Championne d’Afrique 2015, Oumou Kalsoum Touré n’a plus disputé une compétition majeure avec les Lionnes depuis les Jeux Olympiques de 2016 au Brésil. Présélectionnée pour la Coupe du monde, elle ne sera pas retenue dans les 12. Dans cet entretien, elle parle sans détour de cette campagne avortée, son avenir en équipe nationale, la question de la relève et ses objectifs avec Basket Club Saint-Paul Rezé, pensionnaire de la Ligue Féminine 2.
Comment vous avez vécu votre non sélection lors de la Coupe du monde ?
Cette campagne est la pire que j’ai connue jusque-là. Je suis déçue de voir autant d’amateurisme à ce niveau surtout quand on a les moyens d’aller loin. En même temps, il en faut peu pour les satisfaire donc pourquoi ils chercheraient à aller plus loin et rivaliser contre les équipes internationales. Je ne suis pas la seule qui le pense. De toute façon, quand on entend le discours des sélectionneurs, il y a tellement de joueurs et joueuses pour qui leur avis importe peu. En gros, il faut subir et si tu n’es pas content…
« Je n’ai jamais manqué de respect à personne »
Selon certaines sources, vous vous êtes mal comportée après votre non sélection ?
Je le répète tout le temps et je ne cesserai de le dire, je suis une personne croyante. Dieu fait ce qu’il y a de meilleur pour moi et je lui fais entièrement confiance. Je laisse tout entre ses mains comme je l’ai toujours fait. En 2015, c’était la première fois que je posais mes pieds en équipe nationale et cette année là on a gagné la coupe d’Afrique. J’ai participé à cette campagne du début à la fin. Je ne me suis pas mal comportée. Je suis partie sans dire au revoir au staff. Et j’ai appris par la suite que c’est la raison pour laquelle je n’ai pas été rappelée quand il y avait une blessée. D’après des sources internes, la joueuse blessée avait beaucoup pleuré et finalement l’entraineur avait décidé de la garder dans l’effectif. Je respecte les joueuses, les dirigeants, les kinés et même l’intendant de l’équipe. Je n’ai jamais manqué de respect à personne. Je n’ai pas reçu cette éducation. Je suis quelqu’un d’humain et je sais comment vivre en groupe. Je n’ai jamais eu un mauvais comportement avec mes coéquipières au contraire elles m’apprécient énormément. Je reste la même personne en équipe nationale comme en club. Je ne suis pas une hypocrite ça tout le monde le sait et on ne pourra pas changer ma nature.
« La sélection n’appartient ni aux dirigeants ni aux coaches »
Vous n’avez plus disputé une compétition majeure avec les Lionnes depuis les JO. Est-ce que vous ne faites pas les frais de vos changements de clubs ?
Je ne vois pas le rapport entre mes changements de club et la sélection. L’essentiel c’est ce qu’on apporte à l’équipe. C’est pourquoi je n’ai jamais compris le fait de dire qu’une telle n’a pas joué une saison entière, ou bien une telle n’a pas de clubs. Avec une bonne organisation, il y a assez de temps pour faire une bonne préparation, au moins essayer de remettre certaines à leur niveau et faire la meilleure sélection.
Allez-vous continuer avec la sélection ou y mettre définitivement une croix ?
Il ne faut jamais mettre une croix à une sélection car on joue pour son pays. La sélection n’appartient pas aux dirigeants ni aux sélectionneurs même s’ils ont un certain pouvoir sur les décisions. Pour l’instant, je me concentre sur mon club ici à Nantes.
« Le Sénégal a la meilleure équipe d’Afrique »
Le Sénégal peut-il reconquérir le titre africain chez les dames en 2019?
Oui et j’ai toujours dit que le Sénégal a la meilleure équipe d’Afrique. Nous avons des cadres qui jouent dans les meilleurs championnats. Nous avons des joueuses athlétiques et physiques et de bons sélectionneurs.
La question de la relève revient souvent en sélection. Pensez-vous que les jeunes filles sont assez outillés pour prendre le relai ?
C’est difficile de répondre à cette telle question. Mais, je constate que la moyenne d’âge de la relève au Sénégal est comprise entre 25, 28 voire 30 ans malheureusement.
En France, il me semble que la plus âgée c’est Sandrine Gruda (31ans). Certaines joueuses dans d’autres pays ont 18 ans quand elles intègrent leurs équipes nationales.
Je pense que cette question mérite d’être plus approfondie entre les dirigeants et les sélectionneurs car tout le monde parle de sang neuf mais on ne sait pas ce qui se décide en interne.
Et comment se passe la saison avec Basket Club Saint-Paul Rezé ?
Tout se passe très bien. Je ne me plains vraiment pas car je sens que c’est une équipe qui a de l’âme. Notre objectif est d’aller le plus loin dans la compétition.
RECORD