Alors que la ville néo-zélandaise enterre ses premiers morts, Wellington a dépêché son ministre des Affaires étrangères en Turquie et l’ambassadeur turc en Australie a été convoqué pour protester contre les déclarations d’Erdogan.
La tension monte entre la Turquie d’un côté et la Nouvelle-Zélande et l’Australie de l’autre, après les propos du président turc, dans la foulée de la tuerie de Christchurch qui a coûté la vie à 50 personnes. La première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, va envoyer en Turquie son ministre des Affaires étrangères, Winston Peters, pour «remettre les pendules à l’heure, en face-à-face». Il assistera, à la demande d’Ankara, à une réunion spéciale de l’Organisation de la coopération islamique. Parallèlement, le chef du gouvernement australien, Scott Morrison, a décidé de convoquer l’ambassadeur de Turquie. «Toutes les options sont sur la table» en ce qui concerne les relations entre les deux pays, a-t-il averti. Scott Morrison a condamné mercredi les propos «irréfléchis», «ignobles» et «offensants» tenus par Recep Tayyip Erdogan, après la tuerie de Christchurch.
En début de semaine, le président turc avait déclaré que cet attentat s’inscrivait dans le cadre d’une attaque contre l’islam et la Turquie. «Ce n’est pas un acte isolé, c’est quelque chose d’organisé», avait affirmé Recep Tayyip Erdogan lors d’un meeting lundi, deux semaines avant des élections locales, lançant que les Australiens hostiles à l’islam subiraient le même sort que les soldats australiens tués par les forces ottomanes lors de la bataille de Gallipoli, pendant la Première Guerre mondiale. Dans la foulée, le président turc avait appelé la Nouvelle-Zélande à rétablir la peine de mort pour l’auteur présumé de l’attaque et de menacer: la Turquie fera payer le suspect si la Nouvelle-Zélande ne le fait pas.
Un réfugié syrien et son fils
Cette polémique intervient alors que les premières victimes de l’attaque ont été inhumées ce mercredi, lors de funérailles émouvantes dans la ville néo-zélandaise, qui se prépare à plusieurs journées de déchirants adieux. Des centaines de personnes se sont rassemblées dans la matinée dans un cimetière proche de la mosquée Linwood, la deuxième attaquée par l’Australien de 28 ans. C’est là que se sont déroulées les funérailles d’un réfugié syrien, Khalid Mustafa, 44 ans, et de son fils Hamza, 15 ans, qui ont été tués dans la mosquée al-Nour. La famille était arrivée il y a un an en Nouvelle-Zélande, dans l’espoir d’y retrouver la paix après les années d’horreur du conflit syrien.
La coutume musulmane veut que les morts soient enterrés le plus rapidement possible, généralement dans les 24 heures suivant le décès, mais les inhumations ont été repoussées en raison du lent processus d’identification et des investigations médico-légales. Les autopsies des 50 victimes ont été menées mais «seules 12 victimes ont été identifiées» formellement à ce stade, et «six parmi les victimes identifiées ont été rendues à leur famille», a indiqué mardi la police qui a promis de mener à bien sa tâche aussi vite que possible. Le commissaire Mike Bush a dit espérer que la majorité des dépouilles soient restituées avant mercredi soir. «Il serait impardonnable de rendre à une famille le mauvais corps», a-t-il ajouté dans un communiqué.