D’accord, il s’est tellement renié en sept ans, adulé les transhumants qu’il abhorrait avant, mais est-ce un motif suffisant pour ne pas lui donner le bénéfice du doute ?
Il est des métamorphoses qui ne peuvent relever que du saint esprit. Celui qui, par la puissance de ses suggestions, inocule de ses bienfaits, la sagesse des justes aux plus réfractaires de ses brebis. Je veux dire que le Macky de ce mardi gras, est comme qui dirait, la naissance d’un nouvel apôtre : celui de l’unité de ses troupeaux ; le désarmement de ses apôtres guerriers.
Parce qu’il est des transformations (conversions) qui ne peuvent relever que d’une puissance céleste. « Je salue les autres candidats », « je vois un seul camp, celui du Sénégal », « c’est ensemble que nous réussirons ». On a eu du mal à digérer ce qu’on entendait de la bouche du nouveau président, tellement tout était nouveau dans sa bouche, sur son visage, qui reflétait une sérénité non feinte, sans rictus moqueur : il semblait croire ce qu’il disait, nom de Dieu !
« Mon rôle c’est de nous rassembler », « je tends la main à tous pour engager le dialogue ». Et il cite ses prédécesseurs : Diouf et Wade ! Mais à bien écouter ce nouveau Macky, on décrypte que ces appels pressants à l’union, à la paix, au dialogue, s’adressent à l’empêcheur de gouverner en paix : son maître et mentor, maître Wade. Diouf fait partie du convoi « embeded » », embarqué, pour couronner une opération de déminage à grande échelle.
En fait de dialogue, il s’agira plus de déminer les champs de mines politiques qu’il a fait du pays depuis 2012, avec les pétards artisanaux que sont les « affaires » Karim Wade et Khalifa Sall. Ce furent les talons d’Achille de sa gouvernance ; l’enterrement de première classe de ce qui avait fait de sa campagne de 2012, un différentiel politique : « la patrie avant le parti », « une gouvernance sobre et vertueuse », « la reddition des comptes ». Bref, tout ce qui devait constituer les points de ruptures d’avec la matrice originelle de ses repères : les dérives du régime libéral de son père adoptif. Qui l’empêche aujourd’hui de gouverner en paix.
D’accord, il s’est tellement renié en sept ans, (au lieu des cinq promis), adulé les transhumants qu’il abhorrait avant, mais est-ce un motif suffisant pour ne pas lui donner le bénéfice du doute, qui en général bénéficie à l’accusé ?
On peut bien ronger notre frein jusqu’au lendemain du 2 avril comme il le demande, pour prendre connaissance des propositions de dialogue qu’il va soumettre aux acteurs politiques du pays. Mais d’ici-là, Il reste que pour être crédibles, ces appels à la paix sociale, à l’unité, à la réconciliation, doivent commencer ici et maintenant : libérer tous les militants de l’opposition (de Rewmi notamment) arrêtés depuis la campagne électorale et après la proclamation des résultats par la commission nationale de recensement des votes.
Enfin, il nous semble que derrière ces hoquets post-présidentiels, se dessinent en réalité, une profonde recomposition de notre paysage politique. De nouvelles recompositions politiques en profondeur, avec de nouvelles forces politiques, de nouveaux visages, bref de nouvelles manières de faire de la politique vont fatalement irriguer d’un nouveau sang, le champ politique de notre pays.
DEMBA NDIAYE