Dans ma précédente contribution, j’annonçais que dans une toute dernière, je me prononcerais sur les candidatures de Monsieur Madické Niang et du Pr Issa Sall. Le lecteur se rappelle aussi que je faisais état d’attaques dont je pourrais être l’objet, pour avoir posé des questions que certains compatriotes considèrent comme taboues, surtout si elles concernent leurs candidats. C’est effectivement arrivé : j’ai été copieusement servi, ce qui ne m’a pas le moins du monde dérangé. De ce point de vue, je suis vacciné. On me reproche notamment de m’être arrogé le droit de juger des candidats. Je n’ai jugé aucun candidat. A quel titre le ferais-je ? J’ai plutôt posé des questions sur des compatriotes qui aspirent à nous gouverner. Comme nous avons raté deux fois le coche et voté pour presque rien, si on considère la grosse déception qu’ont représentée pour nous l’alternance du 19 mars 2000 et celle du 25 mars 2012, j’avais bien le droit de tenter de mettre en garde mes concitoyens et mes concitoyennes : nous devrions éviter de nous tracasser encore pour rien ou presque, pour une troisième alternance sans alternative, qui inscrirait sa gouvernance dans ce vieux système que nous vivons depuis 59 ans. C’est exactement dans cette perspective que je me suis posé des questions sur les deux premiers candidats de l’opposition, seulement des questions de clarification.
Le candidat qui sera élu le 24 février 2019 ou, au plus trois semaines après, en cas de second tour, devrait être un Président de la République dont l’élection s’explique non par une quelconque appartenance (ethnique, religieuse, confrérique ou autre), mais par sa seule capacité de répondre (positivement) à nos attentes de 58 ans. Un Président de la République qui sera en tous points de vue un modèle : compétent, vertueux, juste, aimant profondément le pays, respectueux de tous ses concitoyens et de toutes ses concitoyennes, du bien public comme des engagements pris. Un Président de la République digne, vraiment digne de la fonction et plaçant l’intérêt supérieur de la Nation au-dessus de toutes autres considérations. Ce Président de la République qui s’entoure d’hommes et de femmes à son image, et exclut toute idée d’associer au pouvoir sa famille et/ou quelque lobby que ce soit.
Le jour J, ce jour crucial du 24 février 2019, tous les candidats doivent être représentés dans les bureaux de vote par des personnes vigilantes et déterminées qui n’accepteront pas, qu’à l’occasion d’une pause, on les invite à partager un repas hors du bureau de vote. Ces quelques minutes peuvent être fatales à l’opposition. Les plus jeunes et les plus vigoureux doivent aussi, après avoir voté, attendre sur place que les résultats soient affichés. Ce sera, pour eux, l’opportunité de surveiller les acheteurs de consciences. Dans le milieu rural, les électeurs du candidat sortant viennent avec, en poche, une enveloppe contenant son bulletin. Ils prennent pour la forme les bulletins des cinq candidats et, arrivés dans l’urne, glissent l’enveloppe et gardent avec eux les bulletins des quatre candidats de l’opposition, qu’ils présentent comme preuves aux acheteurs de consciences. Il convient de signaler que cette opération n’est possible qu’avec la complicité active des sous-préfets, des préfets et peut-être de la Commission électorale nationale autonome (CÉNA).
Ce jour-là, l’opposition ne devra compter sur aucune autorité, qu’elle soit administrative, militaire, judiciaire ou dite autonome. Elle ne devra surtout pas compter sur les différents observateurs, encore moins sur ceux de l’UNION EUROPÉENE qui, malgré leur bonne volonté, n’y verront que du feu dans les différentes stratégies de fraudes du président-politicien pour qui la réélection est une question de vie ou de mort, pour lui comme pour les autres de son camp car, conscients des déboires judiciaires auxquels ils ne manqueront pas de faire face en cas de défaite.
Dakar, le 23 février 2019
MODY NIANG, e-mail : [email protected]