L’OBS – Dans la Grève des battu, l’écrivaine Aminata Sow Fall dénonce les travers des puissants et donne un visage aux éternels humbles du Sénégal et d’ailleurs. Mais dans le très fortuné quartier des Almadies, l’on a assisté à une sorte d’épilogue de ce roman, puisque la deuxième épouse de l’ancien président de l’Assemblée nationale s’en est prise, sans gêne, à des mendiantes qui ont eu le «toupet» de s’asseoir aux abords de son cossu domicile. Récit.
L’histoire pouvait passer inaperçue, se régler discrètement dans l’arrière-cour d’une maison ou sous le baobab. Mais quand Ndèye Marie Diallo, la seconde épouse de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Pape Diop, s’en prend, de façon plutôt discourtoise, à de pauvres mendiantes qui squattent la devanture de sa maison sise aux Almadies, cela intéresse forcément. Puisque le hic fait tilt. C’était la semaine d’avant le Magal de Touba. Ce vendredi-là, un groupe de mendiantes, habits dépenaillés, mines déconfites, regards perdus, s’installent devant le domicile, guettant les mains généreuses des fidèles venus sacrifier à la prière du vendredi. Mais ce jour-là, Madame Diop, Ndèye Marie Diallo, du haut de ses talons et de ses parures, écrase de toute sa condescendance le groupe de mendiantes, en leur demandant de vider les lieux. Elle ne se gêne même pas, raconte un témoin, pour les menacer que si elles ne quittent pas dare-dare les abords de sa villa cossue, elle va appeler la gendarmerie. Quelques unes des mendiantes obtempèrent, sans se retourner. D’autres, enclines à penser qu’elles ne gênent aucunement, font de la résistance. Ndèye Marie Diallo, la seconde épouse de Pape Diop, prend alors son téléphone pour câbler les gendarmes. Quelques minutes plus tard, deux hommes de tenue débarquent pour demander aux mendiantes de s’éloigner des lieux. Informé de la situation, Mouhamadou Lamine Diagne, le délégué de quartier des Almadies, fait le déplacement pour s’enquérir de la situation. L’homme qui a blanchi sous le harnais, semble tomber des nues quand on lui raconte ces faits si inédits. Il s’en va alors toquer à la porte de la dame de Pape Diop pour lui demander de faire preuve d’indulgence à l’égard de ces femmes démunies. En fin de compte, les femmes décident de s’asseoir désormais en face de la maison de la seconde épouse de Pape Diop, qui soupçonnait certaines mendiantes de pratiques mystiques sous le couvert de leurs petites tenues de «misérables» (sic), raconte notre source, désarçonnée par une mentalité si rétrograde.
Mais la suite est un flot de réflexions courroucées, exagérées, de vacheries lancées par la seconde épouse de Pape Diop à l’encontre de ces femmes mendiantes. Les traitant de «miséreuses», «d’encombrantes», elle n’arrête pas de les houspiller. Puisque Ndèye Marie Diallo demande au jardinier de maisonnée, Diémé, d’aller couper l’arbre planté depuis des années en face du domicile de Pape Diop. Exposant ainsi les mendiantes aux durs rayons de soleil. Cette fois-ci, l’imam et délégué de quartier, Mouhamadou Lamine Diagne, s’en ouvrent à l’ancien maire de Dakar, Pape Diop, qui pique une colère noire. «Ce n’est pas normal, ce que tu as fait, il faut laisser ces bonnes dames tranquilles, sinon la prochaine fois, tu auras affaire à moi», tempête l’homme politique. S’ensuit un esclandre, des échanges de mots. Jointe au téléphone, Ndèye Marie Diallo, l’épouse de Pape Diop, freine des quatre fers. «Je ne suis pas au courant d’une histoire avec des mendiantes. Je n’ai pas de version à donner, parce que je n’ai aucun problème avec les mendiantes», botte-t-elle en touche. Sans plus. L’on est allé voir le chef de quartier et imam de la mosquée, Mouhamadou Lamine Diagne, qui n’a pas voulu en rajouter. «Je ne souhaite pas parler de ça.»
Aux Almadies, des voisins de Pape Diop estiment que sa deuxième épouse, Ndèye Marie Diallo, sait être odieuse et souriante tout à la fois. L’on dit d’elle qu’elle s’assume dans son mode de vie à l’ancienne. Ce que Mme Diop réfute.
MOR TALLA GAYE http://www.igfm.sn/l