Réponse a Mr Momar Seyni Ndiaye : Gestion de l’eau au Sénégal – légèretés et dérapages d’une analyse très parcellaire

Intervenant comme analyste dans le processus du nouveau contrat d’affermage M. Momar Seyni Ndiaye s’est encore une fois exprimé dans une vidéo postée sur www.seneweb.com ce mardi 30 octobre 2018 sous le titre « Le choix de Suez pour la gestion de l’eau est un vrai scandale ».

M. Ndiaye prend le parti des conclusions spéculatives, loin de cette double présomption de sachant et de bonne foi que doit lui conférer son statut d’ancien Directeur de la Communication de la Société Nationale des Eaux du Sénégal (SONES) et de journaliste.

Dans l’exercice de sa liberté d’opinion que tout le monde doit lui reconnaître, M. Ndiaye prend de si curieuses libertés avec la réalité pour un cocktail d’amalgames et de considérations personnelles très acides. Hélas, lorsque les tirs ciblés s’accumulent sous l’emballage de la liberté d’opinion, les dérapages deviennent les éléments constitutifs d’un acharnement sur une procédure de sélection en cours et de manière clairement partisane.

De tels manquements à la capacité de discernement appellent des précisions de notre part.

LA PSEUDO PERTE DE LA SOUVERAINETE EN MATIERE HYDRAULIQUE : M. Ndiaye fait la jonction entre deux marchés différents pour deux époques distinctes : la construction de la nouvelle usine KMS3 après KMS1 et 2 et le contrat d’exploitation du service public de l’eau potable. Et il décrète un accaparement de la politique hydraulique par une multinationale française ! L’attribution de ces marchés relève de procédures, d’autorités contractantes et d’époques différentes.

La SONES et le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement ont deux Commissions des Marchés distinctes. Le conflit d’intérêt n’est pas opérant dans ce cas. Il y a également lieu de signaler que, pour le projet de transfert d’eau KMS3, la part de la construction de l’usine est de loin moins importante que les travaux de conduites sur 216 kilomètres de Sébikotane à Keur Momar Sarr, sur les bords du Lac de Guiers (80%) du financement. Quid des autres lots ?

AMALGAMES SUR LES REGLES DE LA PASSATION DES MARCHES PUBLICS : Sur la base d’une confusion entre un « marché de travaux » et une « délégation de service public », le jugement de M. Ndiaye tombe, sans appel et plus rapidement que le verdict des services compétents : « un fait inédit, grave, une violation flagrante des processus de passation des marchés ». Les spécialistes le diront : l’affermage, qui relève de la délégation de service public, n’est pas unsimple « marché de travaux ».

L’obligation de réserve ne permet pas à la Commission des Marchés du Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement de communiquer sur les évaluations. En tout état de cause, le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement n’a aucune obsession, de quelque nature que ce soit. Dans ce même contexte, l’honorabilité des agents de la Société Nationale des Eaux du Sénégal (SONES) est au-dessus de toute considération tendant à assoir la mainmise d’une quelconque société, d’ici ou d’ailleurs, sur le patrimoine national de l’eau potable.

PSEUDO COUP DE FORCE, SITUATION DE NON-DROIT : Un candidat a été «délestée illégalement » de sa victoire selon M. Ndiaye. Un véritable procès à charge sur des bases très légères : l’Etat a « préféré » untel ; il s’agit d’une « décision prise par le gouvernement ». Scandaleuse analyse sur un soi-disant « scandale » que de soutenir, de manière aussi légère, que « l’Etat, d’autorité, peut s’immiscer dans les procédures de passation des marchés ».

Dans ce même ordre d’idées, M. Ndiaye s’appuie sur des jugements de valeur en lieu et place des faits précis sur la notation ou des entorses à la procédure : l’« offre (financière) la plus intéressante » suffit pour l’emporter. Une vue parcellaire car sur la qualification technique, l’analyste met toutes les entreprises sur un pied d’égalité et sur la base d’une simple présomption : « toutes les entreprises sont censées avoir la même qualification technique ». Et c’est tout, sans autre forme… de procès-verbal d’évaluation !

L’ETENDARD « NATIONAL » SACRIFIE POUR LA MULTINATIONALE ? L’Etat du Sénégal entend mettre en oeuvre ses prérogatives pour assurer aux Sénégalais un service d’eau de qualité et de manière continue. Dans la même logique, les intérêts du personnel sénégalais seront préservés. Enfin, l’actionnariat accorde une place intéressante au privé national. Quel que soit l’attributaire définitif, il devra créer une société de droit sénégalais. Les parts réunies des Nationaux représentent bien 55% contre 42% dans le contrat en cours.

Pensez-vous un moment, M. Ndiaye, que les nuits blanches et les jours au soleil ardent aient le destin de faire des travailleurs du service public de l’eau potable des âmes mortes comme de la paille pour chauffer la place à une multinationale dans leur ensemble, toutes les équipes du secteur s’échinent à livrer, tous les jours l’eau potable, ce liquide précieux, aux populations. Elles s’attèlent depuis des décennies à faire avancer, pour le seul bonheur des populations, les projets prioritaires du sous-secteur de l’hydraulique urbaine : KMS3, le Dessalement, le Programme Spécial de Renforcement de l’Alimentation en Eau potable de Dakar?

L’engagement de chacun s’éclaire d’abord de la lumière de sa propre conscience. C’est également cette exigence que nous attendons de tous les contributeurs à l’animation de notre espace public.

Habib Demba FALL

Chargé de la Communication

Société Nationale des Eaux du Sénégal (SONES)

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