Un épisode de l’histoire est tourné et les langues commencent à se délier. La réélection de Macky Sall au premier tour avec 58,26% des suffrages a marqué la fin d’un premier cycle parsemé de calculs et de manœuvres politiques. Mais en regardant le rétroviseur, on se rend compte que de nombreux scénarii auraient pu modifier le cours des évènements. Il en est ainsi de la médiation entreprise par Abdou Diouf dans l’affaire Khalifa Sall et qui mal tourné.
Khalifa Sall est arrêté et emprisonné le 7 mars 2017. Il est condamné le 30 mars 2018 pour cinq ans de prison ferme. En effet, il lui est reproché d’avoir détourné 1,8 milliard FCFA dans le cadre de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Mais derrière cette longue affaire politico-judiciaire, «L’As» est en mesure de soutenir que de nombreux médiateurs, avec des compromis sur la table, sont intervenus, mais en vain. Mais la médiation qui a le plus retenu l’attention de nos sources qui se veulent formelles est celle menée par l’ancien Président Abdou Diouf. Beaucoup d’observateurs lui ont reproché de s’être tu dans cette affaire alors que Khalifa Sall lui a été très proche. Mais il apparait que l’ancien secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a essayé de jouer les bons offices entre Khalifa Sall et le Président Macky Sall bien avant l’emprisonnement de l’ancien maire de Dakar, avec à la clé un deal sur la table de l’actuel pensionnaire de la prison de Rebeuss.
Un des émissaires d’Abdou Diouf qui s’est confié à «L’As» révèle que ce dernier voulait convaincre Khalifa Ababacar Sall d’accepter le deal suivant : « taire ses ambitions présidentielles et soutenir en 2019 Macky Sall qui, en contrepartie, devrait lui rendre l’ascenseur en 2024». En effet, selon notre interlocuteur qui a été au cœur des tractations, tout est né de la victoire éclatante de Khalifa Sall aux élections locales de 2014. Le responsable socialiste s’était frotté au pouvoir de Macky Sall sous la bannière de Taxawu Dakar. Rendu euphorique par ses prestations lors de ce scrutin aux enjeux incommensurables, le responsable socialiste, qui était sous de bons auspices, convoitait le fauteuil présidentiel. Surtout qu’il n’a fait qu’une bouchée de Mimi Touré son principal adversaire et Premier ministre à l’époque. Suffisant pour que Khalifa Sall inspire quelques craintes du côté du pouvoir incarné par le Président Macky Sall. C’est pourquoi, renseigne notre source, Abdou Diouf de connivence avec Macky Sall, a proposé un deal à Khalifa Sall. Il s’est agi pour l’ancien Président du Sénégal de convaincre Khalifa Sall à donner des gages comme quoi il allait taire ses ambitions présidentielles en 2019 pour soutenir Macky Sall. Ainsi, il devrait accepter d’être le Directeur de campagne de Macky Sall en 2019 et en cas de réélection accepter d’être nommé ministre d’Etat et chargé de mission du chef de l’Etat. «Une manière de lui permettre de renforcer ses tuyaux à l’international et de tisser de nouvelles relations en dehors de nos frontières. Il ne devait pas non plus occuper de grands postes de responsabilités comme la Primature et autres qui pourraient l’engager et le fragiliser par rapport aux échéances futures.
En même temps, il allait garder la mairie de Dakar», rapporte notre source. FEU DjIbo KA Et Robert Sagna avaient Donné leur accord En contrepartie, Macky Sall ne devrait pas choisir un dauphin dans son propre camp. Mieux, il allait se porter garant pour soutenir Khalifa Sall à la présidentielle de 2024. D’ailleurs, confie l’émissaire d’Abdou Diouf, un tel scénario avait rencontré l’assentiment de nombreux responsables socialistes de la mouvance présidentielle proches de Khalifa Sall tels que feu Djibo Ka et Robert Sagna. «Tous avaient donné leur accord pour une telle proposition non sans promettre de le soutenir en 2024. Et même Ousmane Tanor Dieng qui pouvait constituer un blocage ne s’y était pas opposé», renseigne-t-on. Toutefois, l’émissaire d’Abdou Diouf auprès de Khalifa Sall a déploré le fait que ce dernier ait été perdu par ses jeunes partisans fougueux sans expérience politique. «Ces derniers lui ont fait croire qu’il pouvait remporter la présidentielle de 2019», affirme notre interlocuteur.
A l’en croire, l’ancien maire de Dakar ne devait pas suivre les Barthélémy Dias et autres et il devrait prendre son courage à deux mains et décider de son avenir. «Au début, Khalifa Sall ne semblait pas réfuter une telle idée, mais finalement il a vacillé préférant suivre ses partisans», a-t-il conclu. C’est ainsi que le deal a foiré. Pour l’heure, Macky Sall gouverne et Khalifa Sall purge tranquillement ses cinq ans de prison. Une gageure.