Modou Diagne Fada : « Je suis le chef incontestable de l’opposition… »

Modou Diagne Fada : « Je suis le chef incontestable de l’opposition… »

Votre site d’informations générales, Samayactu.com s’est entretenu avec le député Modou Diagne Fada qui s’est distingué par une grande disponibilité pour avoir répondu à toutes les questions qui pullulent   l’actualité politique et nationale. Il est revenu entre autres sur l’arrestation du coordonnateur national du PDS, Omar Sarr, l’affaire Lamine Diack, ses rapports avec Maître   Abdoulaye Wade, Aida Mbodji, le Président Macky Sall, le dialogue politique au Sénégal , l’économie sénégalaise et la prochaine élection présidentielle, etc.

 

Votre ex-frère de parti, Omar Sarr est arrêté pour diffusion de fausses nouvelles et jusque-là on ne vous   a pas entendu vous prononcer sur cette affaire . Pensez-vous que son arrestation est légale ?

Je suis le Président du groupe parlementaire des libéraux et démocrates dans lequel Omar Sarr est membre. Quand il a été arrêté le samedi dernier, dès le soir, je me suis rendu au commissariat   du Port de Dakar pour lui témoigner toute ma solidarité et tout mon soutien. Je n’ai pas pu   le voir parce que le commandant ne l’a pas accepté même s’il nous a très bien reçu. Mais, je lui ai fait parvenir un message oral pour lui signifier que j’étais présent dans les locaux  de la Police à la tête d’une forte délégation pour marquer   ma solidarité et mon soutien à un frère de parti, pas un ex-frère frère parce que je ne considère pas que je suis en dehors du Parti démocratique sénégalais. Et le lendemain lundi, je devrais malheureusement venir à Darou Mousty, plus précisément à Kébémer pour présider le débat budgétaire de l’assemblée nationale.  Je n’ai pas pu me rendre au Tribunal régional de Dakar . Mais le groupe des réformateurs  y était fortement représenté. Entre Omar Sarr et moi, il n’y a pas un problème crypto-personnel mais des divergences politiques, des divergences d’orientation, des divergences dans la gestion du parti et des divergences pour l’avenir du parti démocratique sénégalais. En dehors de cela, il reste un ami et un frère. Alors s’agissant de son arrestation, je considère que l’imprudence de Omar Sarr ne devait pas conduire à son arrestation. C’est vrai, il a été   imprudent en se prononçant sur   une question sensible relatée par un journal, c’est vrai, digne de confiance mais qui dès le lendemain, s’est confondu en excuses pour retirer le nom du Président Macky Sall parmi les noms des personnalités qui auraient reçu   un financement. Donc, s’il avait attendu deux ou trois jours avant de se prononcer, certainement   il ne tomberait pas dans ce piège. Et tout   compte fait, son imprudence ne devait pas conduire à son arrestation parce qu’à la place de Macky Sall, je ne l’arrêterai pas ou si je dois l’arrêter , je vais d’abord demander à ce que son immunité parlementaire soit encore levée. Et tel n’a pas été le cas ; ce qui fait que son arrestation est perçue par beaucoup de juristes comme étant une arrestation illégale et sa détention, par conséquent, est aussi jugée arbitraire par   beaucoup de juristes de la place et en ma qualité de député   et président du groupe parlementaire des Libéraux et Démocrates auquel il appartient même s’il le conteste encore , c’est de mon droit d’élever la voix   pour réclamer sa libération et aussi pour appeler à l’unité, l’unité des cœurs, l’unité des esprits, l’unité de la famille politique de Maître Abdoulaye Wade, l’unité de la famille libérale pour encore une fois prendre en charge les préoccupations des sénégalais.

Vous vous réclamez   toujours du Parti démocratique sénégalais. Quels sont les actes concrets que vous allez poser pour exiger la libération du numéro 2 du Pds ?

Nous sommes prêts à nous associer à toute action légale conçue par des frères ou des sœurs visant non seulement la libération d’Omar Sarr , mais la libération de Toussaint Manga, la libération de Victor Sadio Diouf, la libération de Serigne Abo Thiam, la libération   de Khadim Dimba, la libération de Karim Wade et   de tous les détenus d’opinion politique qui pullulent au niveau de nos prisons. Nous sommes prêts encore une fois si nous   sommes associés convenablement à prendre part à toute démarche légale à   faire libérer nos détenus qui sont dans les prisons.

 

Selon des informations qui ont été relayées   par le journal Le Monde, Lamine Diack   est éclaboussé dans une affaire de corruption parce que l’opposition des présidentielles   de 2012 aurait reçu un financement de sa part. Vous , en tant que membre actif de l’opposition, comme vous le prétendez, quelle lecture faites-vous par rapport à cette actualité qui agite le milieu politique ?

Je ne le prétends pas. Je suis le chef incontestable de l’opposition parlementaire dans ce pays. Pour l’affaire Lamine Diack, personnellement j’ai été déçu par   Lamine Diack, à la limite, sidéré par ses aveux. Lamine Diack, je ne le connaissais pas quand il a été député, ministre de la République et maire de Dakar. Moi, le Lamine Diack que j’ai surtout connu, c’est le Lamine Diack des quinze dernières années, celui qui a été à la tête de la fédération internationale d’athlétisme, celui qui s’est toujours   présenté comme un homme respecté, comme un digne représentant, non seulement du Sénégal, mais du continent africain. Quand j’ai lu le journal Le Monde et ayant pris connaissance des aveux qu’il a faits devant les enquêteurs   français, personnellement, j’ai été choqué, j’ai été déçu parce que je n’ai jamais pensé que cette rumeur le concernant était vraie. Je lui ai toujours accordé une confiance et j’ai toujours dit que c’était l’œuvre de certaines officines de certains pays qui voulaient ternir l’image de l’Afrique. Malheureusement, tel ne semble pas être le cas   et que le président Diack a avoué avoir pris de l’argent, a avoué avoir couvert des cas de dopage . Et pour moi, cela est extrêmement grave et Lamine Diack devra présenter des excuses publiques   au peuple sénégalais, des excuses publiques à l’Afrique toute entière parce qu’encore une fois, l’image   du Sénégal est ternie, l’image de l’Afrique est ternie. Et je ne suis pas certain qu’un autre africain serait propulsé à ce niveau de responsabilité encore. C’est un préjudice extrêmement grave fait au continent africain, à la race noire.

 

Les amarres seraient-elles rompues entre vous et le président Abdoulaye Wade ?

La dernière fois qu’on a eu à se parler, c’était au mois d’octobre. Je ne considère pas que les amarres soient rompues.

Et vos relations avec   Aida Mbodji ?

Non, je ne parle pas d’elle.

Pourquoi ?

Non, je ne parle pas d’elle

Ne pensez-vous pas que toute la classe politique ou les dignitaires religieux doivent œuvrer dans le sens de décrisper la situation politique au Sénégal ponctuée par l’arrestation de plusieurs opposants au régime du Président Macky Sall ?

J’ai lancé un appel dans ce sens, il y a de cela quelques mois , pour dire que l’atmosphère était lourde et qu’un dialogue était   nécessaire entre les différentes composantes de l’échiquier national , que nous devrions nous parler et personnellement j’ai toujours appelé au dialogue, à la concertation. Je n’ai jamais soutenu une ligne de radicalisation au sein du Parti démocratique sénégalais parce que je connais l’état d’organisation de mon parti, les lacunes organisationnelles de mon parti et j’ai toujours soutenu que le Pds ne sortira pas indemne d’un bras de fer avec le pouvoir. Quand, on a un parti qui, c’est vrai, compte encore beaucoup de militants mais qui est extrêmement   affaibli, qui est extrêmement désorganisé, on doit changer de stratégies de lutte parce qu’encore une fois   la politique est une histoire de rapports de force . Il faut à un moment donné en être conscients et prendre sur soi le temps de se réorganiser . Les gens doivent se parler , se concerter pour arrêter   ce branle bas de combat qui ne mène à rien du tout. Le pays a besoin   de travail.   Le pays a besoin d’une économie saine. Le pays a besoin d’une baisse drastique des prix des denrées de première nécessité.   Le pays a besoin d’une baisse forte des prix de forte consommation. Encore une fois, le pays a besoin de stabilité , de paix. Bien entendu, chacun restant dans son rôle, l’opposition restant dans l’opposition, le pouvoir restant au   pouvoir.

On n’entend plus le groupe des réformateurs. Avez-vous mis un peu d’eau   dans votre vin ? Ou êtes-vous en train de tramer quelque chose pour vous retrouver avec ses ex-frères libéraux ?

Le groupe des réformateurs est très présent dans l’actualité politique. C’est un groupe qui continue à se réorganiser, à se   restructurer, à travailler et à élargir ses bases et à convaincre les militants du Parti démocratique sénégalais, mais, au-delà les Sénégalais sur la nécessité de repenser la politique, de réformer l’échiquier politique national et sur la nécessité de s’opposer autrement, en un mot, de faire la politique différemment. Et nous y sommes et nous entendons nous y demeurer.

Selon certaines informations, un compromis serait trouvé entre vous et le Pds pour que vous cédiez votre poste de président du groupe parlementaire des Libéraux   et Démocrates ?

Effectivement , il y a eu de bonnes volontés qui   ont   essayé   de rapprocher les positions parce que je rappelle que le problème n’est pas un problème de l’assemblée nationale, ce n’est pas un problème de Macky Sall, de Moustapha Niasse, du bureau de l’Assemblée nationale. C’est un problème du Parti démocratique sénégalais qui a débordé à l’Assemblée nationale. Il faudrait que l’on s’accorde sur les principes et sur la vérité. Mais ce que je peux vous dire, c’est que jusqu’au moment où   je vous parle, il n’y a aucun compromis. Il n’y a   aucun accord entre moi et les députés qui me sont fidèles et les autres. Je reste et je demeure le président de l’opposition parlementaire.

Modou Diagne Fada, candidat à la prochaine élection présidentielle ?

Je ne parle pas de cette question parce que personnellement je ne connais pas encore la date à laquelle va se tenir l’ élection. Attendons de voir   si elle va se tenir en 2017 ou en 2019. En tout cas, ce qui est constant, c’est que nous allons vers des élections législatives en 2017. Au moins, cette date, elle est sûre. Et Modou Diagne Fada et ses amis, Modou Diagne Fada et les réformateurs, Modou Diagne Fada et les Libéraux   se préparent activement à aller aux élections législatives .

Si le Président Sall vous appelait à travailler à ses cotés, accepteriez-vous cette offre ?

Nous ne sommes pas encore là. C’est moi plutôt qui appelle le Président Sall à regagner   les rangs du Parti démocratique   sénégalais   qui est le parti mère qui a enfanté l’Apr, le Rewmi et beaucoup d’autres partis. C’est ce parti   là qu’il faudra reconstruire. C’est la famille libérale qu’il faudra reconstruire.

Samayactu.com. El Ousmane Kébé Diagne

 

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