Ousmane Sonko accuse l’actuel Directeur national des Domaines d’avoir détourné 94 milliards Fcfa. Une semaine après ses graves déclarations, le principal concerné Mamadou Mamour Diallo ne pipe toujours pas mot pour infirmer ou démentir son ancien collègue.
Pire, le procureur de la République fait comme si de rien n’était. Pas de convocation pour Sonko, qui semble être sûr de lui. Il faut dire qu’on est loin, très loin du tintamarre qui entourait la convocation de Khalifa Sall, accusé à l’époque d’un détournement de 1,8 milliard Fcfa.
« J’ai moi-même saisi le procureur de la République, qui ne réagit pas. J’ai saisi l’IGE (Inspection générale d’Etat)) qui ne réagit pas. J’ai saisi l’Ofnac (Office national de lutte contre la fraude et la corruption), qui est le seul à réagir, sur une affaire grave de détournement qui concerne Mamour Diallo, Directeur des Domaines et membre également de l’Apr (Alliance pour la République, parti au pouvoir), et qui n’est pas à son coup d’essai. Il a été épinglé par deux autres rapports de l’IGE dt de la Cour des comptes, un affaire de 94 milliards, imaginez-vous ! 94 milliards. Assise (l’affaire qui concerne le foncier) sur du faux, pour enrichir un ou deux hommes d’affaires, trois ou quatre hauts fonctionnaires, quatre ou cinq politiciens« , dit-il.
Une semaine après cette très grave révélation, le procureur de la République, maître des poursuites, qui a fini de traquer Khalifa Sall, pour escroquerie portant sur 1,8 milliard de Fcfa, dans l’affaire dite de la Caisse d’avance de la ville de Dakar, se terre dans un silence inquiétant. Le plus grave, c’est que Serigne Bassirou Gueye a été saisi par Ousmane Sonko (selon ce dernier) à propos de ce détournement qui, s’il est avéré, serait l’un des plus grands scandales révélés de l’histoire du Sénégal. Quand nous avons essayé d’imiter Mimi Touré dans la même logique, le résultat du calcul a été hallucinant : plus de 783 postes de santé peuvent être construits avec 94 milliards Fcfa.
Pourquoi les accusations de Sonko semblent fondées
L’actuel Directeur national des Domaines du Sénégal n’a jamais voulu s’engager en politique. Aussi bien sous Diouf que sous Wade, Mamour Diallo s’est toujours abstenu d’entrer dans l’arène. Mais bizarrement, après une audience avec le chef de l’Etat Macky Sall en 2016, l’ancien Directeur des domaines de Rufisque, épinglé par un rapport de l’IGE, décide de faire son entrée en politique.
Le 15 janvier 2017, l’homme organise un méga-meeting dans son fief de Louga pour lancer son mouvement « Dolly Macky ». Il rallie à sa cause toute la République, le premier d’entre eux, le Premier ministre Boun Abdallah Dionne, des vice-présidents à l’Assemblée nationale, l’idole des jeunes Waly Seck, le lutteur Balla Gaye 2. C’est à peine incroyable pour un taiseux anonyme du grand public qui n’a jamais aimé les palabres politiques, n’a jamais dragué les médias, et s’est toujours gardé de s’approcher des feux des projecteurs. D’aucuns parlent de 300 millions Fcfa dépensés pour l’organisation. Hallucinant ! Cette subite entrée en politique, les moyens insolents déployés et ses antécédents accablants avec le foncier à Rufisque font penser que les accusations de Sonko pourraient tout à fait être fondées. Monsieur le procureur de la République, cela fait une semaine, jour pour jour, que le leader de Pastef a évoqué les 94 milliards Fcfa détournés par un haut fonctionnaire de la République. Jusqu’au moment où ces lignes sont publiées, l’accusé n’a pas daigné démentir ni même introduire une plainte contre l’accusateur. Malgré la gravité des faits qui lui sont collés sur le dos. Monsieur le procureur de la République, l’accusateur qui semble être sûr de ses dires, déclare vous avoir personnellement interpellé, en vain. Est-il besoin de vous rappeler que 94 milliards Fcfa, ce n’est pas comme si on avait pris 94 mille Fcfa dans les caisses de l’Etat (encore que détourner cette somme dérisoire relèverait d’un crime) ? Le peuple veut simplement savoir si les allégations de Sonko sont vraies. Si oui, poursuivre le Directeur des domaines. Si non, procéder à la levée d’immunité du député avant de le poursuivre pour diffamation. |