La dispersion de la conférence de presse des collectifs Auchan dégage
Le FRAPP FRANCE DEGAGE exprime sa préoccupation sur les divergences entre l’Unacois Jappo et les collectifs Auchan dégage qui ont conduit au refus de l’Unacois de permettre la tenue d’une conférence de presse par ces collectifs à son siège. Le FRAPP FRANCE DEGAGE invite les différentes parties au dialogue, au règlement démocratique de leurs divergences sans implication de la police du gouvernement pro-Auchan, et à l’unité.
Le FRAPP FRANCE DEGAGE dénonce énergiquement la dispersion par la police avec des grenades lacrymogènes de la conférence de presse des collectifs Auchan dégage hier 22 octobre 2018. C’est inacceptable en démocratie. Cette violence exercée sur les commerçants est la meilleure preuve qu’en réalité le gouvernement sait que son décret n°2018-1888 ne peut satisfaire les commerçants. La conférence de presse d’hier a été réprimée pour tenter de museler les commerçants. C’est la même raison qui a poussé le préfet de Dakar à interdire le rassemblement que nous voulions organiser aujourd’hui devant le ministère du commerce pour dire AUCHAN DEGAGE. Mais que cache le gouvernement ? C’est ce que nous allons voir dans cette conférence de presse.
Dans le rapport de présentation du décret réglementant les commerces de grande distribution au Sénégal, le ministère du commerce semble prendre la mesure de la gravité de la situation en disant que :
-« le commerce traditionnel (…) est aujourd’hui très affecté par le développement croissant des commerces de grandes distribution. » ;
-« (…) se posent de réels problèmes de cohabitation entre ces formes de distribution. » ;
-« (…) une coexistence de systèmes de distribution disposant d’organisations et de moyens disproportionnés avec des conséquences sur l’équilibre et la loyauté de la concurrence. »
Légèreté du gouvernement face au projet de cannibalisation des commerçants par Auchan
Le FRAPP FRANCE DEGAGE dit que le gouvernement du Sénégal n’est pas sérieux. Comment un gouvernement peut-il s’inquiéter de « réels problèmes » et dire que le commerce local est « très affecté » sans aucune base objective, sans aucune référence à une étude ?
En France, perte de 100.000 commerces de proximité en 19 ans, une commune sur deux n’a plus de commerce de proximité et pour chaque emploi créé par les grandes surfaces, 05 emplois sont détruits dans le commerce, les Pme, l’agriculture. Toujours en France, les grandes surfaces ont une part non négligeable dans le malaise rural qui se traduit notamment par 600 suicides d’agriculteurs français chaque année.
C’est pourquoi le FRAPP exige la réalisation d’étude d’impacts de l’installation des grandes surfaces au Sénégal. Le FRAPP encourage le gouvernement, l’Unacois Jappo et les autres acteurs à réaliser des études d’impacts. Le FRAPP dit que tant que ces études d’impacts ne sont pas réalisées, il ne doit y avoir ni arrêté ni nouveaux magasins d’Auchan ou installation d’une nouvelle enseigne.
Un comité régional anti-démocratique de technocrates contre les commerçants
Dans le chapitre II du décret il est question de la création au niveau de chaque région d’un comité régional d’aménagement et de gestion de l’urbanisme commercial dont l’avis favorable est nécessaire à l’autorisation préalable à l’ouverture des commerces de grandes distributions.
Première question : pourquoi dans ce comité ne sont pas membres les Chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture régionales ?
Nous sommes passés d’un comité de 07 membres dans le projet de décret soumis au commerçant le 17 juillet 2018 à un comité de 12 membres dans le décret. Autrement dit le nombre de membres dans ce comité a augmenté. Pourquoi ? Dans ces 12 membres, seuls trois (03) sont élus : le président du conseil départemental, le maire de la commune d’implantation, le représentant de la chambre des métiers. Ce comité régional est anti-démocratique car il minorise le peuple, les commerçants et accorde la majorité à des fonctionnaires, à des technocrates.
Le 12e groupe mondial autorisé à concurrencer dans le micro-détail les commerçantes tabliers d’un des 25 pays les plus pauvres du monde
Aux articles 15 et 16 du décret le gouvernement autorise les multinationales à vendre en micro détails. Le décret ajoute : la liste des produits pour lesquels les commerces de grandes distributions sont autorisés à faire du micro détail sera définie par arrêté du ministre chargé du commerce. Si c’est le même processus qui a conduit à l’adoption de ce décret qui est utilisé pour l’adoption de cet arrêté il est clair que l’arrêté ne sera qu’un document qui va compléter le décret c’est-à-dire être un arrêté signant la mise à mort certaine des commerçantes et commerçants du Sénégal.
C’est pourquoi le FRAPP réaffirme la nécessité de l’organisation des Assises de la distribution desquelles sortiront éventuellement cette liste. L’arrêté ne doit pas sortir avant l’organisation de ces Assises nationales du commerce.
Un décret pro-Auchan et anti-commerçant sénégalais qu’il faut dénoncer, rejeter et combattre
Dans l’article 19 du décret il y a une phrase qui n’existait pas dans le projet de décret soumis aux commerçants : « les commerces de grandes distribution exerçant leurs activités avant l’entrée en vigueur du présent décret, sont dispensés de l’autorisation préalable prévue à l’article 7. »
Cela signifie que pour Leclerc, Carrefour et les autres grandes surfaces, elles seront soumises à l’autorisation préalable mais pas les magasins Auchan déjà installés. Cela signifie aussi que même si les magasins Auchan déjà ouverts ne respectent pas les critères de l’article 8 de ce décret qui sont par exemple « le respect d’une distance réglementaire définie par rapport aux marchés traditionnels », « le respect d’une distance réglementaire définie par rapport aux commerces de grandes distribution appartenant ou non à la même enseigne ; », « le poids démographique des villes ou quartiers visés ; », « l’effet potentiel du projet sur l’appareil commercial et artisanal de la zone de chalandise, en particulier sur la diversité des formes de commerces et sur l’emploi. » les magasins Auchan ne seront pas touchés. Cela est tout simplement inacceptable. Voilà pourquoi le FRAPP demande le retrait de ce décret qui est contre l’emploi, contre les commerçants. Pour le FRAPP la lutte continue et son objectif reste AUCHAN DEGAGE.
Le gouvernement a piégé les commerçants pour donner du temps à Auchan
Le 17 juillet 2018, le ministre du commerce a rencontré différent acteurs du commerce dont l’Unacois Jappo.
Lors du Conseil des ministres du 18 juillet 2018, « Le ministre du Commerce, de la Consommation, du Secteur informel et des Pme a fait une communication axée sur le développement, l’organisation et la réglementation des commerces de distribution et des commerces traditionnels au Sénégal » (Extrait du communiqué du Conseil des ministres du mercredi 18 juillet 2018).
Le 1er Août 2018, au titre des textes législatifs et réglementaires, le conseil a examiné et adopté le projet de décret réglementant les commerces de grandes distributions au Sénégal.
Et ce n’est que le 03 octobre 2018 que le président et le premier ministre signent ce décret adopté le 1er Août 2018 c’est-à-dire deux mois et deux jours après. Le président de la république a donné ainsi du temps à Auchan afin que celui-ci installe le maximum de magasins qui seront « dispensés de l’autorisation préalable prévue à l’article 07 ». Le président de la république et son gouvernement ont caché le décret aux commerçants pendant deux (02) mois et dix (10) jours. Ce n’est que le 10 octobre que le ministre du commerce met à la disposition de l’Unacois le décret réglementant la grande distribution.
Pour toutes ces raisons, le FRAPP FRANCE DEGAGE continue à dire AUCHAN DEGAGE avec comme contenu :
– Sinon l’annulation du moins la correction, en accord avec les commerçants, du décret n°2018-1888 réglementant les commerces de grande distribution au Sénégal
– La suspension de l’installation de tout nouveau magasin de Auchan et de l’installation de toute autre enseigne
– L’organisation des assises nationales de la distribution avant l’adoption de tout autre texte
– La réalisation d’une étude d’impact de l’installation des grandes surfaces au Sénégal