins du pays « pour porter la bonne parole » de la réélection de Macky Sall.
L’engagement a été gagnant. La balle retourne maintenant dans le camp de Macky Sall qui devra aujourd’hui ou demain clôturer cette folle semaine, surtout ces quatre mois de vacances économiques prolongées.
Afin que ce mercredi, le premier conseil des ministres de Macky 2 puisse se dérouler avec une nouvelle équipe. En tout cas une équipe fortement renouvelée.
Une manière pour le président remettre enfin au travail tout le monde.