Lundi, Mamadou Sakho a retrouvé Clairefontaine et l’équipe de France après deux années d’absence. Le défenseur central avait été injustement été suspendu par l’Agence Mondial d’Antidopage lorsqu’il évoluait à Liverpool. Un moment très difficile de sa carrière comme il nous l’a expliqué.
« Le plus dur pour moi a été de voir mes proches souffrir. Moi, je suis une personne qui tourne très vite la page. L’expérience de la vie m’a montré qu’il fallait pouvoir faire des constats, trouver une solution et avancer. Je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur mon sort et de pleurnicher. Mais c’est vrai que voir ma mère souffrir de ça, de voir mes frères et soeurs, ma femme, mes amis en souffrir, c’était dur pour moi. J’étais là pour leur dire que ça allait aller, que le soldat allait continuer de bosser et que ça allait bien se passer ».
Jeudi dernier, Didier Deschamps a sélectionné Mamadou Sakho. Deux ans après sa dernière cape, le soldat est de retour, bien décidé à profiter, lui qui a vécu des moments difficiles après sa suspension à tort pour dopage. Pour Foot Mercato, le défenseur de Crystal Palace revient sur cet épisode malheureux. Il a aussi évoqué des choses plus positives comme sa joie de retrouver les Bleus.
Foot Mercato : Vous retrouvez l’équipe de France après deux années d’absence. Quel est votre sentiment ?
Mamadou Sakho : C’est une fierté. Ça fait toujours plaisir de retrouver les coéquipiers, de retrouver ce maillot bleu, Clairefontaine.
FM : Que représente pour vous ce maillot bleu justement ?
M.S : Ce maillot, c’est le Graal. Après je suis quelqu’un qui, quand il se concentre sur quelque chose, veut le maximum bien sûr. Dans le football, le plus haut sommet pour un joueur français c’est de porter ce maillot bleu. Défendre les couleurs de sa nation c’est extraordinaire. Ça fait toujours plaisir et on est toujours motivé pour.
FM : Deux ans sans l’équipe de France, c’était une éternité pour vous ?
M.S : Non, sincèrement ce n’est pas ma mentalité de penser comme ça. Quand on a de bonnes nouvelles ou de moins bonnes, c’est tout simplement d’avancer, de tourner la page, de savourer. Je suis toujours resté moi-même à travailler très dur.
FM : Comment se sont passées les retrouvailles avec le groupe ?
M.S : Tout s’est très bien passé. Clairefontaine c’est la maison. Je viens ici depuis que j’ai l’âge de 12 ans, depuis les sélections d’Ile-de-France. Tout s’est bien passé pendant mon premier jour.
FM : Quelle relation entretenez-vous avec Didier Deschamps ? Avez-vous toujours maintenu le contact avec lui ?
M.S : Elle est cool. On a une relation entraîneur-joueur. On s’est retrouvé. On a discuté un petit peu de la famille, des enfants. Donc ça va (…) C’est vrai qu’on s’est eu quelques fois au téléphone. C’était très professionnel.
FM : Votre retour en sélection a surpris certains observateurs qui pensaient que le sélectionneur appellerait des éléments comme Clément Lenglet ou Aymeric Laporte. Un avis là-dessus ?
M.S : Sincèrement, je ne me pose pas la question de ce que les gens pensent ou pas. Ce n’est pas la mentalité de Mamad’. Personnellement, je bosse dans mon coin. J’ai mes objectifs, je sais ce que je veux et où je veux aller. Quand la récompense arrive ou quand les objectifs sont atteints, tu les savoures avec tes proches. Ce que des personnes que je ne connais ni d’Adam ni d’Eve peuvent penser sincèrement ça me passe au-dessus la crête (sourire).
FM : Sur vos réseaux sociaux, il y a aussi eu beaucoup de messages positifs notamment par rapport au fameux France-Ukraine (barrages pour le Mondial en 2013).
M.S : Ça fait plaisir d’avoir cet engouement des supporters derrière soi. Mais comme j’ai dit, le plus important pour moi est de rester moi-même. Je sais qui je suis, les qualités que j’ai. Donc j’essaye tout simplement de donner le meilleur de moi-même quand je défends les couleurs de l’équipe de France. Donc ça me fait plaisir que les supporters soient reconnaissants.
FM : Ce match face à l’Ukraine, est-ce le meilleur souvenir de votre carrière de footballeur ?
M.S : Je n’aime pas vivre dans le passé pour ma part. Mais c’est vrai que c’était un moment génial. Je pense que c’est le but quand on côtoie les sommets du football français, du football mondial., c’est justement de pouvoir donner tous ces moments de plaisir, ces moments de joie au peuple. Donc avoir pu participer à ça il y a quelques années en arrière et pouvoir faire partie de ce projet-là, bien sûr que je suis prêt pour.
Heureux de retrouver les Bleus
FM : Vous arrivez dans une équipe qui est championne du monde.
M.S : Bien sûr. Félicitations aux joueurs qui ont participé à cette épopée. Comme j’ai déjà pu dire, c’est la victoire de vingt-trois joueurs et d’un staff. Mais c’est aussi la victoire de tout un peuple. Et je fais partie de ce peuple-là.
FM : C’est aussi une sélection qui a beaucoup changé depuis votre dernière cape il y a deux ans.
M.S : Forcément, l’équipe a beaucoup changé, a évolué. Il y a de nouveaux joueurs, il y a des jeunes. Il y a aussi des moins jeunes. Je fais partie maintenant des moins jeunes de l’équipe. C’est là où on voit que le temps passe et qu’il faut savourer ces moments-là en sélection.
FM : En quoi vous avez changé vous depuis deux ans ?
M.S : Je n’ai changé en rien. Sincèrement, je suis toujours le même travailleur acharné. J’ai toujours la même mentalité. C’est toujours le même Mamad’. Vous retrouvez exactement le même que celui qui a porté ce maillot il y a deux ans.
FM : Comment avez-vous vécu cette Coupe du Monde ?
M.S : Cette Coupe du Monde je l’ai vécu entre certains pays, entre certains voyages. J’étais en tournée africaine avec mon association. J’ai été au Gabon, au Mali. J’essayais de me caler par rapport aux horaires des matches. J’ai regardé quand je pouvais, comme je pouvais.
FM : Quels sont vos objectifs en équipe de France à présent ?
M.S : Vous savez, j’ai une mentalité qui est simple. Il faut avancer. J’ai mes objectifs et je me dis qu’il faut les prendre les uns après les autres. Après mon histoire un peu malheureuse, malchanceuse il y a deux ans, être dans la liste des trente à la Coupe du Monde (Sakho était réserviste, ndlr), pour moi c’était une fierté. Aujourd’hui je suis ici, c’est une fierté. Mais je ne change pas ma ligne de conduite. Je continue de bosser et on verra pour le futur. Rien n’est écrit.
FM : Comment se passe votre saison à Crystal Palace ?
M.S : Ma saison se passe bien. On a fait une bonne reprise. C’est vrai que ça faisait deux ans que je n’avais pas eu l’occasion de faire une reprise complète. Là, tout s’est très bien passé durant ce début de saison. Notre objectif est le maintien. Donc ça change de ce que j’ai eu l’habitude de faire avec le PSG et Liverpool auparavant. Mais on est prêt et déterminé pour atteindre notre objectif et nous maintenir.
FM : Vous venez de parler du PSG, un club qui a bien changé depuis votre départ. Quel regard portez-vous là-dessus ?
M.S : C’est bien. Ça fait plaisir. Mais moi, ce qui me fait le plus kiffer quand je vois le Paris Saint-Germain jouer c’est quand je vois des jeunes (formés au club) intégrer le groupe professionnel, entrer sur le terrain, jouer et marquer. C’est ce qui me fait plaisir parce que ça me fait tout de suite repenser à mon parcours.
FM : Vous avez vécu comme vous le dites un épisode malheureux il y a deux ans avec ces accusations de dopage. Est-ce qu’on peut dire que ça vous a coupé les ailes en plein vol ? Qu’est-ce qui a été le plus dur à vivre ?
M.S : Un petit peu (sur le fait qu’on lui ait coupé les ailes). Le plus dur pour moi a été de voir mes proches souffrir. Moi, je suis une personne qui tourne très vite la page. L’expérience de la vie m’a montré qu’il fallait pouvoir faire des constats, trouver une solution et avancer. Je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur mon sort et de pleurnicher. Mais c’est vrai que voir ma mère souffrir de ça, de voir mes frères et soeurs, ma femme, mes amis en souffrir, c’était dur pour moi. J’étais là pour leur dire que ça allait aller, que le soldat allait continuer de bosser et que ça allait bien se passer.