Son histoire a fait le tour du sénégal et son sort a ému le pays tout entier. Au final, grâce à une enquête ouverte par la rédaction de Kewoulo, le vieux SDF sénégalais qui n’avait de rêve que de rentrer au bercail pour y finir ses jours -afin de reposer dans le cimetière de Touba- a fini par avoir un nom. Une vie bien compliquée. Une histoire plein d’enseignements. Une émouvante affaire qui nous a conduit dans les non-dits des familles impliquées….Récit.
Il s’appelle Ousseynou. Il est né en 1962 à Dakar et a vécu 37 ans en Europe. Principalement en Italie avant de migrer au cours de ces dernières années vers la France pour s’y adonner à la vente de produits de contrefaçon. Loin des siens, Ousseynou est pourtant le père de grands enfants dont, au moins, deux filles âgées de plus 30 ans; l’une vivante au Sénégal et l’autre en Belgique. Cet « homme de bonne famille », devenu sans domicile fixe à Paris, est aussi l’époux régulier de Thérèse, une bonne mère de famille résident à Dakar qu »il continue, malgré les grandes difficultés d’entretenir, en lui envoyant régulièrement de l’argent. »
Pourtant, à en croire les témoignages de l’épouse contactée à Dakar -témoignages rapportés par C.SY, « ça fait très longtemps que sa famille n’a pas eu de ses nouvelles. Et ce, malgré les nombreuses recherches effectuées par les siens. » Aussi, sa fille résidant en Belgique avait profité d’un escale à Paris pour y rencontrer Ousseynou et lui présenter son petit-fils qu’il n’avait jamais vu. « Mais, quand je suis parti de l’aéroport, je me suis fait voler mon argent dans le dortoir où je m’étais endormi« , a déclaré Ousseynou. « Cet argent à en croire Nabou, retrouvée à Dakar par Kewoulo, devait lui servir à retourner en Italie et se faire refaire ses papiers. Mais, Ousseynou n’est jamais reparti. »
C’est à cette date que remonte la dernière rencontre du SDF avec un membre de sa famille. Et depuis lors, il passe ses journées entre Chatelet les Halles, dans le 1er arrondissement de Paris, et le parvis de la célèbre église, Saint-Bernard, symbole de la lutte des Sans papiers en France. Si la famille admet avoir, pendant un temps, perdu le contact avec Ousseynou, elle dément par contre que son pater soit un clochard perdu et abandonné comme l’a présenté cette vidéo virale. « C’est un homme digne et respectable. D’une très bonne famille et ses enfants ne sont pas dans le besoin et peuvent prendre en charge notre père. Nous laissons à Dieu les responsables de cette humiliante vidéo » a déclaré Nabou.
Pour elle, son père n’a pas besoin d’aide. Il est propriétaire de 3 biens fonciers au Sénégal, dont une maison, à Keur Ndiaye Lo. Pour la dernière fille de Ousseynou, « c’est en 2014 que (son) père est venu au Sénégal pour la dernière fois. Il a fait beaucoup de biens dans sa vie et (elle) ne (se permettrait) pas d’énumérer ici, tous les bienfaits réalisés par (son) père. » Contrairement à ce qui a été dit dans cette vidéo, la famille voudrait que l’opinion retienne que le vieux n’était pas dans son état au moment du tournage de ce film. Et, puisque il ne connait rien ni de Facebook ni des autres réseaux sociaux, il ignorait que ses propos allaient être utilisés de la sorte.
Pourtant, c’est le mardi dernier qu’un Sénégalais du nom de C. SY a rencontré par hasard le vieux SDF dans un salon de coiffure du 18eme arrondissement. Au cours de la discussion, il a remarqué que le SDF qui parlait des présidents Léopold Senghor, d’Abdou Diouf et de Youssou Ndour semblait perdu. « C’est pour cela que je me suis entretnu avec lui et il m’a dit qu’il avait faim. Je lui ai acheté à manger et je lui ai demandé de se raser d’abord« , a témoigné C. SY. C’est au cours de cet entretien que le vieux lui aurait soumis son rêve de rentrer au Sénégal, si on lui trouvait un billet d’avion et de l’argent de poche pour pouvoir finir ses jours au bercail et reposer à Touba. « J’étais prêt à lui payer un billet d’avion. Mais, pour l’argent de poche, je devais organiser une quête auprès de mes amis. » Se rappelle C. SY.
Après ce premier rendez-vous, C. SY a trouvé une chambre d’hôtel pour le vieux. Et est allé chercher des habits et de la nourriture pour Ousseynou qui aurait soutenu n’avoir pas dormi dans une chambre, depuis de nombreuses années. « Mais, à ma grande surprise, je me suis rendu compte que le vieux avait du mal à porter son pantalon; parce qu’il portait une grosse blessure à la jambe. Cette blessure lui aurait été occasionnée par un autre SDF au cours d’une bagarre. Et, j’ai aussi trouvé, par devers lui, un ticket d’hôpital. » A témoigné C. SY. Pour Nabou, si c’est vrai que son père a été blessé au cours d’une bagarre, elle voudrait toutefois que l’on retienne que « Ousseynou est un commerçant qui vit de vente d’objets d’art et même s’il ne dispose pas d’appartement en France, il loge régulièrement dans des hôtels. »
« Contrairement à ce qui se raconte à travers les réseaux sociaux, mon père connait nos numéros par cœur et ils ne devaient pas faire cette vidéo de notre père sans notre consentement. » A déclaré sa fille. Pour Daouda, beau-fils du vieux Ouzin, « les réalisateurs de ce film ont fait une erreur monumentale, ils ne devaient pas faire cette vidéo. L’argent qu’ils ont récolté, avec leur cagnotte de solidarité, ils peuvent le garder pour eux. » Si c’est vrai que ça fait un an que la fille et son père ne se sont vus, Mame a déclaré avoir rencontré son père le 13 mars dernier à l’aéroport Charles Degaule de Paris. « C’est vrai que les conditions dans lesquelles je l’ai vu, la dernière fois, ne m’ont pas plu. Et je m’organisais pour le faire venir en Belgique, mais mon père, étant un indépendant, a dit qu’il voulait aller d’abord en Italie refaire ses papiers. De retour en Belgique je lui ai fait parvenir de l’argent. Mais, entretemps nous n’avons plus de ses contacts parce qu’il a perdu son téléphone. » A déclaré Mame, sa fille ainée.
C’est après ce constat que le bienfaiteur du vieux SDF a compris que son rôle auprès de ce vieux compatriote ne s’arrêterait pas, simplement, à lui payer une nuit d’hôtel. « Avec des amis, nous avons décidé de le prendre en charge. Mais, c’est pour permettre aux membres de notre communauté d’avoir des preuves tangibles de notre objectif, puisque dans le passé on a réglé pas mal de cas de sénégalais en difficulté, qu’on a décidé de faire ce film. Et, il était destiné, tout juste, à notre groupe afin de susciter un élan de solidarité. » A témoigné C. SY. Mais, la vidéo qui était destinée à un groupe restreint de personnes a fini par traverser les frontières du privé. Les sites internet étant entrés dans la danse. Alors que le bienfaiteur du vieux Ousseynou, qui est entré en contact avec la famille, a beaucoup sympathisé avec les enfants comme l’épouse du vieux SDF, la diffusion sur internet et la vague de réactions négatives, qu’elle a créée étant parvenues aux oreilles des enfants d’Ouzin, ont détérioré les relations entre la famille et le bienfaiteur. De sauveur, C. SY, qui a dit ne plus pouvoir arrêter la diffusion de cette vidéo de la honte, comme le souhaite la famille, est devenu, aux yeux de cette dernière, « le paria », « le profiteur de la misère humaine. »
Auparavant, par son canal, C. SY avait réussi à créer un compte de solidarité en ligne. Ce compte Leetchee a récolté plus de 825 euros. Et, cerise sur le gâteau, un bienfaiteur qui collabore avec AIR Sénégal SA, a offert un billet d’avion Paris-Dakar. Alors que l’on s’acheminait vers le retour de Ousseynou vers le Sénégal, voila qu’intervient sa fille Mame. « Quand j’ai appris ce qu’ils ont fait de mon père, sur les réseaux sociaux, j’ai loué un taxi de Bruxelles pour aller chercher mon père à Paris. Parce que mon papa n’a pas besoin de cette solidarité. Comment peuvent-ils décider de filmer un père de famille dans ces conditions-là et diffuser cette vidéo qui n’a d’objectif que de leur créer du buzz. Mon père est là tranquillement chez moi, à Bruxelles. Nous allons partir avec lui en Italie et c’est après cela qu’il décidera s’il va rester en Europe ou rentrer au Sénégal. » Pour leur part, les auteurs de la vidéo polémique soutiennent avoir pris cette initiative pour aider un vieux compatriote en situation de grande précarité. Et veulent tout simplemnt que Ousseynou ou sa famille récupére cette cagnotte qui lui est destinée.
Kewoulo