Ses louanges ne sont pas chantées par les griots africains, mais son nom sonne comme une légende. L’entrepreneur sénégalais Yérim Habib Sow n’a pas fini de poser les jalons d’un génie incontesté. En Afrique de l’Ouest et partout ailleurs dans le monde, l’ombre du patron de Teyliom Group plane. Homme d’affaires, il aura tout simplement marqué son époque. D’abord, par une estampille tenace dans le monde du business, ensuite, par le spectre d’un personnage atypique dont l’histoire, mille fois contée, manque pour peu à quelque bel épisode… entretenu dans le plus grand mystère.
CHANTRE NÈGRE
On le surnomme le « Tycoon sénégalais » ! Yérim Habib Sow est encore loin de la fortune d’Aliko Dangote, mais son patrimoine, en 2013, était déjà estimée par le Jeune Afrique à 150 milliards de francs Cfa, soit environ 330 millions de dollars.
Quand Yérim se rend personnellement à la banque, c’est pour en sortir avec un trolley garni de billets.
Face aux géants nigérians et sud-africains, Yérim s’est fait une place en or au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Son secteur d’activités est très large… Télécoms, immobilier, banque… On le retrouve partout en Afrique de l’Ouest. Sa réputation de transformer tout ce qu’il touche en or n’est pas usurpée.
En effet, l’homme rase tout sur son passage ! Pour Yérim Habib Sow, la vie a un seul but : s’inventer un rêve et l’accomplir. Ensuite, ne jamais s’arrêter ! Son audace lui vaut aujourd’hui une influence qui, du Sénégal au Bénin, en passant par la Côte d’Ivoire, le Cap-Vert (actifs cédés en 2012), entre autres pays, inspire le respect et suscite, par ailleurs, nombre d’interrogations sur le personnage.
De l’ombre qui entoure sa vie personnelle, Yérim Habib Sow en a fait un soin d’existence. Derrière une fortune colossale estimée à plusieurs centaines de milliards, le fils d’Aliou Sow (patron de la compagnie sahélienne d’entreprises Cse) se fait plus que discret. Rien ne l’emballe. Pas même la plus tenace rumeur sur ses relations avec la gente féminine. Si, dans son monde, la fortune rime avec la lumière, Yérim assoit son règne dans le silence et compose ainsi son chant nègre qui lui accorde bien des vœux : vivre caché, vivre heureux ! Le bonhomme se sent tout simplement chanceux de réaliser ses rêves !
PRÉDESTINE
Yérim Habib Sow est né sous une bonne étoile, mais il a toujours su la suivre…De son coin chic de Dakar où il a grandi, notamment dans le quartier de Fann-Résidence, Yérim a su très tôt marquer les esprits. Issu d’une union entre un entrepreneur sénégalais de la première heure et une de ces femmes ivoiriennes modèles, il a toujours cherché à s’inventer des challenges. On peut mieux comprendre, des années plus tard, l’intérêt pour son « petit commerce » d’objets de luxe ramenés de ses vacances pendant ses jeunes années. Elève à Dakar puis jeune étudiant au Canada, cet ingénieur Télécom nourrissait déjà des rêves de grandeur. Dans un tourbillon d’incertitudes, il prenait des risques et s’inventait un destin d’homme de défis.
Très tôt à la tête d’un gros capital, Yérim Sow, dira-t-on, ne s’est pas fait tout seul. Mais le père, n’étant pas convaincu alors par les rêves de grandeur de son fils, se tenait à l’écart et lui se débattait seul, s’imaginant, déjà à 20 ans, imiter le succès de l’américain Bill Gates. Il donnait ainsi rendez-vous avec l’histoire.
Les échecs du début
Le succès de Yérim Sow n’a pas été un long fleuve tranquille. Derrière sa réussite, une avalanche d’échecs a été d’abord au rendez-vous. Mais l’inventeur du Bip Access en Afrique, première expérience de la radiomessagerie qui lui valut de sortir de l’anonymat au Sénégal, est un persévérant. « A chaque fois qu’il est tombé, il s’est attelé à se relever avec un orgueil absurde », se disait-on dans son cercle. Pour ce colosse presque quinquagénaire, c’est un éternel pari. Il s’offre ainsi son plaisir entre les multiples tours et compromis dans le monde des affaires. Il s’y plait et s’y frotte. Il en a fait un mode de vie si bien qu’il ne s’attarde jamais sur ses « exploits ».
Devenu un investisseur de premier rang en Afrique, l’épisode de la cession de Loteny Télécom au géant sud-africain MTN, en 2001, n’a fait que l’enflammer davantage. Depuis cette participation historique qui le rendra immensément riche, le propriétaire du Radisson Blue, hôtel couru de Dakar, ne s’arrête plus. « Waouh ! Il roule à plus de 300 km/h », commente une connaissance.
En effet, des télécoms à l’immobilier, en passant par la banque et d’autres secteurs bien porteurs, Yérim, désormais à la tête du holding Teyliom International, est sûr d’avoir enfin gagné le pari. Son pari.
Charité bien ordonnée…
Devenu un homme d’affaires redoutable, très pragmatique dans les transactions et toujours sur le pied d’œuvre, Yérim Habib Sow n’en demeure pas moins un altruiste de l’ombre. Si l’imposant symbole de son holding qui trône en plein cœur de la capitale suisse vend bien son image, sa silhouette n’apparaît presque nulle part. Mais sa main, toujours tendue vers l’autre, est prompte à déployer des énergies pour soulager bien des serments. Sa générosité légendaire est tantôt chantée. Un air pressant qui ne semble pourtant pas vouloir s’intéresser aux nécessiteux, mais il est dit que le principal actionnaire de PCCI Sénégal (Premier Centre de Contact International) soutient et accompagne régulièrement des projets avec le plus grand désintéressement. Ce célèbre centre d’appel basé à Dakar, étant un moyen d’offrir plus de mille emplois aux jeunes de son pays de naissance dans le cadre de la convention Etat-employeur, lui coûtera financièrement, en aidant les dirigeants de la boîte à maintenir la cadence. Plus d’une fois, il a injecté de l’argent dans ce projet pour permettre de payer des arriérés de salaires.
De la même manière, ce milliardaire est aussi affable envers les porteurs de projets qui croisent son chemin. « Il est particulièrement sensible envers les jeunes porteurs de projets ! », témoigne-t-on à son endroit. Son expérience d’entrepreneur aidant, il devient plus que généreux à l’occasion, en octroyant de très grosses sommes. « Un jour, il a carrément aidé à financer une pâtisserie, à l’état de projet en sortant d’un seul coup, dès qu’il a été informé un pactole de dix millions de francs Cfa sans hésiter ! ». Comme qui dirait, sur un coup de tête !
Par ailleurs, même s’il reste un donateur discret, il est connu que Yérim Sow est également derrière des parcours politiques qu’il a soutenus financièrement. On peut citer ces candidatures africaines à la magistrature suprême pour qui il a levé les fonds. Sans plus ? !
Délicatement, Yérim Sow offre plus qu’une ambition à ces politiques, il leur donne l’opportunité de croire à la politique de façon détachée. Lui est spontané et nul ne peut savoir ses motivations. En a-t-il seulement ? Au moment où tant d’autres hommes puissants de son rang cherchent à se faire nommer conseiller au sein de gouvernements, Yérim s’efface et se passe de tout ce joug.
Pour le plaisir d’un bâtisseur, l’homme d’affaires est toujours prêt à mettre la main à la poche au grand bonheur…de ceux qui ont seulement la chance de le rencontrer. Dans un contexte de veille électorale en Afrique de l’Ouest, les dés sont jetés. Sait-on seulement sur qui le richissime va-t-il jeter son dévolu ?
Discrétion, entre réserve et vieille légende
Son patronyme, désormais lié au terme « milliardaire » dans une Afrique austère, Yérim Sow, sans être savant, tient à rester discret. Comme un charme, cette attitude est adoptée de père en fils. Ils ne s’exhibent pas. Yérim s’y complaît et ne dérape point. Lui, particulièrement, tient à son personnage-mystère dont le gage devient, tout aussi, une tâche obèse.
Il choisit ainsi ses amitiés et entretient, de manière particulière, leurs relations plus que jamais sacrées.
Que cache réellement Yérim Sow ? Ce patron philanthrope est, en réalité, dévié. Si son aîné Oumar est connu pour son sens du relationnel, Yérim ne saute jamais sur le premier venu. Il est froid et distant. Il aime, tout simplement, sortir de nulle part et dicter les règles du jeu. Il disparaît aussi quand il veut. Ce citoyen du monde n’a pas besoin d’adresse, encore moins de calendrier pour répondre à certaines allégeances de la vie.
Fou de luxe
Quelque part à Dakar, dans le coin élégant de la capitale sénégalaise, l’homme traîne un luxe rarement égalé. Yérim Sow aime le grand. Dans un vaste patrimoine qui lui sert de bureaux, il savoure un énième plaisir du genre. « Son zèle, oui, c’est dans l’immobilier de luxe. Même s’il tend à changer, son goût pour les espaces pompeux reste grand ! ».
En terre ivoirienne, dans le temple maternel, son nom a aussi touché au béton dur. A Cocody comme à Dakar, ses palais sont des merveilles. Il faut dire que l’immobilier de luxe lui sert de repères. D’ailleurs, ce secteur est devenu sa dernière trouvaille et en est la plus prisée, notamment avec l’acquisition d’un hôtel haut de gamme à Dakar et une chaîne d’hôtels dans treize autres pays d’Afrique. C’est ainsi que son holding, à travers la filière Teyliom Properties, a investi dans la construction d’habitats modernes. Son empreinte est tout de suite reconnaissable entre mille.
Par ailleurs, après avoir augmenté la capacité du Radisson Blu, le groupe Teyliom de Yérim Sow devrait ouvrir au premier trimestre de cette année, via sa filiale Mangalis, un nouvel hôtel de 89 chambres dans le quartier des Almadies, sous sa marque économique Yaas.
Yérim pourrait ainsi se vanter d’avoir contribué, à hauteur de plusieurs édifices, à donner un coup de neuf à la célèbre Corniche-Ouest de Dakar. Dans le domaine, il ne se dérobe pas. Le richissime peut se sentir si fier de dormir sous « mille étoiles » !
Quand les « belles » séjournent à l’hôtel Radisson de Dakar
On ne doute plus de son talent d’homme d’affaires avisé. Le fils d’Aliou Sow est respecté dans le monde de la finance et de l’investissement. Son flair est envié. Il fait fuir les plus audacieux et sert de référence aux mieux lotis. C’est ainsi que le super patron roule sa bosse partout. Mais comme un éclair, il passe inaperçu et aime faire les choses de façon rapide…et ordonnée.
C’est également de cette façon agile et méthodique qu’il va à l’assaut de ses conquêtes.
Eternel séducteur, Yérim Sow, marié depuis seulement une dizaine d’années à une Sénégalaise, choisit bien ses endroits. Il apparaît effacé. Un brin magicien, il prend ses repères à partir d’un espace restreint.
La suite est comme un jeu d’enfant pour cet habitué à la tâche, aidé en cela par une cohorte d’informateurs. Ces derniers sont chargés d’établir le contact. Le métis Haal Pular (ethnie d’Afrique de l’Ouest) dont les traits fins et la belle carrure attirent plus d’une femme, donne d’abord l’impression de « ne pas vouloir y toucher »…
C’est ainsi que ces filles conquises empruntent le tapis rouge du fameux hôtel dakarois pour savourer leur « victoire ». Elles ont encore le choix de s’envoler vers
d’autres cieux… pour un temps indéterminé. Le choix porté sur elles présente un double enjeu. Elles doivent être patientes… et parfaites ! Ce sera un choix de vie pour s’adapter au « maître des céans ».
Dans leur attente, ces belles conquises peuvent emprunter ces escalators pour s’adonner au shopping de rêve dans un centre commercial huppé. Elles peuvent encore se réveiller dans ces suites de luxe. Qu’importe ! Yérim reviendra… même si c’est dans un rêve !
Diouma SOW, Times24.info