Au terme de sondages effectués entre janvier 2018 et février 2019 dans tous les départements du pays, Moubarack Lo a publié une étude sur l’évolution des intentions de vote pour le compte des cinq candidats à l’élection présidentielle du 24 février dernier. L’ingénieur-statisticien revient sur les conclusions de cette étude marquée par la constance des pourcentages recueillis par Macky Sall et le report de voix au profit d’Idrissa Seck et Ousmane Sonko.
Qu’est-ce qui a motivé votre étude ?
Depuis janvier 2018, nous avons conduit une série d’enquêtes d’opinion dont les résultats ont été gardés confidentiels. Ce qui nous a permis de voir l’évolution continue des intentions de vote en faveur des candidats déclarés. Si nous prenons le cas de Macky Sall, il était à 57 % en janvier avant de chuter à 51 % en avril du fait de l’effet négatif de la condamnation de Khalifa Sall. Il a commencé à reprendre des couleurs à partir de juillet (54 %) avant de se réinstaller à 57 % en octobre jusqu’à l’élection. Le dernier sondage à la veille de l’élection lui donnait 58,28 %. Même au soir du scrutin, les résultats que nous avons recueillis à la radio ont fait état de 58,8 %. Ces résultats sont constants depuis lors.
Dans le rapport, vous indiquez que l’absence de Khalifa Sall et Karim Wade était une aubaine pour Idrissa Seck et Ousmane Seck ?
S’ils étaient là, ils auraient certainement récupéré les deuxième et troisième places. En leur absence, leurs électeurs sont restés longtemps indécis. Certains, déboussolés, ne savaient que faire. Une bonne partie des électeurs de Khalifa Sall s’est affilié à Idrissa Seck, sachant qu’ils étaient dans la même liste aux législatives. Au fur et à mesure de l’approche de l’élection, Idrissa Seck a résorbé le gap le séparant d’Ousmane Sonko car celui-ci le devançait de très loin. Les indécis ou ceux qui ne se sont pas prononcés ont finalement voté pour eux.
Vous avez parlé de baisse d’intention de vote pour Karim Wade…
Ses électeurs sont restés constants, malgré les péripéties, dans l’espoir de sa candidature. C’était la même chose aussi pour Khalifa Sall avec son recours à la Cour de justice de la CEDEAO. Désillusionnés, certains ont commencé à aller vers Sonko notamment Idy à la fin de l’année 2018. En janvier, quand la sanction était claire, ils se sont déplacés carrément. Dans une simulation économétrique, nous avons trouvé que si Khalifa Sall et Karim Wade étaient candidats, Idrissa Seck aurait eu autour de 5 % des voix et Ousmane Sonko 7 %.