Enregistré sous le nom de l’Association des Etudiants pour le Développement de la Casamance (AEDC), le mouvement régional et estudiantin également dénommé « Kekendo » a souvent fait l’objet de vives polémiques. Président de la Commission culturelle dudit mouvement, Yaya Sambou revient en large sur ses orientations.
M. Yaya Sambou, parlez-nous de la genèse et de l’objectif de votre organisation.
L’Association des Etudiants pour le Développement de la Casamance (AEDC), plus connue sous le nom de Kékendo, a été créée juste après le naufrage du bateau Le Joola (2001). Les étudiants originaires de la Casamance et orientés à l’UCAD avaient des problèmes de logement, de restauration, d’accès aux amphithéâtres, etc. Nous avons alors pensé à une association qui regroupe tous les étudiants ressortissants de la Casamance : qu’ils soient de Ziguinchor, de Kolda ou de Sédhiou. Il s’agit donc d’une association qui est là pour aider ces étudiants sur le plan pédagogique ou social.
Votre mouvement a provoqué beaucoup de polémiques et a souvent été associé à des actes de violence dans le campus. On vous a même accusé d’être les bras armés du COUD (Centre des œuvres universitaires de Dakar)…
Il y a beaucoup d’incompréhension par rapport à cela. La violence n’a jamais été l’apanage du Kékendo. Elle fait partie de l’université. Sur ce point, il faut nécessairement qu’on contextualise. L’université était une jungle et le Kékendo devait s’adapter aux réalités du moment. Nous ne sommes pas violents. Il y a des réalités auxquelles nous devions faire face.
Quelles étaient ces réalités ?
Dans les années 2000 et 2001, c’était l’anarchie totale dans le campus social. Face à la situation, nous étions obligés de nous adapter. Il était impératif de défendre nos intérêts. Le Kékendo s’est juste évertué à la mise en place d’un cadre sécuritaire pour ses membres.
Mais au-delà de cela, nous avons constaté que durant les périodes de codification, le nom de votre association revenait toujours dans des situations marquées par la violence…
Les membres de Kékendo ne sont pas des marginaux. Ils sont étudiants comme tout le monde. Ils ont droit aux codifications comme tout étudiant régulièrement inscrit. Si nous constatons une certaine marginalisation au niveau des codifications, nous réagissons pour attirer l’attention de l’autorité. Il y a eu des membres du Kékendo qui avaient codifié et à qui on avait tout bonnement refusé l’accès à ces chambres-là. Voilà des choses que nous n’admettons pas.
Sous le magistère du président Wade, on avait également remarqué que la polémique s’était étendue hors du campus, faisant même dire à certaines figures politiques comme Amath Dansokho que vous étiez un mouvement violent. Quelle appréciation faites-vous de ces allégations ?
En ce temps, M. Dansokho nous accusait d’être le bras armé du régime, c’est-à-dire du PDS (Parti Démocratique Sénégalais). Mais le Kékendo demeure et restera une association apolitique. Maintenant, chacun a le droit de militer où il veut. Concernant les propos de M. Dansokho, je pense que cela ne mérite même pas de faire l’objet d’une discussion. Nous, nous avions été clairs. Nous lui avions tout simplement demandé de fournir les preuves de ce qu’il avançait. Et je pense que si nous étions un bras armé, la police aurait fait son travail. Alors, permettez-moi de ne pas m’attarder sur ce point.
Certains vous accusent également d’avoir un certain penchant pour l’idéologie indépendantiste ?
En ce qui concerne l’idéologie indépendantiste, la position du Kékendo est claire. Nous sommes des fils de la Casamance. La plupart d’entre nous est née et a vécu cette guerre. Nous voulons qu’elle cesse. Et aujourd’hui, je le répète encore une fois, le Kékendo n’est pas un mouvement indépendantiste. Nous sommes des étudiants, des jeunes de la Casamance, soucieux de leur avenir. Aujourd’hui, nous travaillons sur cela. Seulement, les gens n’ont pas compris notre approche. Mais juste parce qu’ils nous voient discuter avec le MFDC (Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance), ils pensent que nous en sommes membres…