La sauvegarde de l’unité au niveau des coalitions présidentielles est toujours le principal défi auquel les partisans d’un pouvoir sont confrontés. Durant leurs derniers mandats, il est habituel de constater des ruptures en lieu et place des fissures difficilement mais habilement gérées lors des premiers mandats. La coalition Bennoo Bokk Yaakaar ne fait pas exception et tout porte à croire que cette majorité présidentielle, qui a déjà du plomb dans l’aile avec l’arrivée des transhumants, aura des lendemains difficiles.Alors que la réélection de Macky Sall est obtenue au terme d’un travail d’équipe assez bien organisé, il faut s’attendre à un éclatement graduel mais inévitable de la structure regroupant les partis de la majorité présidentielle. Il n’est point besoin d’affirmer que les premières frustrations naîtront de la répartition des postes ministériels pour le prochain gouvernement.En effet, la sortie récente du Parti Socialiste (PS) à travers le maire de Yène en l’occurrence le Pr Gorgui Ciss réclamant un quota plus important dans l’attelage gouvernemental est tout à fait symptomatique des évènements futurs. S’il faut y ajouter la sortie récente de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) par la voix de Bouna Mouhammed Seck, chef de cabinet de Moustapha Niass, relançant ainsi le débat sur l’après-Macky, il serait presqu’une lapalissade que de prédire l’éclatement de Bennoo Bokk Yaakaar dont on n’a cessé jusqu’ici de chanter la longévité.Pourtant, on ne le dit pas si souvent, mais la longévité de Bennoo Bokk Yaakaar n’a pas battu et ne pourra pas battre le record de celle de la CAP 21 sous le régime Wade. Avec le pape du Sopi, les formations politiques de la CAP 21 s’appropriaient aveuglément de tous les projets du chef de l’Etat, fût-il le désir de briguer un troisième mandat.L’union sacrée autour de Maitre Wade, écartant toute liberté de ton des alliés, avait fini par rassurer le maître des horloges et le réconforter dans sa politique. Ce n’est pas parce que Wade l’avait réussi que Macky Sall y parviendra parce que les contextes sont totalement différents.Contrairement à la coalition Bennoo Bokk Yaakaar, les partis qui gravitaient autour de Wade et réunis dans la CAP 21 n’étaient pas aussi représentatifs et ambitieux. D’ailleurs aucune de ces formations autour du Parti démocratique sénégalais (PDS) n’avait pu obtenir le remboursement de leur caution après une aventure présidentielle. Ils n’existaient que pour profiter de la générosité du président Wade.La cohésion au sein de Bennoo Bokk Yaakaar sera bientôt conjuguée au passé. Les prémices de l’éclatement sont déjà là, sous nos yeux. Mieux encore, les guerres intestines au sein de l’Alliance de la République (APR) vont devenir plus intenses à l’approche des élections locales de décembre prochain.Le compte à rebours de la bombe à retardement a déjà commencé avec l’annonce de Moustapha Cissé Lô de briguer la mairie de Dakar et son auto-proclamation comme le patron de Yoff qui n’avait pas plu aux partisans d’Abdoulaye Diouf Sarr. Si des dissidences peuvent être notées dans l’APR, il ne faut surtout pas espérer qu’elles épargnent Bennoo Bokk Yaakaar, la coalition fourre-tout aux sensibilités aussi diverses que nombreuses.L’enjeu de la réélection dépassé, les partisans de Macky Sall ne feront pas montre de la générosité des locales passées et les alliés qui ont déjà en tête la reconquête du pouvoir après Macky Sall ne peuvent plus courber l’échine dans un gentleman agreement désormais inopportun.Face à l’émergence des ambitions et des humeurs débordantes de ses alliés, le président Macky Sall ne peut plus gérer ses hommes dans une sorte de « qui-m’ aime-me-suive ». La coalition Bennoo Bokk Yaakaar ne peut pas survivre aux querelles de positionnement, c’est juste une question de temps, le temps que la distribution des privilèges arrive à terme et qu’il ne reste plus aucun espoir d’en bénéficier. |