Le Sénégal est un pays de paradoxes ! Un pays où tout est possible et tout bizarrement, émeut tout le monde à la fois. Les routes tuent tous les jours et « tuent même plus que le Bon Dieu », comme dirait mon grand père Sérèèr Ngor. Mais, l’Etat ne fait rien et ferme les yeux sur cette tuerie qui continue de plus belle.
En réalité, il ne se passe plus un jour sans qu’un « accident extraordinaire » ne se passe sur les routes sénégalaises. Et personne ne dit rien. Personne ne fait rien! Les grandes célébrations religieuses (Magal , Gamou, Tabaski, Korité) qui enregistrent des déplacements en masse enregistrent des centaines d’accidents par la plupart pour cause de défaillances techniques. Avec leurs lots de victimes, ces accidents tuent et spolient des milliers de Sénégalais, parfois très jeunes.
Et tout le monde se contente de constater simplement ou d’émettre un petit avais autour d’une tasse de thé. Les autorités quant à elles en parlent dans des discours vagues sans tête ni queue. Et les cercueils roulants continuent de rouler sur nos routes, sans papiers réglementaires et mêmes dès fois sans feux de signalisation, tuant et estropiant de pauvres citoyens.
Je ne dis pas que les éléments de la Police et de la Gendarmerie les laissent rouler après avoir reçu 500 ou 1000 F CFA. « Sama yonn nekuci.. » Mais les faits sont là, têtus et insupportables. On ne sait également pas trop comment ces tas de ferrailles parviennent à avoir le sésame au niveau du centre de contrôle technique des véhicules automobiles. Je ne dis pas que les préposés à la visite technique sont des corrompus qui laissent passer les vieilles carlingues moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes « yegu ma gissuma… ». mais le constat est là !
Les cars rapides, les bus européens périmés et les Ndiaga Ndiaye font maintenant partie de notre décor. Par milliers, ils essaiment la capitale, sa banlieue et les capitales régionales de l’intérieur du pays pour semer la mort et la désolation, même si par ailleurs ils remplissent une fonction sociale. En servant de moyen de transport aux populations à faible revenu.
Selon le rapport 2014 de la Direction de la protection civile (DPC) publié au mois de mars dernier et couvrant la période du 1er janvier au 31 décembre 2014, les accidents de la circulation viennent en tête du classement des interventions de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers (BNSP) avec 15 109 accidents qui ont fait quelque 578 morts et des milliers de blessés dont des centaines trainent un lourd handicap.
Des chiffres qui font froid dans le dos en attendant le bilan de cette année finissant qui, à coup sûr, sera beaucoup plus meurtrier car les autorités politiques, à part leur piaillements stériles, n’ont pris aucune mesure courageuse pour arrêter ce macabre fléau.