L’argentier de l’Etat, Amadou Ba a tenté hier de rassurer, mais un certain nombre de Sénégalais ne semble pas , du tout alors convaincus par les arguments du ministre des Finances.
Le Fmi a révélé récemment que notre pays va connaître un déficit budgétaire de 115 milliards de F Cfa, au moment même où l’opposition et la société civile affirme que les «caisses de l’Etat sont vides». Pendant que les Sénégalais s’interrogent sur cette sombre perspective qui guette notre pays et à quelques encablures de l’élection présidentielle de février 2019, c’est le ministre de l’Economie et des finances, Amadou Ba qui monte au créneau pour tenter de rassurer tout le monde.
A l’en croire, les tensions de trésorerie que connaissent les finances publiques constituent un mal qui produit du bien, car elles seraient la conséquence du choix du gouvernement d’injecter des centaines de milliards de nos pauvres francs dans le secteur de l’énergie pour empêcher une hausse considérable du prix du carburant et l’électricité. Un choix du gouvernement dicté par la volonté du président Macky Sall de faire de l’année 2018 une «année sociale».
Selon le ministre des Finances qui s’exprimait en marge de la revue conjointe du portefeuille des opérations de la Banque mondiale, les dépenses de notre pays pour tout ce qui concerne le carburant et les produits pétroliers représente 20% de nos recettes budgétaires. Ces ressources «perdues» seraient donc «récupérées» en faisant des coupes prélevées sur d’autres secteurs parce qu’il fait faire un choix difficile : ou on répercute les prix sur le consommateur pour gagner de l’argent et financer les projets en cours, ou on serre la ceinture de l’Etat le temps de procéder à des ajustements en bloquant les prix et en augmentant les subventions. De quelles subventions parle-t-il ?
Surtout que depuis plus d’un an les cours mondiaux se sont nettement appréciés, selon les observateurs. Ces derniers pensent que la solution la plus simple serait plutôt de suspendre certaines taxes sur les produits pétroliers. Ces produits payent en effet plusieurs taxes comme la TVA et de nombreuses autres taxes spécifiques aux hydrocarbures.
Que fera le ministre des Finances si, par exemple le prix du baril de pétrole connaît une nouvelle flambée dans les semaines à venir ?
Les observateurs avertis préconisent un abandon total de cette politique de subvention généralisée au secteur des hydrocarbures et à d’autres secteurs, surtout que le produit de ces subventions ne profite pas aux Sénégalais. Car ces subventions sont captées par des catégories socio-professionnelles déjà plus que nantis.
En revanche ces mêmes observateurs préconisent que cette manne soit réinjectée directement dans des secteurs qui bénéficieront directement aux populations les plus démunies. Les opposants qui crient haro sur la mauvaise gestion du régime ont peut-être raison de tirer la sonnette d’alarme car, à ce rythme, notre pays risque de sombrer dans une grave crise financière. Parce que, paradoxalement, l’Etat continue à financer des activités improductives comme les multiples cérémonies religieuses et gamous à n’en plus finir alors que les seules contributions des talibés peuvent les financer sans recourir à l’argent public. Il y a donc problème, mais les solutions sont connues. Pas les solutions électoralistes qui constituent à bloquer les prix jusqu’après les élections, mais des solutions pratiques qui soulagent le consommateur lambda qui a déjà assez de mal à assurer deux repas par jour plutôt que trois.